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CONCEPCION- Le lycée Charles de Gaulle épicentre de la communication

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 8 juillet 2023

Comment la communauté française de Concepción a-t-elle vécu le séisme du 27 février dernier ? Nous sommes allés interroger Sabine Dubernard, proviseur du lycée français Charles de Gaulle, qui, en plus de remettre en état de marche son école, n'a pas hésité à proposer son aide

Le lycée français de Concepcón, "Ambassade" post seisme (photo D.R)

Lepetitjournal.com : Après le tremblement de terre, quel a été votre premier réflexe ?

Sabine Dubernard : Je suis directement allée voir mon lycée, à 5h du matin. Le directeur du primaire était déjà passé. Nous nous sommes assuré que le gardien allait bien et nous lui avons demandé de rester dans la zone de sécurité. Même si l'état du lycée ne semblait pas critique, nous ne sommes pas allés vérifier, préférant attendre la lumière du jour et l'arrivée des professionnels.

Le séisme a été particulièrement violent à Concepción, comment l'avez-vous vécu ?
Notre quartier, le quartier universitaire de Concepción, n'a pas vraiment été touché. C'est donc plus tard dans la matinée, en allant un peu plus loin, que j'ai réalisé l'importance de la catastrophe. Les maisons étaient détruites, les rues désertes, des campements s'étaient installés dans les parcs, et aucun "carabiñero" ne circulait dans la ville? Il n'y avait ni eau, ni électricité. Dès le dimanche, des supermarchés et des pharmacies ont été saccagés, et les incendies ont commencé. A la radio, ils annonçaient l'arrivée de hordes qui allaient s'attaquer aux maisons. La peur était d'autant plus forte que, la nuit tombée, sans électricité, l'environnement semblait encore plus hostile. Le lundi soir, chaque quartier s'est barricadé de peur que celui d'en face vienne l'attaquer. Dans mon quartier aucune horde n'est arrivée, mais des gens sont restés enfermés dans leur maison plusieurs jours, armes en main. Le lundi, le premier couvre-feu a été installé, entre 21h et 06h, puis prolongé le mardi en vue de l'accroissement des pillages, passant de 20h à 12h. Ces couvre-feux ont complètement paralysé la ville. Toujours le lundi, les militaires sont rentrés en tanks dans notre quartier, armés jusqu'aux dents et applaudis du haut des fenêtres. Nous nous sommes vraiment sentis en pleine guerre civile? Le pire fut cette sensation d'insécurité post tremblement de terre?

Comment avez-vous réussi à contacter les élèves et le personnel du lycée ?
Les jours suivants, aucun téléphone ne fonctionnait. Nous avons donc décidé de rester au lycée pour prendre des nouvelles. Dès le lundi, nous avons  commencé à recenser toute la communauté scolaire. Les employés chiliens nous ont donné plus de mal puisqu'ils n'ont pas eu le réflexe lycée. Quelques familles ont perdu leur maison mais il n'y a eu aucun blessé grave.

Et vous avez également eu la visite de Français "extrascolaires"?
Effectivement, dès le samedi, des touristes français sont arrivés au lycée après avoir trouvé le consulat honoraire de Concepción fermé. Le dimanche matin, nous avons réussi à joindre l'Ambassade à Santiago et la seule liaison que nous avons pu établir fut entre mon portable et celui de Jean-Pierre Pasquiou, coordinateur régional de l'AEFE en poste à Santiago. Nous avons dû communiquer avec cette seule liaison pendant quelques temps puis l'Ambassade nous a envoyé des téléphones satellitaires. Le lycée est devenu un véritable lieu de rassemblement. Avec le directeur du primaire, nous avons fait le pont entre le Chili et la France pour une cinquantaine de Français désespérés de joindre leur famille ou de trouver un moyen de revenir en France.

Comment s'est organisée la réouverture du lycée ?
Dès le dimanche, des ingénieurs et architectes se sont succédés dans l'enceinte du lycée afin de contrôler son état. Nous avons fixé les meubles, condamné certaines salles et interdit le gaz. Les profs de bio n'auront même pas le droit à une petite bonbonne de gaz ! L'objectif est de revenir le plus vite possible à la normale en essayant de gérer les problèmes prévisibles. Le transport, par exemple, va poser problème puisque des élèves habitent de l'autre côté de trois ponts dont seulement un est resté debout. Nous avons donc comprimé les horaires et supprimé les activités périscolaires pour des raisons de sécurité. Et ce qui permettra aux parents inquiets d'avoir leurs enfants plus tôt à la maison.

Vous sentez-vous mieux préparés à affronter un prochain séisme ?

On ne peut savoir si un plan d'urgence fonctionne qu'une fois qu'il a été utilisé. Le séisme nous a donc permis d'améliorer le notre. Nous avons redessiné les trajets sécurisés et redéfini les zones de sécurité. Le plan n'était pas mauvais, seulement quelques détails ont été modifiés. Mais on ne peut pas prévoir toutes les éventualités, il faut qu'on apprenne à avoir les réflexes d'affronter n'importe quelle éventualité.

Propos recueillis par Chloé GEISS (www.lepetitjournal.com - Santiago) vendredi 9 avril 2010

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Publié le 9 avril 2010, mis à jour le 8 juillet 2023
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