L'actualité récente a souvent mis BTG PACTUAL et son charismatique président André Esteves sur le devant de la scène économique et financière du Brésil. Ainsi, dans le domaine des opérations de fusions et acquisitions, le groupe a pris la tête des banques d'investissements avec 52 opérations menées pour un montant total de 24 milliards US$ en 2011 et espère bien continuer sur sa lancée malgré la décélération de l'économie brésilienne prévue en 2012. Déjà au 1er trimestre de cette année BTG Pactual affiche un bénéfice plus de deux fois supérieur à celui du premier trimestre 2011 et le banquier affiche une stratégie claire d'investissement au Brésil et à l'étranger
André Esteves commence sa carrière en 1989 à 21 ans comme informaticien au Banco Pactual dont il devient managing partner en 2002. Il revend ensuite le Banco Pactual à UBS en 2006 et part à Londres où il prend de nouvelles responsabilités. Les difficultés d'UBS amènent le groupe suisse à revendre le Banco Pactual à André Esteves qui va le racheter pour 100.000 dollars de moins et le fusionner avec BTG, l'établissement que le quadra milliardaire self-made-man du pays a créé entre-temps. Aujourd'hui BTG Pactual pèserait environ 15 milliards US$ à la suite de sa récente ouverture de capital à la Bovespa. Cela lui permet de se placer parmi les 20 plus grandes entreprises cotées en bourse au Brésil, devant l'électricien Cemig et le géant de la viande JBS.
"O banco que investe" (la banque qui investit)
BTG Pactual gère aujourd'hui environ 100 milliards US$, dont une partie se situe en Asie et au Moyen Orient. Il gère ainsi des fonds d'investisseurs japonais et chinois au Brésil. Dans le secteur immobilier, BTG Pactual a racheté la banque Panamericano, fragilisée par une affaire de fraude, ainsi que la Brazilian Finance e Real Estate. BTG est entré également dans le capital d'Estapar, de Brazil Pharma, du réseau hospitalier Rede d'Or, du carioca Leader et récemment de 30% des salles de sport Bodytech. En 2011, la tentative du rapprochement entre Pão de Açucar et Carrefour, dans laquelle la banque avait pris part, est un échec. Certaines opérations ont contribué à donner au groupe d'André Esteves l'image d'une banque coutumière des opérations à haut risque. Pour l'anecdote, la Consob, organe régulateur des marchés de capitaux en Italie, vient de condamner le banquier brésilien à payer une amende pour abus d'initié lors d'une opération de joint venture entre une entreprise italienne et le groupe JBS.
L'objectif d'André Esteves est de faire profiter les entreprises de ressources à long terme afin de leur permettre d'investir. BTG Pactual se dit aujourd'hui prêt à de nouvelles acquisitions en Amérique Latine après le rachat de la banque d'investissements chilienne Celfin Capital. Le groupe cible le Pérou et la Colombie, ainsi qu'une entrée en Argentine.
?Mettre un pied? sur le continent africain
C'est l'objectif que s'est fixé BTG Pactual en réunissant dans un délai de 6 mois à 1 an un montant de 1 milliard US$ de fonds du secteur privé brésilien afin de financer les secteurs de l'énergie, des infrastructures et de l'agriculture en Afrique et plus particulièrement au Mozambique et en Angola avec qui le Brésil a des liens historiques. Pour mémoire, les investissements brésiliens en Afrique ont augmenté de 10,7% entre 2007 et 2011, soit un chiffre bien inférieur à celui d'autres pays émergents comme la Turquie (+49,5%). Le Brésil serait néanmoins bien perçu pour sa tendance à employer la main d'?uvre locale.
BTG "Better than Goldman Sachs" ?
L'objectif d'André Esteves est de faire de BTG Pactual l'un des premiers établissements bancaires du Sud et de l'Asie, et ce sans passer par Londres. Néanmoins BTG Pactual est encore le "baby brother" du géant américain Goldman Sachs dont 3 semaines de revenus en 2011 ont représenté environ l'ensemble des revenus de l'année pour BTG. Alors pourquoi cette comparaison ? Parce que BTG a augmenté ses revenus de 17% depuis 2009 dans un contexte de crise là où Goldman Sachs a vu les siens baisser de 21%. La raison viendrait de ce que BTG Pactual domine actuellement un marché financier brésilien en pleine croissance et ne possède que trois bureaux en dehors du Brésil (New York, Londres et Hong Kong). Par ailleurs les activités de BTG Pactual sont beaucoup plus diversifiées que celles de Goldman Sachs.
L'avenir de BTG Pactual est donc fortement lié à celui de l'économie brésilienne et de l'Amérique Latine. Mais attention : André Esteves concentrerait à lui tout seul le pouvoir au sein de la banque, ce qui a déjà représenté un risque pour d'autres entreprises dans le passé.
Pascale FLORANT (www.lepetitjournal.com ? Brésil) jeudi 31 mai 2012