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GILETS JAUNES - Qu’en pense-t-on au Chili ? 

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Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 11 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

“Va te faire foutre Macron”. Taguée sur l’arc de Triomphe lors du second week-end d’émeutes qui a secoué les Champs-Elysées, cette insulte relevant du pur modisme chilien en dit long sur le regard que l’on porte sur le mouvement des “gilets jaunes” ici, à près de 12.000 km de Paris.

Car si l’auteur de ce graffiti n’a pas été officiellement identifié, les médias locaux n’ont pas hésité à relayer l’anecdote, notamment sur leurs sites Internet et réseaux sociaux, ouvrant les vannes des fameux commentaires que tout à chacun peut poster en ligne. Sous l’article de The Clinic, journal satirique de gauche que l’on pourrait allègrement comparer à notre sempiternel Canard Enchainé, les commentaires condamnant ce geste jouxtent des messages de soutien aux courageux “Chalecos Amarillos”. Sous celui du site d’informations générales Emol, le jugement des internautes est sans appel : ce graffiti, comme cette vague de protestation, le gouvernement français l’aurait bien mérité. “Macron a fait la sourde oreille et (les manifestations) ne vont que s’empirer à l’avenir.” “Voilà ce qu’il se passe quand les gouvernements tournent le dos à leur peuple” peut-on lire ci et là. 

Sur Facebook, de nombreux mèmes* saluent la “bravoure des gilets jaunes” ou encore relaient des vidéos sur lesquelles on voit des policiers français fraterniser avec des manifestants, retirant leurs casques et chantant avec eux. Une idéalisation partiale du mouvement social français en somme, qui traduit en filigrane les aspirations d’une partie de la population chilienne en mal de contestation.

 

 

 “Je pense que les Français sont très courageux de faire ça. Au Chili, nous sommes trop individualistes et pas assez organisés pour faire de telles manifestations.” nous confie non sans admiration Marcela Valdès, jeune infirmière chilienne qui a répondu à notre appel à témoins. “Et surtout nous avons peur des policiers. D’après ce que j’ai vu dans les médias, les policiers français n’ont pas été agressifs envers les manifestants.” ajoute-t-elle, ignorant visiblement les scènes de violence ayant opposé forces de l’ordre, casseurs et manifestants. 

Sur El Desconcierto, site d’informations dit “de gauche”, le fantasme est nuancé. “La police française est connue en Europe pour le niveau de violence avec laquelle elle réprime et pour la force de ses armes.” peut-on lire sur le résumé du dernier week-end de protestation. Dans les colonnes de la Tercera c’est l’utopie manifestante que l’on désenchante, le quotidien chilien s’appliquant à énumérer les pertes économiques vertigineuses occasionnées par le mouvement. “La Banque de France a réduit les prévisions de croissance au quatrième trimestre à 0,2%, contre 0,4% précédemment.” peut-on lire, soit l’équivalent d’un manque à gagner de 2 milliards d’euros selon le journal. Ce dernier rappelle également que bon nombre d’entreprises françaises, comme Carrefour ou Accor, ont vu leurs actions baisser à la Bourse de Paris tandis que d'innombrables commerces ont dû tout simplement fermer leurs portes face aux violents troubles sur la voie publique. 

Des chiffres alarmants pour certains, un prix à payer pour faire entendre la révolte populaire pour d’autres, mais qui ne semblent pas entacher l’admiration ambiante. “Il semble qu’au Chili, avec le détournement d’institutions étatiques et les abus du parlement qui ont été révélés, nous aurions aussi besoin d’un mouvement de puissance semblable à celui des “gilets jaunes” conclut un internaute qui semble avoir posté son commentaire, comme on lancerait une bouteille à la mer.

 

* Concept (texte, image, vidéo) massivement repris, décliné et détourné sur Internet qui se répand très vite, créant ainsi le buzz.

logofbsantiago
Publié le 11 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

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