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CEPAGE - Le carménère, "redécouvert" il y a 20 ans ...

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 18 novembre 2014, mis à jour le 18 novembre 2014

Le Chili fêtera en novembre les 20 ans de la redécouverte "fortuite" du carménère, un cépage français que l'on croyait disparu depuis la fin du 19e siècle et retrouvé par hasard au coeur d'un vignoble au centre du pays, dont il est devenu le vin fétiche

Le terroir chilien a révélé son secret le 24 novembre 1994, quand l'ampélographe (expert dans l'identification des vignes) français Jean-Michel Boursiquot a identifié par hasard du carménère dans une parcelle de merlot de la Viña Carmen, une des plus anciennes propriétés du Chili, située dans la vallée de Maipo, à 40 km au sud de Santiago.
Jusqu'à cette date, le carménère était confondu avec "un merlot chilien", qui tardait à mûrir.
"Il a fallu une série des coïncidences pour que cela se produise", raconte à l'AFP Sebastian Labbé, oenologue à Viña Carmen. "Jean-Michel est arrivé pile au bon moment au Chili, et il a choisi notre vigne, l'endroit exact qui a permis de découvrir le carménère", poursuit-il.
"S'il était venu un mois avant ou un mois après, nous aurions continué de vendre ce vin comme du merlot", sourit le professionnel.

En deux décennies, le Chili, quatrième exportateur mondial en volume de vin, a fait du carménère son vin fétiche, la surface cultivée passant de 300 hectares en 1997 à 10.700 ha en 2013, 84% de la superficie de carménère cultivée au monde.
Le pays andin est également le principal producteur de ce vin, avec 93,9 millions de litres en 2013, dont 21 millions exportés, principalement à destination du Brésil, de la Chine et des Etats-Unis.

Dans la cour des grands
On croyait ce cépage éteint depuis 1860, quand les vignes françaises ont été décimées par une épidémie de phylloxéra.
Le carménère serait arrivé de France au Chili entre 1840 et 1890, caché parmi des plants d'autres variétés, comme le cabernet, le merlot ou le sauvignon blanc, et sa survie à travers les âges serait due au terroir chilien, qui a toujours échappé à ce parasite, un insecte ravageur.
"Au Chili, les conditions ont été optimales pour que le phylloxéra n'attaque pas", assure M. Labbé, évoquant "les taux de cuivre dans les sols, la grande quantité de sable et une certaine toxicité" du terroir pour ce parasite.
La protection offerte par les Andes, le soleil estival et printanier, en plus de la brise océanique, ont également favorisé cette culture.
La découverte de ce cépage a provoqué un débat dans le secteur viticole local, entre ceux estimant qu'il fallait commercialiser ce vin comme "un merlot chilien" et ceux prônant l'usage de la mention carménère.
Finalement, il a été choisi de miser sur le nom d'origine du cépage, dont l'arôme "végétal" rehaussé d'une pointe de poivre et les notes terreuses laissent "une douceur en bouche" qui le rendent difficile à égaler, assure M. Labbé.
En 1996, Viña Carmen a produit sa première bouteille de carménère, rapidement suivie par les autres propriétés.
"Le carménère est encore un bébé dans ses langes apprenant à marcher", affirme toutefois Andrés Lavados, gérant du domaine Viña Santa Rita.
Jeune vin, le carménère doit encore conquérir ses lettres de noblesse pour rivaliser avec les cépages historiques comme le cabernet sauvignon, la syrah ou le malbec et séduire les spécialistes, afin de consolider sa place sur le marché international.
"Nous souhaitons que le carménère soit vu comme un vin de première division, mais il existe encore quelques réticences de la part des amateurs se demandant s'il fait partie des meilleurs cépages", explique M. Lavados.

S.R avec © 2014 Agence France-Presse (www.lepetitjournal.com/santiago) mardi 18 novembre 2014

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Publié le 18 novembre 2014, mis à jour le 18 novembre 2014

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