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JACQUES ARDIES - "L’art naïf est une invitation au voyage, aux couleurs et aux régions du Brésil"

Écrit par Lepetitjournal Sao Paulo
Publié le 3 décembre 2014, mis à jour le 4 décembre 2014

Ce spécialiste français de l'art naïf vit depuis 40 ans à São Paulo où il possède une galerie qui porte son nom. A l'occasion de la sortie de son deuxième ouvrage sur l'art naïf au Brésil, Jacques Ardies, 65 ans, y accueille jusqu'au 22 décembre une grande exposition collective avec près de 80 ?uvres de 30 artistes. Lepetitjournal.com l'a rencontré.

Lepetitjournal.com : En arrivant au Brésil à 25 ans, aviez-vous déjà pensé à changer de carrière ?
Jacques Ardies : Je n'ai pas vraiment d'explication, ce n'était pas prévu, cela s'est fait par un concours de circonstances. On m'a renvoyé de l'entreprise d'exportation dans laquelle je travaillais, "à la brésilienne", en me donnant un chèque et en me demandant de partir. J'étais révolté et secoué. J'ai alors pas mal cogité pour monter quelque chose à mon compte, j'étais ouvert à tout et je faisais beaucoup de petits jobs.

Comment votre projet de galerie, ouverte en 1979, a-t-il germé ? 
Un jour, dans un magasin de produits naturels du quartier de Alta de Boa Vista, les deux commerçantes m'ont demandé de trouver des artistes qui accepteraient de prêter leurs tableaux, pour décorer un salon de thé à l'étage. Cette idée n'aurait pas marché selon moi, alors j'ai pensé à vendre des tableaux. J'ai donc fait une proposition aux deux gérantes, pour installer une galerie, payer la moitié des frais et reverser 30% de mon chiffre. C'était fabuleux pour elles, risqué pour moi, mais au final extraordinaire même si cela n'a duré qu'un an avec elles. J'ai ensuite déménagé ma galerie dans le quartier de Paraiso puis en 2004 à Vila Mariana.

Comment avez-vous approché le milieu de l'art naïf ?
J'ai toujours eu la chance de connaître beaucoup de personnes. Quand une amie m'a parlé de peintres d'art naïf qui voulaient vendre leurs oeuvres, c'était l'occasion inespérée. Je me suis plongé corps et âme dans la recherche de peintures d'art naïf. Pour la première exposition, j'ai réuni 50 tableaux de 10 peintres différents, j'en ai vendu 20 dès le premier soir. J'ai profité d'un très bon filon, d'une part parce que les peintres avaient besoin de vendre pour vivre, ensuite parce qu'il n'y avait pas d'autres galeries d'art naïf à São Paulo et que l'art naïf attirait.

Les débuts de votre nouveau métier de galeriste ont-ils été difficiles ?
J'étudiais l'art naïf en même temps que je travaillais, c'était un vrai recyclage par rapport à mes études. J'ai bataillé longuement pour établir une relation de confiance, insisté pour plus de collaboration professionnelle dans les bons et mauvais moments. Cela a pris plusieurs années, mais je n'ai jamais eu de regrets, c'est une passion et une chance incroyable.

Comment l'écriture de votre livre a-t-elle été possible ?
J'ai eu un accord avec l'agence culturelle Ring pour un projet d'exposition et de livre. L'Etat finance aussi mon projet grâce à une fiscalité avantageuse et trois sponsors me soutiennent également. J'ai eu pour la première fois une promesse orale d'un sponsor pour éditer le livre en français.

Quelle évolution y a-t-il entre vos deux livres sur l'art naïf ?
Le premier livre, A Arte Naïf no Brasil, que j'ai publié en 1998, a été réédité à trois reprises, à environ 10.000 exemplaires, en

portugais et en anglais. J'avais collaboré avec un critique d'art pour écrire les textes. Il est décédé depuis et j'ai eu l'audace de vouloir écrire moi-même les textes du deuxième. Ainsi dans le plus récent, A Arte Naïf no Brasil II, j'écris moi-même la présentation du livre et les biographies des peintres. Cela m'a demandé beaucoup de travail, parce que je suis toujours le même schéma : je précise d'où vient le peintre, pourquoi il peint et où il expose en incluant des citations de critiques d'art. Bien sûr, pour actualiser, il a fallu retirer quelques peintres, très peu, une dizaine, et en mettre de nouveaux pour en présenter 79.

Pourquoi était-il important pour vous d'écrire ce livre sur l'art naïf ?
Mon livre est didactique, mais il est à savourer avec le temps. C'est pour moi une invitation au voyage, aux couleurs et aux régions du Brésil grâce à l'interprétation poétique et belle qu'en font les artistes. Cet art est basé sur la créativité locale, il est original car les peintres inventent leur langage et s'y attachent le long d'une carrière. Il n'y a pas deux artistes identiques ou même deux oeuvres identiques d'un même peintre. Ces artistes viennent de tout le Brésil et représentent leur vécu. Au final j'en suis très fier, je ne pensais pas y arriver, être capable de tout écrire avec mes opinions, mes expériences de vie.

Avez-vous des événements prévus pour promouvoir votre livre ?
Une exposition devrait être organisée à Nice, au musée d'art naïf Anatole Jakovsky en 2015. A la Casa das Rosas de São Paulo aura peut-être lieu une exposition, sinon dans un autre local ou musée de prestige, pour sortir le grand spectacle. L'exposition qui a lieu jusqu'au 22 décembre, dans ma galerie, se fait sans "tralala", pour présenter les tableaux et le livre.

Propos recueillis par Christine REBECHE (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 4 décembre 2014

Infos pratiques

A Arte Naif no Brasil - Galeria Jacques Ardies

Jusqu'au 22 décembre

Rua Morgado de Mateus, 579 - Vila Mariana  

http://www.ardies.com/ 

lepetitjournal.com sao paulo
Publié le 3 décembre 2014, mis à jour le 4 décembre 2014

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