Les imaginez vous, ces pionniers, ces marchands, se frayer des chemins chaotiques au travers de la verdoyante Mata Atlântica ? Si ce n'est pas le cas, le treck du Caminho de Itupava (Parana) vous livrera de quoi vous faire une idée claire sur le sujet.
Taillant une fine brèche dans l'immensité de verdure paranaense, ce passage a relié durant près de deux siècles Curitiba avec le littoral. Il a d'ailleurs été tout ce temps la seule et unique option pour parvenir à commercer de l'océan au Planalto, du Planalto à l'océan. Ce n'est qu'à l'achèvement de la sinueuse Estrada da Graciosa et de la vertigineuse Estrada de Ferro (voie ferrée) Curitiba-Paranaguá, respectivement en 1873 et 1885, que le Caminho de Itupava, considéré jusqu'alors comme l'une des pires routes du pays, a été abandonné.
Une randonnée entre histoire et luxuriance
Sa légende perdure toutefois grâce à la randonnée qui suit aujourd'hui son tracé. Version longue, le point de départ se trouve à Quatro Barras, en périphérie de Curitiba, mais ne propose qu'une traversée de la ville, puis de celle de Borda do Campo avant d'arriver réellement au premier tronçon du Caminho. Cette partie n'a pas grand intérêt. La version courte est longue de 16 km pour environ 1.000 mètres de dénivelé au milieu de la nature. C'est là que commencent les choses sérieuses.
Après s'être enregistré au poste de surveillance ? nom, prénom, âge, numéro d'urgence ?, on peut enfin rentrer dans le vif du sujet. Les premiers kilomètres, semblables à un traditionnel sentier de montagne, sont d'un niveau accessible. L'altitude diminuant, la flore se mue progressivement en une jungle épaisse et très humide, corsant l'affaire, mais offrant à nos regards accoutumés aux gentilles ronces et fougères européennes, le gigantisme de la végétation tropicale. Les explorateurs discrets arriveront probablement à débusquer ici et là les nombreuses espèces vivantes habitant les lieux : singes, oiseaux multicolores et papillons rares émerveilleront, araignées et serpents épouvanteront?
Comme promis, la leçon d'histoire est au rendez-vous. La plupart des bâtiments, plus ou moins bien conservés, parsemés le
La Serra do Mar n'offre pas de promenade dominicale
Attention tout de même à ne pas vous prendre pour le mythique professeur Jones, qui pour sa part, se sort de n'importe quel pétrin, pourvu qu'il ait son fouet et son chapeau, le Caminho de Itupava n'est pas une balade du dimanche.
Si un aller-retour raisonnable jusqu'aux premières chutes d'eau convient à une famille sportive, il est fortement recommandé de prendre certaines précautions avant d'affronter le parcours dans son entièreté, exercice qui requiert en tout premier lieu une bonne condition physique. L'équipement est par exemple un aspect à ne pas négliger, tout comme le temps dans l'ensemble de ses définitions : d'une part la randonnée durant au minimum 6h, selon les niveaux, un départ aux aurores est préférable, d'autre part une météo pluvieuse rend les voies extrêmement glissantes et donc plus difficiles.
Nous rappellerons enfin que la Serra do Mar est une dame que l'on respecte. Ainsi la cueillette est interdite et l'on vous déconseille chaudement d'aller taquiner les bêtes sauvages, endémiques pour la plupart. Il ne fait aucun doute que les tarentules et les serpents corail sauront se montrer dissuasifs? Si lors d'une visite dans le Paraná, vous vous sentez l'âme d'un aventurier, de nombreuses informations sont présentes sur le site officiel du Caminho de Itupava.
Simon BALACHEFF (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 15 janvier 2015
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