

Au début des années 2000, le Brésil était classé parmi les 10 pays les plus dangereux au monde. Les guides touristiques abondent de recommandations inquiétantes relatives à la sécurité. Pourtant dans les cercles de français à São Paulo, il y a peu d'exemples vécus? Alors qu'en est-il exactement ?
Poste de police dans le quartier de Jardins - © Laurent Guerinaud Photography
En 2000, São Paulo comptait plus de 50 homicides pour 100.000 habitants. L'an dernier, le taux d'homicides* était de 13, et même 11 si l'on considère l'état et non plus la ville. Pour l'ensemble du pays, il devrait s'approcher de 15 alors qu'il était de 23,3 en 2000. A titre de comparaison, le taux d'homicides de la France, deuxième pays le plus sûr après le Japon, est de 1 et il est de 7 pour les États-Unis;à l'inverse, il dépasse les 100 au Salvador et atteint les 60 en Colombie?
L'amélioration de la situation du Brésil est indéniable et elle est même spectaculaire à São Paulo, où le nombre d'homicides a baissé de 79% en 7 ans.
La violence est très localisée, en fonction des régions, des villes et surtout des quartiers...
Ainsi, la capitale fédérale la plus touchée est Recife avec un taux d'homicides qui selon les sources, atteint 50 à 90 ! De même, à Rio de Janeiro, la diminution de la violence a été beaucoup plus lente et la ville affiche encore en 2006, un taux d'homicides de 40.
Certains quartiers de São Paulo sont plus sûrs que la France
La Veja de São Paulo a récemment publié un classement des quartiers en fonction du nombre d'homicides. Il en ressort qu'à eux seuls, les 5 quartiers les plus violents ont comptabilisé 246 homicides alors que les 5 plus sûrs en ont dénombré 7 sur l'année. Ces quartiers, incluant entre autres Vila Mariana, Jardins et Mooca, où vivent une bonne partie des expatriés, affichent un taux encore meilleur que celui de la France.
Les zones les plus touchées sont aussi les plus pauvres, et bien souvent celles où les trafics en tout genre sont les plus courants. Les 'règlements de compte' semblent bien être la principale cause d'assassinat puisque les statistiques montrent que plus de 70% des victimes d'homicide ont déjà fait de la prison, ce qui explique en partie le fait que la violence soit concentrée dans certains quartiers.
Ces éléments contribuent à expliquer pourquoi les chiffres et la réputation du Brésil à l'extérieur ne sont pas en réelle adéquation avec la perception que peuvent en avoir les résidents.
Enfin, la violence telle qu'elle existe au Brésil est différente de ce que l'on peut connaître en France. Il n'y a pas de brutalité gratuite au Brésil, pas de violence verbale, peu d'abus sexuels, pas de voyous qui cherchent la bagarre? L'objet de l'agression est toujours le vol, pour l'argent. La victime, si elle coopère immédiatement, sans chercher à négocier n'a généralement rien à craindre pour son intégrité physique. Le risque réside surtout dans le fait que les bandits n'hésitent pas à tuer dès qu'ils sentent la moindre résistance là où en France, ils se contenteraient de blesser ou de fuir.
Laurent GUERINAUD. (www.lepetitijournal.com - São Paulo) mercredi 27 février 2008
* taux d'homicides : nombre d'homicides par an pour 100.000 habitants
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