Édition internationale

ROBIN SIPION - "Je vais représenter la France aux WorldSkills de São Paulo"

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 août 2015

Après avoir remporté la médaille d'or lors de l'Olympiade des métiers en France, le jeune bijoutier Robin Sipion, 19 ans, représente désormais l'Hexagone aux Worldskills, dont la finale internationale est organisée cette semaine à São Paulo.

Lepetitjournal.com : Pourquoi avoir choisi de vous tourner vers les métiers de la joaillerie ?
Robin Sipion :
Après une seconde générale, je me suis rendu compte qu'un cursus purement théorique ne me suffirait pas. Je ressentais un fort besoin de faire également quelque chose de mes mains. C'est la raison pour laquelle j'ai expérimenté le métier de ma mère et de mon grand-père qui sont bijoutiers-joailliers. Et cela m'a plu, au-delà de mes espérances. J'ai obtenu mon CAP et une mention complémentaire.

Comment vous est venue l'idée de vous lancer dans l'aventure des Worldskills ?
C'est Evelyne Munsch, ma formatrice au centre alsacien de formation, qui m'a inscrit à cette compétition. A vrai dire, je ne connaissais pas du tout les Olympiades des Métiers. Malheureusement, quelques mois plus tard, elle est décédée et n'a pas pu voir ma victoire.

Vous avez remporté la médaille d'or des Olympiades des métiers, lors de la finale nationale. Vous attendiez-vous à une telle réussite ?
Tout s'est joué au 10e, voire au 100e de millimètre. Au début des épreuves, je ne suis pas trop stressé. Seul le bruit me gêne - malgré des bouchons d'oreille ! -, mais j'ai dû m'y habituer. A l'issue de la 3e journée, la pression est à son comble et je ne suis pas satisfait de mon travail car ma pièce n'est pas propre. C'est donc la surprise d'entendre mon nom à la cérémonie de clôture parmi les trois premiers qui pourront accéder au podium. Ensuite, j'entends le nom du troisième, donc le médaillé de bronze, et ce n'est pas moi. La tension est maximale. Puis le second, et ce n'est pas moi non plus. Je n'y crois pas ou du moins, je ne parviens pas à réaliser. J'ai des frissons ! Et puis la confirmation que je suis médaillé d'or et là, c'est l'explosion de joie. Je cours sur le podium avec le drapeau de l'Alsace et je regarde vers le ciel... Trop d'émotions contradictoires se bousculent, je vais représenter la France, mais ça non plus, je n'en étais pas immédiatement conscient.

Quelles sont les qualités requises pour y participer avec succès selon vous ?
Tout ou presque est question de préparation. J'ai été préparé techniquement par un bijoutier-joaillier d'Haguenau (une ville située à 20 km au nord de Strasbourg), Jean-Marie Strub. Il faut aussi pouvoir se consacrer quasiment pleinement aux entraînements. L'amplitude horaire de mes journées de travail était importante. Je commençais vers 8h et terminais souvent à 23h dans l'atelier de bijouterie Hammaecher, à Strasbourg, où j'ai effectué mon apprentissage et où je m'entraînais aussi. J'ai la chance de travailler dans l'atelier de ma mère et de mon grand-père, ce qui a facilité mes entraînements. Il faut aussi pouvoir développer sa patience et résoudre des problèmes techniques très minutieux. Des sacrifices sont également à consentir, certains loisirs à mettre de côté. Par exemple, le skateboard, que je pratique, mais que j'ai dû arrêter temporairement pour éviter de me blesser... Il faut aussi comprendre et accepter de passer beaucoup moins de temps avec ses amis, ce qui est très dur, parce que quand on a 19 ans, les amis sont importants, ils permettent de garder les pieds sur terre et les miens sont précieux. J'ai hâte de pouvoir à nouveau davantage les voir une fois la compétition mondiale passée. Mais autre qualité indispensable pour tendre vers le succès : savoir prioriser en fonction des objectifs et en cela, les personnes qui m'encadrent, notamment ma mère, constatent que j'ai pris en maturité. Mais j'ai tout de même envie de passer du bon temps avec mes amis, je ne les oublie pas !

Comment vous êtes-vous préparé pour les épreuves qui ont lieu à São Paulo ? En quoi consisteront-elles ?
Je suis préparé par Fabrice Botella, bijoutier-joaillier à Nice et qui est expert national de Worldskills France (l'organisme qui gère les Olympiades des métiers, ndr). Il m'a accueilli deux semaines en juillet dans son atelier et il est venu à deux reprises dans le centre de formation dans lequel j'ai effectué mon apprentissage. Également une belle et productive rencontre ! Les épreuves consisteront à créer une pièce de bijouterie-joaillerie. Trois sujets internationaux sur une douzaine proposée ont été sélectionnés le 8 juillet. Je ne saurai qu'en dernière minute lequel des sujets sera définitivement sélectionné. Je me suis entraîné sur les trois sujets tout le mois de juillet. 30% du sujet final sera modifié sans doute pour tester notre capacité d'adaptation.

Quelles sont les pièces confectionnées par vos soins que vous préférez ? Les matériaux que vous préférez travailler ?
Je prends particulièrement du plaisir à réaliser des bagues. Je suis davantage inspiré par la création de ces bijoux. J'aime particulièrement travailler l'or, l'argent et la cire.

Quels sont vos créateurs bijoutiers-joailliers favoris ?
J'apprécie énormément les bijoux anciens de haute joaillerie, par exemple Van Cleef & Arpels avec leurs sertis invisibles. Sinon, dans l'époque contemporaine, et à dimension humaine, je préfère des bijoux d'artisans avec un vrai style particulier que des bijoux plus classiques et fabriqués en série... et donc sortis d'usine...

Vos projets après la compétition au Brésil ?
Je vais être embauché en CDI à l'atelier de bijouterie Hammaecher, à Strasbourg, et rêve de développer ma propre gamme de bijoux dans un premier temps à Strasbourg. Et pourquoi pas voyager pour m'ouvrir à d'autres cultures et modes de vie, mais également d'autres techniques de travail dans une autre ville française ou à l'étranger, source d'inspiration ! Mais c'est un projet qui doit mûrir. Les bases de mon avenir professionnel, c'est à Strasbourg que je veux et vais continuer à les construire.

Propos recueillis par Amélie PERRAUD-BOULARD (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 12 août 2015

*Photo : CSH - Prise à l'atelier de bijouterie Hammaecher à Strasbourg pendant l'entraînement

- Lire notre article de présentation des WorldSkills

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Publié le 11 août 2015, mis à jour le 19 août 2015
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