

La Vila Maria Zélia a été bâti en 1917 dans les environs de Belém, à São Paulo. Lepetitjournal.com vous propose de plonger dans l'histoire de ce quartier unique.
Considéré comme le premier quartier ouvrier à avoir été construit dans la ville, la Vila Maria Zélia symbolise un modèle d'architecture novateur pour l'époque, tourné vers le bien-être des travailleurs dès sa conception. Un siècle plus tard, les habitations et bâtiments qui le composent ont subi de grandes évolutions, mais les lieux sont encore occupés et la mémoire qui y est attachée perdure.
En 1917, São Paulo compte près de deux tiers d'immigrants parmi sa population totale. Nombre d'entre eux sont ouvriers, ils vivent dans des conditions misérables et supportent des cadences infernales dans les usines où ils travaillent. Le témoignage du médecin Alfedo Leal de Sá, recueilli en 1910 dans le Jornal do Comércio, étaye cette situation : "Des habitations sans air ni lumière, où les adultes et enfants vivent dans la plus grande promiscuité; où les plus pudiques, quand ils obéissent à la loi naturelle de perpétuation de l'espèce, s'abrite derrière un rideau, presque transparent; où, la nuit, dans un environnement clos, respire le triple nombre de personnes que ce même endroit pourrait accueillir; où les denrées alimentaires, pendues au mur, laissent dans l'espace leur parfum nauséabond (...) où la tuberculose, fait cracher partout, gâtant les prochains malades; où les immondes enfants rabougris jouent dans les couloirs sombres".
Le fondateur pionnier
C'est ainsi qu'une grève générale survient en 1917 pour protester contre ces conditions de vie dégradantes et obtenir de nouveaux droits. Elle reste à jamais le mouvement ouvrier le plus important de l'histoire du Brésil.
Jorge Street, industriel et médecin de São Paulo, lance alors les premiers travaux de la Vila Maria Zélia en 1912. Sensibilisé au quotidien misérable des ouvriers par sa double profession, il décide de construire un nouveau quartier pour loger les 2.000 travailleurs de sa Compania nacional de tecidos da juta. Il acquiert alors un terrain allant de l'avenida Celso Garcia aux abords du Rio Tietê. Pour réaliser les plans de son projet, il fait appel à l'architecte français Paul Pedraurrieux, qui s'inspire des réalisations européennes de l'époque. Il donne au quartier le nom de sa fille décédée, Maria Zélia.
L'ambition sociale
A São Paulo, ce quartier aux influences européennes détonne par son originalité. Le concept allie ensemble résidentiel, écoles,
Le quartier a ainsi contribué à l'amélioration de la vie de ses propres ouvriers, leur offrant un espace de vie commun, proche de leur lieu de travail et avec toutes les commodités essentielles. L'engagement de Jorge Street pour la justice sociale était d'ailleurs si grand qu'il a intégré le gouvernement Vargas en 1931, travaillant sur la question industrielle.
Malgré l'activité fourmillante des ouvriers, l'industriel accumule des dettes et décide de céder la Vila Maria Zélia et son usine à la famille Scarpa en 1924. En 1929, en conséquence de la mauvaise conjoncture économique, le gouvernement et l'Iapi (Institut des retraites et pensions des industriels, à présent INSS) confisquent le quartier et l'usine.
Le quartier entre renouveau et oubli
Aujourd'hui, les habitants payent un loyer à l'INSS et le reste des bâtiments est laissé à l'abandon. Seule la chapelle est encore administrée par la paroisse São José de Belem.
Malgré son appartenance au patrimoine paulistano, la Vila Maria Zélia a profondément évolué depuis sa fondation. Les maisons à un seul niveau comptent désormais jusqu'à trois étages et la peinture neutre des murs a été remplacée par des couleurs plus vives. La majorité des façades d'époque a ainsi cédé la place à des aménagements plus modernes, sans aucune préoccupation pour le style d'origine.
La partie la plus triste, pour ceux qui entretiennent la mémoire de la Vila Maria Zélia, ce sont les entrepôts et les écoles abandonnés, comme si le temps reprenait ses droits sur l'espace. Le quartier demeure ouvert aux visites et le gardien de l'histoire des lieux vous racontera peut-être comment la Vila Maria Zélia resplendissait au temps de son apogée.
Christine REBECHE (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 15 octobre 2014
*Photos : Rodrigo Bertolino / Flickr





