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IMMIGRATION - "Au Chili, il n'y a pas de relation entre augmentation des migrants et hausse de la délinquance"

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Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 1 décembre 2016, mis à jour le 10 octobre 2018

Un récent rapport du ministère des affaires étrangères indique qu'à peine 1% des détenus dans les prisons chiliennes sont étrangers.

En observant le débat public au Chili, il semblerait que le problème principal du pays soit l'immigration. A moins d'un an de l'élection présidentielle, l'opposition de droite est montée au créneau pour dénoncer une importante population d'immigrants qui ne travaille pas, ne contribue pas à l'économie et grossit les rangs de la délinquance.

A l'origine de la polémique, l'ex-président Sebastián Piñera, pressenti pour se représenter en 2017, assure que « beaucoup de bandes de délinquants au Chili, comme celles qui clonent des cartes bancaires, sont aux mains d'étrangers ».

Sur la même ligne, le sénateur de centre-droit et pré-candidat présidentiel, Manuel José Ossandón, accuse les résidents de nationalité étrangère de provoquer « un choc culturel violent pour les chiliens » et de vouloir faire du Chili « une nouvelle niche pour commettre des délits ».

Mais confrontées aux faits, ces déclarations ne tiennent pas. Si la proportion d'immigrants au Chili a connu une hausse importante ces dernières années, elle ne représente que 2,8% de la population totale, contre 13% en moyenne dans les pays de l'OCDE, dont le Chili fait partie.

D'après le rapport du ministère des affaires étrangères, publié en septembre dernier, le nombre d'étrangers détenus dans les prisions chiliennes était de 5.415 en 2015, soit seulement 0,97% de la population carcérale totale (553.513).

Pour Pablo Aranda, chef de l'Unité de défense pénale de la Défense Pénale Publique (« Defensoría » en espagnol), ces chiffres démontrent que la population d'immigrants au Chili commet proportionnellement moins de délits que les Chiliens. « Dans leur grande majorité, les migrants sont des personnes qui viennent pour rechercher du travail et non pour commettre des délits ».

Les étrangers travaillent plus que les Chiliens

Aranda ajoute même que la population de migrants, à mesure qu'elle croît au Chili, est de plus en plus victimes de délits. « Alors que la quantité d'étrangers détenus a diminué de 6% entre 2014 et 2015, le nombre de victimes étrangères a augmenté de 14%, précise-t-il. Au Chili, il n'y aucune relation entre augmentation des migrants et hausse de la délinquance ».

Selon la dernière enquête Casen, les étrangers au Chili comptent en moyenne 12,6 ans de scolarité contre 10,7 pour les Chiliens. Le taux d'occupation des premiers atteint 71,9% contre 52,8% pour les seconds.

Les faits démontrent qu'au Chili les immigrants commettent moins de délits, travaillent plus, ont un niveau d'éducation supérieur et contribuent plus à l'économie nationale que les Chiliens. La polémique déclenchée par l'opposition donne donc une vision totalement déformée de la réalité de l'immigration au Chili.

Alexandre Hamon (lepetitjournal.com/santiago) - Jeudi 1er décembre 2016

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Publié le 1 décembre 2016, mis à jour le 10 octobre 2018

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