Coup de tonnerre au Brésil: la police a recommandé jeudi l'inculpation de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, pour un projet présumé de "coup d'Etat" visant à empêcher le retour au pouvoir de son successeur Lula après le scrutin de 2022.
Coup de tonnerre au Brésil: la police a recommandé jeudi l'inculpation de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, pour un projet présumé de "coup d'Etat" visant à empêcher le retour au pouvoir de son successeur Lula après le scrutin de 2022.
L'ex-chef d'Etat (2019-2023) et 36 autres personnalités font l'objet d'une demande d'inculpation pour "abolition violente de l'Etat démocratique de droit, coup d'Etat et organisation criminelle" dans le cadre de cette enquête, a annoncé la police fédérale dans un communiqué.
Selon la police, les investigations, qui ont duré "près de deux ans", ont établi "l'existence d'une organisation criminelle qui a agi de façon coordonnée en 2022, dans la tentative de maintien du président de l'époque au pouvoir".
La Cour suprême, à qui a été transmis le rapport d'enquête, doit à présent le remettre au bureau du procureur général, qui devra décider s'il y a lieu ou non d'engager des poursuites contre l'ancien chef d'Etat et les autres suspects.
Jair Bolsonaro, 69 ans, a répliqué jeudi en ciblant sa bête noire, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, responsable de l'enquête.
Il "conduit toute l'enquête, arrange les témoignages, arrête sans inculpation", a-t-il accusé sur le réseau social X. "Il fait tout ce que ne dit pas la loi", a-t-il ajouté, promettant de poursuivre "la lutte" judiciaire.
Déjà condamné à huit ans d'inéligibilité, M. Bolsonaro est visé par plusieurs autres enquêtes, mais c'est cette affaire qui pourrait avoir le plus grand impact politique. L'ancien capitaine de l'armée se dit victime de "persécution".
- "Poignard jaune et vert" -
Mardi, une opération policière liée à cette vaste enquête s'était soldée par l'arrestation de quatre militaires et d'un policier. Ils sont soupçonnés d'avoir fomenté un projet d'assassinat de Luiz Inacio Lula da Silva, après la victoire du champion de la gauche en 2022.
L'un des suspects interpellés est le général de réserve Mario Fernandes, proche collaborateur de M. Bolsonaro durant son mandat. Il figure parmi les 37 personnes dont la police a demandé jeudi l'inculpation, comme deux autres hauts gradés arrêtés avec lui, sans que l'on sache pour l'heure si c'est en lien avec ce supposé projet d'assassinat.
Leur plan, intitulé "Opération poignard vert et jaune" (couleurs du drapeau brésilien), prévoyait aussi de tuer le vice-président élu Geraldo Alckmin et le juge Moraes, selon les enquêteurs. L'empoisonnement aurait été l'une des méthodes envisagées.
"Je dois être très reconnaissant puisque je suis en vie. La tentative de nous empoisonner, moi et Alckmin, n'a pas marché", a déclaré Lula jeudi lors d'une cérémonie officielle.
"Nous avons besoin de construire ce pays sans persécution, sans incitations à la haine ni discorde", a-t-il lancé.
- Espoir d'amnistie -
Interdit de quitter le Brésil depuis février, M. Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 pour désinformation sur le système d'urnes électroniques utilisé lors du dernier scrutin.
S'il espère faire annuler sa condamnation avant l'élection de 2026, la campagne menée par son camp en vue d'une amnistie paraît avoir du plomb dans l'aile, au vu des derniers développements.
La liste des 37 personnes dont les enquêteurs ont recommandé l'inculpation jeudi comprend d'anciens ministres du gouvernement Bolsonaro, dont celui de la Défense, Walter Braga Netto, qui était également son candidat à la vice-présidence en 2022.
Le général Augusto Heleno, qui comme ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle était considéré comme l'éminence grise du président Bolsonaro, est aussi visé. De même qu'Alexandre Ramagem, son chef des services de renseignement à l'époque.
Les enquêteurs ont fait état d'un projet de décret visant à convoquer de nouvelles élections et à faire arrêter le juge Moraes, président du Tribunal supérieur électoral lors de la présidentielle de 2022.
Ce décret aurait été présenté par M. Bolsonaro à des militaires de haut rang lors de réunions en décembre 2022, entre sa défaite électorale au second tour du 30 octobre 2022 et l'investiture de Lula le 1er janvier 2023.
Le décret n'a finalement pas vu le jour, mais les institutions brésiliennes ont été ébranlées le 8 janvier 2023: des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient alors saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia.
M. Bolsonaro, qui se trouvait alors aux Etats-Unis, fait en outre l'objet d'une enquête visant à déterminer s'il a joué le rôle d'instigateur de ces émeutes.
lg/tmo/rr