

Stéphane Darmani est consultant pour ESPN Brasil depuis septembre dernier. Chaque semaine, aux côtés d'un commentateur, il délivre son analyse du championnat de France aux Brésiliens. Tout a commencé lors de la Coupe du monde pour le nouveau "spécialiste" de la Ligue 1 de la télévision brésilienne. Pour lepetitjournal.com, ce Français, également fondateur de la Copa Gringos de São Paulo, raconte son parcours.

Stéphane Darmani : Je suis arrivé en 2003 pour monter une activité d'exportation de bijoux et d'accessoires de mode brésiliens. J'ai fait cela pendant six ans. Entre temps, je m'étais installé à São Paulo, en 2008.
Comment s'est présentée l'opportunité de travailler à ESPN ?
J'ai fait un documentaire sur le foot amateur dans les favelas de São Paulo avec deux autres Français pour la société de production La Vista. C'était en 2012-2013, et nous avons vendu le documentaire à ESPN, j'y ai donc mis un pied. La Coupe du monde arrivant, ils cherchaient quelqu'un pour suivre l'équipe de France. Cela devait être un travail de reporter, mais finalement ils ont choisi de faire des interventions les jours de matchs dans leur émission. En cours de route, ils m'ont proposé de commenter les matchs, à partir du deuxième, contre la Suisse. J'ai fait Suisse, Equateur et Nigéria. Après le Mondial, j'ai proposé mes services pour la Ligue 1. Ils m'ont testé sur le début du championnat et m'ont confirmé comme commentateur spécialiste de la Ligue 1. Ces derniers temps, je fais trois matchs par semaine, ainsi que l'émission du lundi où on passe le résumé des matchs.
Quelles sont les conditions pour pouvoir postuler ? Que teste la chaîne ?
Je n'ai pas eu accès à un briefing ou débriefing, mais je crois qu'ils demandent une rigueur au niveau de l'information, pour en donner plus que les concurrents, donc ils ont testé mon niveau de connaissance du championnat. Mais il y a deux choses : la partie information, qui est celle des faits de la semaine en fonction du match, de l'historique des clubs, et la partie analyse du match, qui ne s'apprend pas, et il ne faut pas dire de bêtises, d'autant que le commentateur consultant ne parle que 10 % du temps.
Le rôle de consultant au Brésil ressemble à ce qui se fait en France ?
Oui, c'est exactement la même chose. Il y a un narrateur, qui essaie de faire vivre le match, qui donne le ton, et il y a le

Vous préparez-vous spécialement pour les matchs ?
Je lis la presse sportive française tous les jours, plus assidument qu'avant, en particulier sur les matchs que j'ai à commenter. Il faut faire un travail historique, trouver des anecdotes, ou des anciens matchs entre les deux équipes qui vont s'affronter. Je peux citer des Brésiliens qui ont joué dans les clubs aussi, pour apporter des informations que les commentateurs brésiliens ne pourraient pas donner.
Le public brésilien est-il attiré par la Ligue 1 ?
Je ne connais pas les audiences. Ils sont attirés par le PSG pour les Brésiliens et parce que ce sont les meilleurs. Thiago Silva, David Luiz, Lucas, sont des noms très suivis par les Brésiliens. Sur une chaîne pointue comme ESPN, il y a tous les publics, notamment des passionnés de foot qui aiment le championnat de France, qui fait partie des cinq grands championnats européens. Il y a une bataille entre les chaînes pour retransmettre la Ligue 1, donc ESPN essaie de le faire du mieux possible. En ce moment, ils programment Paris, Lyon et Marseille, qui sont les trois premiers avec une lutte pour le titre comme il n'y en avait pas avant. Si ce n'était pas le cas, ils ne passeraient peut-être que Paris.
Espérez-vous commenter les Bleus à nouveau ?
C'est possible, tout comme faire le PSG en Ligue des Champions. Je suis intervenant freelance chez ESPN, ils m'appellent quand ils veulent. S'il se passe quelque chose en France qui mérite un éclairage, ils peuvent m'appeler.
Le commentaire dans une langue étrangère vous demande-t-il des efforts particuliers ?
J'ai la chance d'avoir pas mal de facilités en portugais. Heureusement, je ne cherche pas mes mots car on a un espace-temps court, que le narrateur laisse pour faire passer un message : il faut être concis, rapide et complet. La maîtrise d'un bon portugais est indispensable. Je n'ai pas trop d'accent non plus, mais est-ce positif ou négatif ? En même temps, il y a un jargon footballistique à connaître en écoutant les autres commentateurs. Mais je suis aussi là pour parler français, traduire des expressions, donner des noms français, c'est ce qu'attendent les gens. D'ailleurs, on passe en revue tous les noms de famille des joueurs avant le match avec le narrateur ainsi que le nom des équipes. Pour eux, ce n'est pas facile de dire Guingamp, Caen, Rennes ou Lens !
Propos recueillis par Florent ZULIAN (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 17 février 2015





