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NOS LEGENDES BRESILIENNES - Romario, l'enfant terrible

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

Romario, champion du monde en 1994, est l'un des plus grands attaquants de l'histoire du football. Son jeu a fait rêver, son caractère jaser. Symbole de l'ascension sociale au pays de tous les possibles pour les icônes, le bad-boy des favelas est aujourd'hui député au Congrès. Sans jamais se renier.

Le costume est tiré à quatre épingles. L'instant solennel. Au micro de la chambre des députés, à Brasilia, Romario évoque sa fierté quand il regarde sa fille Ivy, huit ans. Quelques larmes s'échappent. L'ancienne star du Barça a toujours eu des choses à dire, pour le pire et pour le meilleur. S'il est député au Congrès depuis quatre ans, c'est sans doute parce que Romario n'a plus le même regard sur la vie depuis que sa petite dernière a vu le jour. "Elle m'a ouvert les yeux", raconte-il en évoquant Ivy, atteinte du syndrome de Down, plus communément nommé trisomie 21. Dès le début de son mandat, il a fait voter une loi pour les parents, qui, comme lui, passent par là. Romario représente aujourd'hui ceux qu'il a fait rêver jadis. Les cheveux grisonnent, rattrapés par le temps qui passe. Dans quelques mois, il sera candidat aux élections sénatoriales de son pays. Souvent, ce membre du parti socialiste pas tout à fait comme les autres raconte vouloir devenir la voix de ceux qui n'en ont pas dans la société brésilienne.

L'histoire est belle. Elle pourrait ressembler aux destins magnifiques maintes fois racontés dans les grands classiques américains. Pourtant, à y regarder de plus près, "Baixinho" (le petit), reste ce personnage extravagant, franchement caractériel et parfois violent. Il traite Sepp Blatter de "fils de pute", Pelé d' "imbécile" et insulte une bonne partie de ses anciens coéquipiers, même glorieux. Romario est un bad-boy do Brasil, et se revendique comme tel. Il n'est pas question de se repentir. Le récit de ses frasques et dérapages ressemble de très loin à un inventaire à la Prévert. Des virées régulières en boîte de nuit la veille des matchs, à la torgnole donnée en plein match à Andrei, un coéquipier du Fluminense, en passant par les liaisons extra-conjugales en pagaille, les demandes de reconnaissance en paternité ou le non-paiement de pensions alimentaires et démêlés avec le fisc brésilien : l'éventail de la palette impressionne. Buteur prolifique, capable d'exploits techniques invraisemblables sur le pré, l'enfant terrible du foot auriverde a toujours su régaler l'homme de la rue et les médias. Et pas seulement pour ses dribbles fulgurants. "Le jour où je suis né, Dieu a posé ses yeux sur moi et a dit : c'est lui, c'est ce type."

Le cancre de la favela
Dans les arcanes du Congrès, Romario travaille avec un staff presque exclusivement composé de jeunes femmes blondes, du genre tape-à-l'oeil. Au début, beaucoup ont ri, quand d'autres grinçaient des dents. Puis, au fil des mois, Romario a gagné le respect de ses pairs à la chambre des députés, où il est l'un des plus régulièrement présents. Simplement, les belles femmes ont toujours fait partie de sa vie. "Je suis cent pour cent infidèle, expliquait-il au début des années 2000. Je suis un tombeur. À mon apogée, il m'est arrivé de coucher avec trois femmes le même jour." Lorsqu'il décida de se lancer dans la politique, le Baixinho s'entoura aussi de quelques amazones pour battre le pavé de la campagne électorale dans les pires favelas de Rio. Il est l'enfant de l'une d'entre elles, dans le quartier de Jacazerinho, au nord de la ville.

Cette zone de non-droit borde aujourd'hui une voie rapide importante pour le bon déroulement du Mondial. Alors, en 2012, la police, qui n'avait pas mis les pieds dans cet immense bidonville depuis des années, est intervenue. Deux mille policiers et militaires, dont les troupes d'élite, sont entrés à l'aube dans Jacarezinho et Manginhos, un autre bidonville. Ils étaient appuyés par vingt-quatre blindés de la marine. Ce jour-là, sept hélicoptères lourdement armés survolèrent les petites ruelles insalubres. On ne pénètre pas comme on en veut dans Jacazerinho. D'habitude, on n'en sort pas non plus.

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Julien MUNOZ - Cocorico Carioca (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 8 juillet 2014

lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 7 juillet 2014, mis à jour le 6 janvier 2018
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