Édition internationale

NOS LEGENDES BRESILIENNES - Socrates, docteur ès démocratie

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 juin 2014

Nos partenaires de Cocorico Carioca poursuivent le présentation des joueurs brésiliens ayant marqué l'histoire du football. Aujourd'hui, Socrates. Capitaine de la fabuleuse équipe brésilienne des années 80, il était aussi un empêcheur de penser en rond, intimement lié aux années les plus sombres du pays lorsqu'il fut le premier grand joueur sud-américain à s'opposer à la dictature.

Un soir pour l'Histoire dans le vénérable stade Pacaembú. Les dimanches de match, des milliers de voix s'y perdent dans un vacarme assourdissant depuis les années 40. Encore plus un soir de finale, en 1983. Derrière Socrates, leur capitaine, les joueurs des Corinthians pénètrent sur le terrain, une grande banderole à la main. "Gagner ou perdre, mais toujours avec démocratie." Dans le public, des officiels de la dictature militaire qui régit le pays depuis vingt ans bougonnent, pour le moins. Brassard sur le biceps, Socrates marque le but de la victoire. L'un de ses rares titres. Socrates racontera plus tard avoir vécu la soirée la plus accomplie de sa vie de champion et d'homme.

Sa tête restait haute, le ballon collé au pied. Sa chevelure frisée et sa barbe noire étaient reconnaissables d'entre toutes. La fierté, elle, ne se cachait jamais bien loin. Celle d'un homme qui élève son métier au rang d'art. Pendant vingt ans, l'?uvre de Socrates s'est nourrie de talonnades, de dribbles courts et de passes justes. Chez lui, l'élégance avait quelque chose de si naturel qu'elle passait parfois pour de l'arrogance. Au crépuscule d'une certaine idée du jeu, Socrates fut l'un des derniers magnifiques qui firent du football brésilien un rêve éveillé. Le capitaine du Brésil des années 80 ne se savait pas encore l'un des ultimes héritiers de Rivelino, Garrincha ou Pelé. Il y avait là quelque chose d'irrémédiable, sans doute parce que les utopies se fracassent presque toujours au pied du mur des réalités. Bientôt, Socrates serait d'un autre temps, quand bien même il était parfaitement ancré dans son époque. Il fut l'un de ces personnages centraux, marqué par des convictions aussi fortes que simples. Sa vision du football allait de pair avec un regard généreux sur le monde. Il était révolutionnaire et romantique, comme les mythes fondateurs de la pensée de gauche. "Si les gens n'ont pas le pouvoir de dire des choses, alors je le ferai pour eux, indiquait Socrates peu de temps après sa retraite sportive. Quand j'étais footballeur, mes jambes ont donné de la force à ma voix."

Le fils prodigue
Sur le vieux port industriel de Belem, quelques nostalgiques promènent encore un maillot jaune délavé, floqué du numéro huit dans le dos. Socrates est né là, dans les années 50, à quelques kilomètres de l'estuaire de l'Amazone.

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Julien MUNOZ - Cocorico Carioca (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 19 juin 2014

lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 18 juin 2014, mis à jour le 19 juin 2014
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