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SAO PAULO – Nakatanet.Café2014, la Coupe du Monde à l’heure japonaise

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 15 juin 2014, mis à jour le 19 février 2015

Tant que la Casa Bleue n'est pas ouverte à São Paulo (seconde phase uniquement), les supporters français et les fans de football en général peuvent se retrouver le temps d'un match à l'espace temporaire Nakatanet.Café, sponsorisé par l'ancienne star de l'équipe japonaise : Nakata Hidetoshi. Inauguré mercredi 11 juin, en sa présence,  l'espace se situe au sein du bar Octávio Café - élu ?melhor cafeteria? par le magazine Veja en 2010. Au programme, sashimis et autres délices de la gastronomie nippone et dégustation de la marque de saké Nanbu Bijin. A ne pas manquer !

L'histoire remonte à 1890, avec l'arrivée au Brésil de l'émigré italien Giuseppe Quercia. Son fils Vicente, architecte, construira plusieurs églises dans des villes de l'Etat de São Paulo, dont celle de Brodowski où la famille finit par acquérir un lot de terres pour y planter du café. En 1940, le petit-fils, Octávio, rachète également six fazendas (Nossa Senhora Aparecida, São José, Santa Adélia, Santa Rita, Santa Maria et Fazendinha) aux alentours de Pedregulho, pour un total de 3500 hectares dont un tiers uniquement en plants de café (4 millions). Les conditions climatiques à plus de 1.000 m d'altitude et la fertilité des sols promettent. La région de Alta Mogiana est en effet déjà réputée pour ses cafés de très haute qualité. Les fazendas sont aujourd'hui certifiées à l'international car toute la chaîne logistique est supervisée par la Maison, depuis la cueillette des meilleurs grains, le processus de torréfaction et l'emballage, jusqu'à la vente et la distribution.

Dans la boutique de São Paulo, située Av. Brigadeiro Faria Lima, inutile de préciser que les grains (variété Arabica) sont moulus au moment même de la commande. L'équipe composée de huit serveurs chapeautée par la bariste Tabatha Creazo, prépare le breuvage selon votre choix : expresso, French Press, moka, Aeropress, mais aussi café turc (avec des grains de cardamome), ?coado no pano? à l'ancienne ou bien encore filtré dans une cafetière en céramique japonaise (Hario). Chaque méthode respecte la quantité d'eau idéale, la mouture du café et la fraîcheur de la torréfaction pour un résultat optimal. Dans un décor rustique mais plein de charme, sont également proposées des activités littéraires et des expositions temporaires de photographies et oeuvres d'art, ainsi que des shows de musique de nouveaux chanteurs sur la scène pauliste.

Question architecture et décor, on peut difficilement mieux faire ! La façade est caractéristique, puisqu'il s'agit d'un immeuble courbe, incliné, sous forme de tasse de café, avec des hauteurs sous-plafond impressionnante. Le projet du designer Seragine Farné Guardado consiste en deux blocs : une boîte tout en panneaux de verre et poutres en bois, où se situe le comptoir qui est le coeur de la cafeteria, et puis en annexe, un bloc de béton armé où sont agroupés cuisines, bureaux, salles de réunions, etc. L'édifice dispose également d'un traitement accoustique qui étouffe les bruits de conversation et laisse échapper la musique de fond. La décoration interne joue avec une palette de couleurs qui va du céladon (grain vert) au rouge (grain mûr) et enfin aux tons de ocre et marron (grain torréfié). Le plancher est en bois de démolition (peroba) comme dans les anciennes fazendas. Les peintures possèdent une texture spéciale à base de terre et sans produits chimiques. La rampe d'escalier qui donne au premier étage représente l'ascension de la culture du café au Brésil. Le côté jardin est protégé par un immense bloc de granit brut et la nuit, de l'extérieur, l'illumination est de toute beauté !

Le Nakata.net Café
L'idée remonte à la Coupe du Monde 2002 en Corée. L'espace conçu était alors une sorte d'Office du tourisme où les visiteurs de tous les pays pouvaient obtenir de l'aide et des informations pratiques. En 2006, pour le tournoi en Allemagne, le café est devenu un ?bar-lounge? où les supporters se réunissaient en toute tranquillité pour assister aux matchs de football. En 2010, en Afrique du Sud, le thème central était ?redécouvrir et revaloriser le Japon?. Enfin, exceptionnellement en 2012, pour les Jeux Olympiques de Londres, le N-Bar ouvrit ses portes en remerciement à la solidarité des peuples suite au tsunami dévastateur de Fukushima (mars 2011).  Cette année, à São Paulo, le Nakata.net Café entend faire partager au public les saveurs et l'artisanat traditionnel (céramique) japonais.   

Une quinzaine de sakés produits dans différentes régions du Japon ont été sélectionnés, dont la marque-phare Nanbu Bijin - qui commence à être sérieusement connue des Brésiliens puisque le brasseur était venu il y a deux ans faire une dégustation dans le quartier Liberdade, au Kazu Sake Emporium. Côté gastronomie, le chef Makoto Okamoto - du restaurant La Bombance à Tokyo (1 étoile Michelin) ? est venu spécialement au Brésil à l'occasion de cet événement. Cinq plats seront proposés : aubergine grillée, champignons, porc vinaigré et thon ; concombre japonais, caviar de morue, saumon fumé, tofu et teriyaki ; poulet frit et vinaigré avec sauce tartare, bardane, carotte et calamar sec, alose (poisson) grillée ; ukiyaki de boeuf et riz ; riz au thé vert, boeuf et sauce sésame. Ces deux derniers plats seront servis dans des grands bols (donburi). En guise de dessert et pour accompagner le café en général, plusieurs sucreries japonaises seront servies (wagashi). Le tout, présenté dans des plats en céramique typique du Japon, grâce à la collaboration de Kyosuke Hayashi, Présidente de l'Association de l'Art Céramique Mino.

Le Saqué Nanbu Bijin à l'honneur
Kuji Kosuke, Président de la marque Nanbubijin ne sera pas là cette fois-ci mais son ambassadrice de charme, Kei Nakajima, le représentera. Kei est depuis quelques mois au Brésil et se fera un plaisir de vous recevoir (elle parle anglais couramment si vous ne maîtrisez pas le japonais).



Pour la petite histoire, la brasserie de Kuji Kosuke se situe dans la province montagneuse d'Iwate (1,2 million d'habitants), au nord du Japon. C'est une région privilégiée de la nature avec son immense parc naturel Orizume-Basenkyo, ses collines verdoyantes, ses sources thermales d'eau glacée et ses montagnes aux pics enneigés. La petite ville de Ninohe est d'ailleurs connue pour ses hivers rigoureux, climat idéal pour la production du saké. Créée en 1902, l'entreprise confectionne jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale un saké plutôt douceâtre et légèrement sirupeux, très en vogue à l'époque. C'est alors que le patron de l'usine, Hideo, décide d'en faire une boisson plus élégante, limpide et fraîche en bouche. En prévision du changement, il choisit le nom Nanbu Bijin pour cette nouvelle marque de saké. "Nanbu" n'est autre que le nom de la région nord de Iwate et "Bijin" signifie tout simplement "beauté".

??Trois critères de fabrication distinguent le saké du vin. En japonais, on dit : waza / mizu / kome. Le mot waza signifie savoir-faire. En effet, le talent du toji (brasseur) est primordial dans le processus de fabrication, ce qui explique qu'un toji de renom disposant pourtant des mêmes ingrédients qu'un autre, pourra donner naissance à un saké de qualité supérieure. Ensuite vient l'eau, ou mizu. Elle entre pour 80% dans la composition du saké. Un fabricant s'installera donc de préférence auprès d'une bonne source. Enfin, le grain de riz cru, ou kome. Celui-ci se conserve et se transporte plus facilement que le raisin et il n'est pas rare pour un fabricant du nord d'utiliser un riz récolté dans le sud du pays, car il n'y a apparemment pas de lien entre le cépage et le terroir comme pour le vin.
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Le polissage du riz

Il s'agit d'un paramètre très important. On estime en général que le riz utilisé pour la fabrication d'un bon saké doit être réduit par un polissage de 30% ou plus, de son volume initial. Cette opération délicate permet d'éliminer divers corps qui nuisent au goût et à la pureté du saké. Bref, plus le grain de riz est poli, plus le saké est fin.??

Chez Nanbu Bijin, le grain de riz est poli au minimum à 30% et jusqu'à 50%. On en extrait ainsi toute l'essence. Du fait des basses températures de la région d'Iwate, le temps de fermentation est extrêmement lent et favorise le dégagement d'arômes délicats mais concentrés. Pour une conservation optimale, les bouteilles en verre sont généralement teintées aux couleurs typiques de flacons de saké : vert, bleu, marron ou noir.??Le saké le plus simple de la marque Nanbu Bijin s'appelle Junmai Ginjo. Il est pourtant l'étoile de la carte de sakés dans tous les grands restaurants de la planète. Transparent et limpide comme de l'eau, il s'harmonise parfaitement avec l'Usuzukuri (sashimi de poisson à chair blanche intercalé de fines tranches de citron vert), ou bien le ceviche péruvien, mais aussi avec des algues (wakame), du fromage de soja (tofu) ou un plat typique japonais comme le teryaki. A déguster entre 10 et 12 degrés.

??Le saké spécial de Nanbu Bijin se nomme Koshu. Le riz est poli à 50% et la boisson est vieillie pendant 7 ans dans des fûts. De couleur paille et très légèrement liquoreux, il accompagne de façon spectaculaire l'une des spécialités de la régions : l'Ika no Shiokara, une entrée à base de poulpe mariné dans une sauce salée et pimentée à la fois, pas toujours appréciée des Occidentaux. La saveur hautement concentrée de ce saké permet de contrebalancer le goût inattendu de la sauce. Le saké Koshu peut également être bu tiède et a gagné la Médaille d'Or de la Sélection Mondiale, huit années consécutives entre 1997 et 2004. Alors, n'hésitez pas... courez-vite à l'Octávio Café. Kampai !?

Marie-Gabrielle BARDET (www.lepetitjournal.com/sao-paulo) lundi 16 juin 2014

Lire aussi : COUPE DU MONDE - Où supporter les Bleus à Sao Paulo ?

Informations pratiques :
Octávio Café / Nakata.net Café
Avenida Brigadeiro Faria Lima, 2.996
Jardim Paulistano
 (11) 3074-0110
du 12 au 26 juin
du lundi au vendredi - de 7h30 à 21h30
samedi et dimanche, de 9h à 22 heures


lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 15 juin 2014, mis à jour le 19 février 2015

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