Dans le cadre du festival Varilux de cinéma français, Lou de Laâge est au Brésil pour quelques semaines. Elle y présente Agnus Dei, d'Anne Fontaine, un film dramatique franco-polonais inspiré de faits réels. A l'occasion de l'ouverture du festival la semaine dernière, elle a accepté de répondre à quelques questions du Petitjournal.com.
Lepetitjournal.com : Vous venez au Brésil pour présenter le film Agnus Dei, vous pouvez nous parler du rôle que vous y jouez ?
Lou de Laâge : Mathilde Beaulieu est une jeune femme médecin qui s'engage à la Croix-Rouge pour soigner les blessés français en Pologne et les rapatrier en France. Elle est appelée au secours par une jeune nonne dans un couvent de bénédictines et découvre que neuf mois avant, des soldats soviétiques ont envahi le couvent et violé les religieuses. C'est alors qu'elle va se retrouver à aider ces femmes. Mathilde est une fille qui n'est pas du tout dans la religion, mais la confrontation avec ces femmes va lui permettre de s'ouvrir sur elle-même bien qu'elle ne devienne pas croyante. Elle va finir par regarder les choses comme elle ne l'avait jamais fait jusqu'à maintenant.
L'histoire se passe en 1945? Avez-vous tout de suite réussi à vous plonger dans cette époque ?
Ce qui est assez agréable quand on fait des films d'époque, c'est qu'on est tout de suite plongé dans l'histoire. Entre les costumes, les décors (le couvent en Pologne), les actrices qui ne parlent pas votre langue, tout est fait pour que vous soyez transporté dans un autre univers.
Le scénario est tiré du récit authentique de Madeleine Pauliac, médecin à l'Hôpital français de Varsovie. Qu'est ce qui vous a touché dans cette histoire ?
L'histoire est très touchante puisqu'elle s'inspire de faits réels. Mais ce qui m'a davantage séduit dans ce scénario, c'est la manière dont Anne Fontaine a traité le sujet. Aujourd'hui, on voit beaucoup de films qui se contentent de dresser le constat d'une réalité cruelle, or, avec cette volonté de pas être dans l'empathie, Anne Fontaine dit qu'il y a de l'espoir, qu'on peut s'en sortir et continuer à sourire et à vivre, et ce, malgré un drame.
Quelles étaient les conditions de tournage en Pologne et de quelle manière les actrices polonaises travaillent-elles ?
Nous avons tourné à Orneta, à trois heures de Varsovie, pendant deux mois, six jours sur sept, avec des journées de travail de douze heures. Je ne sais pas comment cela se passe au Brésil, mais en France, nous n'aurions pas pu avoir un rythme de travail aussi intense. Ce qui est positif, c'est que la fatigue sert, car les personnages de l'histoire sont eux aussi dans cet épuisement et doivent lutter contre. L'être dans la vie permet de ne pas avoir à le jouer. Pour ce qui est des actrices polonaises, ce sont des monstres de travail ! Certaines fois, j'avais l'impression de retourner à l'école et d'apprendre en les regardant travailler. La langue n'a pas été une barrière, je crois que cela a même aidé à rendre les rapports plus vrais.
De quelle manière Anne Fontaine dirige-t-elle ?
Elle est très douce. Il y a des réalisateurs qui ont besoin d'une sorte de violence et de tension pour faire avancer un projet, ce n'est pas du tout son cas. Elle est très calme, précise et concise. Elle ne parle pas beaucoup, mais elle va venir vous dire juste deux-trois mots pour retourner dans son univers à elle.
Vous allez prochainement revenir au théâtre, dans Le Dernier testament, de James Frey, mise en scène par Mélanie Laurent. Avez-vous une préférence entre le cinéma et le théâtre ?
Je repars bientôt au théâtre avec Mélanie Laurent, c'est vrai. Pour autant, je n'ai pas de préférence entre le cinéma et le théâtre. A la base, je ne pensais pas faire carrière dans le cinéma, mais finalement l'un apporte beaucoup à l'autre. Au théâtre, on est pleinement responsable de ce qu'on fait, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de metteur en scène derrière pour corriger les tirs et on doit projeter pour que toute une salle reçoive l'émotion, à l'inverse, au cinéma on revient à quelque chose de beaucoup plus petit, c'est presque une dentelle de jouer au cinéma, c'est très délicat. J'aime amener cette délicatesse au théâtre et cette espèce de liberté au cinéma car les deux sont très complémentaires.
Est-ce votre première venue au Brésil ?
Oui. Personnellement, je vais rester encore quelque temps après la promotion du film pour découvrir le pays. Je ne connais pas encore le Brésil, mais j'ai déjà hâte de le découvrir. J'ai des milliards d'itinéraires possibles, mais je ne sais pas encore où est-ce que je vais aller exactement. Ce qui est certain, c'est que j'adore la chaleur humaine qu'il y a en Amérique latine.
Pourriez-vous envisagez de jouer dans un film brésilien ?
Si j'en ai l'opportunité, bien sûr ! Mais je ne parle pas portugais?
Propos recueillis par Pauline RAGUE (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 14 juin 2016





