Décrété jour de la "conscience noire" et férié dans certaines villes brésiliennes, le 20 novembre commémore la mort de Zumbi, martyr de l'esclavagisme. C'est le bon moment pour réviser un peu d'histoire.
Le 20 novembre a été choisi pour célébrer la "conscience noire", en souvenir de la mort de Zumbi dos Palmares en 1695. Esclave fugitif du Pernambuco, Zumbi avait formé un Quilombo (une communauté de noirs) dans le maquis.
Considéré comme le symbole de la résistance contre l'hégémonie blanche, il a été persécuté et finalement vaincu par l'armée portugaise. Depuis 2003, la journée est décrétée fériée par la municipalité à São Paulo, à Rio et dans de nombreuses autres villes. Des manifestations culturelles ont lieu dans tout le pays, aujourd'hui et tout au long de la semaine. Une fête chargée de lourdes significations pour 51% de la population brésilienne, soit plus de 97 millions de noirs et de métisses - la plus grande population de couleur au monde derrière le Nigéria -.
Inégalités d'hier et d'aujourd'hui
En 1549 démarre le plus grand trafic humain à travers l'océan Atlantique. Des milliers d'Africains sont arrachés à leur terre et transportés de force au Brésil pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Trois siècles plus tard, la traite des esclaves prend fin, et la loi abolissant l'esclavagisme est proclamée le 13 mai 1888 (autre jour férié du calendrier). Le Brésil est alors le dernier pays à abolir l'esclavagisme, 40 ans après la France.
Contrairement aux Etats-Unis, les esclaves étaient répandus dans tout le territoire brésilien. Aujourd'hui, les noirs représentent 34% de la population de São Paulo, 45% de celle de Rio et 79% de la population de Salvador. Cette répartition liée à l'histoire, est aussi le miroir de la répartition des richesses : les noirs sont concentrés dans les régions les plus pauvres. Selon les chiffres du recensement de l'IGBE de 2010 (Institut brésilien de géographie et statistiques), l'analphabétisme, même s'il recule globalement, touche 14,4% des noirs, contre 5,9% des blancs. Les premiers sont aussi les plus touchés par le chômage et le travail infantile.
Le jour où la nation prend conscience?
Pour tenter de compenser l'immense préjudice qu'a subi la population noire, des actions affirmatives (appelées aussi de discrimination positive) tentent de les favoriser, en privilégiant leur entrée à l'université par exemple. L'enseignement de l'histoire et de la culture des Afro-Américains est devenu obligatoire dès l'école primaire.
Le Movimento negro unificado, principale association contre le racisme, fait entendre la voix des noirs et organise chaque année un défilé sur l'avenida Paulista à São Paulo. De nombreuses festivités dans le pays entier sont d'ailleurs aussi au programme.
Lisa BINET (www.lepetitjournal.com - Brésil) - Rediffusion