

Le célèbre designer carioca est mort lundi à Rio à l'âge de 86 ans. Son oeuvre la plus fameuse, le fauteuil "Mole", a marqué le design du 20e siècle. Nous lui rendions hommage il y a deux ans pour son cinquantième anniversaire en vous racontant l'histoire de sa création. Attention : objet culte !

Sergio Rodrigues fonde la OCA en 1955 : ce lieu tient à la fois du magasin, de l'atelier et de la galerie. Son objectif est d'y concevoir des meubles contemporains faisant toutefois la part belle à la tradition brésilienne. C'est pourquoi il choisit de travailler avant tout le bois, qu'il définit comme étant le "matériau naturel le plus noble, issu de la plus grande forêt tropicale du monde".
La consécration avec le Mole
C'est dans ce contexte que naît le fauteuil Mole. Le designer explique : "Je venais d'ouvrir le magasin Oca quand j'ai fait le fauteuil Mole. Il n'a été vendu qu'après avoir séjourné plus d'un an dans la vitrine". En effet peu de succès à l'origine pour cette pièce devenue depuis incontournable. D'une originalité absolue, elle rompt avec le choix de la ligne rigoureuse mise en place par le Bauhaus, misant plus sur l'aspect accueillant du fauteuil, bien souligné par le nom choisi, "mole" désignant en portugais quelque chose de mou, de doux. Plus que la version définitive du fauteuil, c'est une ébauche qu'il réalise en 1956 pour un photographe, qui lui demande un canapé confortable. Après de nombreuses étapes de travail, il parviendra finalement cinq ans plus tard à l'objet que nous connaissons actuellement.

En 1961, ce fauteuil gagne le premier prix du Concours international de mobilier à Cantu, salon italien très réputé. Les membres du jury déclarent l'avoir sélectionné parmi plus de 400 autres travaux car il n'avait "pas été influencé par une mode, et est parfaitement représentatif de sa région d'origine". Cette récompense lui assure le succès commercial : une entreprise italienne le fabrique, et après avoir rebaptisé le fauteuil "Sheriff", l'exporte avec beaucoup de réussite dans plusieurs pays. Il a depuis plusieurs années intégré la collection permanente du MoMA de New York, et est toujours produit (il a cependant retrouvé son identité originelle au Brésil). Environ 10.000 réaissont nécessaires pour en faire l'acquisition.
D'un aspect assez massif, il se distingue assez fortement de la production internationale de l'époque. Ses pieds larges et arrondis tranchent avec les traditionnels pieds fins des chaises. L'imposante base en bois de jacaranda est adoucie par l'épaisseur moelleuse des coussins de cuir qui recouvrent l'intégralité de la structure jusqu'aux accoudoirs. Une seule envie : s'y installer confortablement, et ne plus en sortir !
Amélie PERRAUD-BOULARD (www.lepetitjournal.com – Brésil) Rediffusion





