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Yann Yvin, le chef français de retour pour la nouvelle saison de Masterchef Chili

yann yvin chef cuisinier francais au chiliyann yvin chef cuisinier francais au chili
Photo publiée sur le compte Instagram de Yann Yvin.
Écrit par Édouard Maury
Publié le 26 juillet 2021, mis à jour le 27 juillet 2021

Après plusieurs années d’éloignement, Yann Yvin revient sur Canal 13 pour la nouvelle saison de Masterchef Celebrity au Chili. Le premier épisode de l'émission a été diffusé hier soir, dimanche 25 juillet. L’occasion pour lepetitjournal.com Santiago d’interroger le chef français sur ce retour aux sources ainsi que sur ses activités au sein du territoire andin.

 

"Je reviens à la maison". Ce sont les mots qu’emploie Yann Yvin pour nous expliquer son retour sur le programme Masterchef. Après quatre saisons à succès entre 2014 et 2017, le chef français s’était éloigné de la célèbre émission pour vivre de nouvelles expériences sur d’autres chaînes. L’ancien cuisinier de l’Élysée explique revenir sur Canal 13 avec plus de recul et une personnalité différente de celle du "bourreau" que le public chilien avait tendance à lui prêter.

 

Pourquoi avez-vous décidé de tourner cette nouvelle saison de Masterchef au Chili ?

 

Je me suis posé la question en début d’année : pourquoi mon expérience en tant que jury de Masterchef entre 2014 et 2017, m’avait tant plu ? Début 2021, j’étais sur une autre chaîne à faire un autre programme et j’avais l’embarras du choix sur l’orientation que j’allais donner à ma carrière. Masterchef représentait pour moi ma première émission télé, là où tout a commencé. Je pense que la pandémie m’a donné envie de renouer avec les premières sensations que j’ai eu à la télévision chilienne. C’est un retour à la maison. Canal 13 c’est une télé familiale. Je reviens sur le programme avec de nouvelles sensations. En étant un nouveau Yann. On m’a connu dur dans mes commentaires sur les saisons précédentes. J’arrive maintenant avec plus de recul, avec une nouvelle philosophie de vie, avec un besoin d’enseigner. J’ai envie de revenir dans l’émission pour y amener une autre patte. Non plus basée sur des réprimandes mais sur la manière d’enseigner. Aussi, la télévision chilienne a changé aujourd’hui. Ce n’est plus le même langage, ce n’est plus la même réflexion. C’est intéressant de reprendre le programme mais de ne pas lui donner la même direction.

 

 

Trouvez-vous de l’inspiration dans ce que vous faites à Masterchef ? Apprenez-vous autant des candidats qu’ils apprennent de vous ?

 

Le mélange de culture est essentiel en gastronomie. Le plus important en cuisine c’est le partage. On ne finit jamais d’apprendre des autres. Chacun a son passé, ses préférences, un vécu. Et chacun donne un sens à sa cuisine. Chaque candidat va tenter des combinaisons que je n’aurai peut-être jamais osé moi-même en raison de ma culture française assez rigide.

 

Votre activité au Chili va bien plus loin que Masterchef. Qu’est-ce qui vous a poussé à lutter contre la "malbouffe" ?

 

Avec l’âge on arrive à un moment où on a davantage envie de donner que de recevoir. Le Chili est le premier pays au monde en termes d’obésité infantile. Pour lutter contre cela, j’interviens dans les écoles, les collèges et les lycées puisque pour intéresser les plus jeunes il faut aller au plus près d’eux. Je donne des séminaires, je fais des cours avec les professeurs. Et puis, je reviens voir ce qui a été fait dans la semaine, j’apporte des corrections, enfin je fais un suivi sur plusieurs mois pour avoir un œil un peu plus actif. Les plus petits sont les plus à mêmes à comprendre le problème et à enseigner eux-mêmes à leurs parents. Il y a un réel besoin de rapprocher les enfants de la cuisine. Ils n’y sont pas habitués mais ils ont besoin de la découvrir parfois juste en touchant simplement les aliments : la plupart ne savent pas de quel couleur est une aubergine ! J’interviens aussi dans des "poblaciones" auprès de municipalités, de femmes. Je leur explique ce qu’est la nourriture : les aliments d’origines animales, végétales ou ceux qui sont fabriqués de façon industrielle. J’essaye de leur apprendre ce pilier essentiel qu’est l’eau. Mon deuxième cheval de bataille est le sucre. C’est le seul aliment dont le corps n’a pas besoin puisque tout aliment ingéré se transforme naturellement en sucre dans le corps. Il n’y a donc pas besoin de sucre ajouté.

 

Je me sens bien plus utile ici que je ne pourrais l'être en France.

 

Vous dites que la pandémie a joué sur votre retour à Masterchef. A-t-elle aussi impacté votre façon de voir la cuisine ?

 

Disons qu'elle m’a conforté dans mon idée. On s’est rendus compte, pendant les confinements successifs, que le repas familial, la table, était un élément principal dans la vie de tous les jours. Les gens ont recommencé à faire de la cuisine, à faire des gâteaux avec leurs enfants, à se reconnecter avec les ingrédients. C’est tout le côté social de la gastronomie que l’on a redécouvert. La pandémie a remis l’heure du repas en famille au goût du jour. Surtout au Chili où les enfants étaient plutôt habitués à manger dans leur chambre devant leur écran.
 


 

Lors de votre dernière interview dans notre journal, en 2015, vous disiez vouloir mettre en avant les produits locaux chiliens. Ces producteurs ont-ils été affectés par l’épidémie ? 

 

Non, la pandémie n’a pas tant affecté les producteurs locaux. La reconnexion des gens avec la cuisine a permis à ces producteurs de conserver leur clientèle, voire de l’élargir. Ils se sont servis de l’explosion des réseaux sociaux pour communiquer. Cependant la pandémie a bien plus touché les restaurateurs. C’est un secteur qui a morflé. Surtout au Chili qui sortait tout juste du mouvement social et où les commerçants et les restaurateurs, notamment dans le centre de Santiago, ont fortement été touchés. Et puis, ensuite est arrivée la pandémie. C’est difficile pour eux de payer les loyers, d’avoir des conditions favorables avec les banques, ou d’obtenir des aides du gouvernement. Mais le Chili a une force, une résilience pour faire face à toutes les catastrophes. J’ai confiance en les restaurateurs pour qu’ils trouvent des solutions à ce trou financier, avec la livraison à domicile par exemple. Il faut se réinventer en permanence pour survivre et les Chiliens sont bons pour cela.

 

Quand on se balade à Santiago, on remarque beaucoup de restaurants péruviens, vénézuéliens, italiens, mais très peu de chiliens. Le Chili a-t-il une gastronomie qui lui est propre ?

 

Les Chiliens possède une gastronomie qui était peu prononcée. Lors du premier Masterchef que nous avons réalisé, il y a 7 ans, c’était la première fois qu’on parlait réellement de gastronomie chilienne avec un "poroto granado", ou un "congrio frito". Il commence à y avoir une affirmation des plats chiliens. Je comprends que lorsqu’on est étranger, il est très difficile de trouver un restaurant chilien. Mais il faut davantage sortir de Santiago pour cela. En allant dans la région del Biobío par exemple. Le regard des Chiliens sur leur cuisine a changé depuis quelques années et je pense faire partie d’une génération de chef qui se fascine de nouveau pour la cuisine locale.
 


 

Quels sont vos projets pour le reste de l'année 2021 ?

 

Je vais continuer mon combat contre l’obésité en Colombie. Je vais essayer d’alerter les Colombiens sur ce fléau et tenter de leur faire découvrir ce qu’est le bien manger. De même, les Français seront ravis de découvrir que je vais lancer une émission sur la route du fromage au Chili. Le tournage commencera en septembre et je ferai le tour du pays à la rencontre de petits producteurs de fromages qui font de très bonnes choses. 

 

Y a-t-il une chance de vous voir un jour à la télévision française ?

 

Je prends beaucoup de plaisir à faire de la télévision. Mais elle me sert aussi à communiquer, à ce que le grand public me découvre. Quand les gens vous connaissent, il est bien plus facile de faire passer un message. Et c’est en ce sens que ma présence à la télévision chilienne me permet de lutter contre la "malbouffe". L’Amérique du Sud est le premier continent touché par l’obésité. Et je me sens bien plus utile ici que je ne pourrais l'être en France.

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