Édition internationale

MINEURS – A qui profite "les 33"? Au Chili et au Président

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Enorme drapeau chilien destiné à cacher la sortie des mineurs. A la demande des médias , il a été enlevé et le monde entier a pu assister en direct aux retrouvailles des mineurs avec leurs familles (photo gouv.)

L'accident de la mine de San José le 5 août dernier puis le sauvetage quasi-miraculeux des 33 mineurs prisonniers ont tenu en haleine les spectateurs du monde entier. Plus médiatisée que le tremblement de terre de février dernier, l' « épopée des 33 » a été une véritable secousse médiatique pour le pays et pour le monde selon, une étude du centre Medios, Reputación e Intangibles (MRI) de l'Université de Navarre, en Espagne. Zoom sur une aventure qui n'est pas prête d'être ensevelie !

Le 5 août 2010, la mine de San José s'écroule. 33 mineurs restent prisonniers sous terre, à plus de 700 mètres de profondeur. Ils devront attendre le 13 octobre pour pouvoir sortir de leur « prison », à la suite de missions de sauvetage hors du commun. Cette « aventure » extraordinaire a tenu en haleine des millions de spectateurs au Chili et partout dans le monde. Le sauvetage, l'intervention des politiques et l'accent mis sur la personnalité des victimes, tous ces éléments ont contribué à fabriquer une histoire au fort intérêt médiatique. Plus de 1.500  journalistes, nationaux et internationaux étaient présents le jour du sauvetage, les yeux rivés sur un trou de moins d'un mètre de diamètre. Le centre de Medios, Reputación e Intangibles (MRI) de l'Université de Navarre, en Espagne, a suivi de très près ces évènements afin d'évaluer leur impact médiatique sur les héros de l'histoire, sur l'image et la réputation du Chili. Résultats ? Les mineurs, les politiques et le Chili, tous les protagonistes de ce « sauvetage-spectacle » en sont sortis gagnants !

Le Chili, grand gagnant

Les élections présidentielles du 17 janvier 2010 dont Sebastian Piñera est sorti vainqueur ont marqué le début d'une année riche en rebondissements. Le tremblement de terre de magnitude 8,8 qui a suivi en février,  et le retour du Chili dans la compétition de la Coupe du Monde de Football en juillet en Afrique du Sud ont occupé les médias chiliens mais aussi étrangers. Mais ce sont définitivement les mineurs qui remportent, haut la main, la palme d'or des événements les plus médiatiques. En effet, le destin des « 33 » a passionné le monde entier. Pendant les 70 jours de captivité des travailleurs, le Chili a bénéficié d'une couverture médiatique exceptionnelle. Selon les études du MRI de l'université espagnole, la moyenne habituelle du poids médiatique du Chili est d'environ 5 points. Milieu octobre, le Chili atteint 14 points de valeur médiatique. Score impressionnant, qui détrône les 12 points obtenus par le tremblement de terre de février dernier. De plus, ce sauvetage presque inespéré a renforcé l'association des mots « succès » et « Chili » dans les médias internationaux. Une vague médiatique que le Président Piñera a exploité à l'extrême, allant jusqu'à offrir des pierres de la mine à la reine d 'Angleterre,  lors de son voyage en Europe qui a suivi immédiatement l'évènement.

Tournée européenne , aura mondiale

Il est vrai que  les personnalités  politiques aussi sont devenus des personnages à part entière de cette aventure. D'après l'enquête menée par le MRI, à partir du 13 octobre, le nom du Président a été évoqué quatre fois sur dix dans les articles et commentaires concernant le sauvetage. «  Excellence », « Cohérent », « Respecté », tous ces adjectifs se sont associés dans les différents médias du monde à la personne du Chef d'Etat après la sortie triomphale des mineurs. Le centre MRI conclut ainsi que les carrières politiques de Piñera et de ses collaborateurs, comme Laurence Golborne, ministre des mines ou Jaime Mañalich, ministre de la santé, seront pour toujours liées à la réussite de ce sauvetage, avec le bénéfice évident que cela comporte pour la continuité de leur vie politique.

Mais à côté des hommes politiques, certains mineurs ont pris la vedette pour diverses raisons : Florencio Avalos et Mario Sepúlveda, les premier et deuxième sortis, Luis Urzua ou encore Carlos Mamani, le seul bolivien. L'analyse du récit médiatique international fait par l'Université de Navarre suggère qu'avec le temps, aucun protagoniste individuel n'émergera et que le monde ne se souviendra que du « miracle des 33 ». Et peut-être un peu des conditions précaires du travail dans certaines mines du Chili.

Laure Gouton (www.lepetitjournal.com Santiago) vendredi 12 novembre

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Publié le 12 novembre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012
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