Victor Jara, le grand chanteur assassiné par la dictature en 1973, a bénéficié de deuxièmes funérailles, suivies par plusieurs milliers de personnes samedi dernier
Victor Jara, membre du parti communiste, s'engage aux côtés du président Salvador Allende dès le début de la campagne du parti « Unidad Popular » en 1970. En tant qu'ambassadeur culturel du régime socialiste, il est arrêté le jour même du coup d'Etat, le 11 septembre 1973, et emprisonné au Stade National. Il représente la liberté d'expression, la culture et l'art, ce qui fait de lui un martyr quand les militaires lui écrasent les doigts et lui coupent la langue pour l'empêcher de chanter. Le 16 septembre 1973, il est finalement exécuté par balle. L'écrivain Miguel Cabezas raconte que les militaires lui auraient ordonné de chanter ainsi, et que, la voix brisée, il aurait entonné l'Hymne national, malgré ses souffrances. Furieux, un militaire l'aurait alors assassiné.
Une enquête ouverte en juin par la justice a permis de reconstituer les circonstances de sa mort, d'où l'exhumation du corps et les nouvelles obsèques, mais on ne connaît toujours pas le nom de l'officier qui a donné l'ordre d'abattre le chanteur.
Des funérailles d'honneur
Pour les deuxièmes funérailles du chanteur, des milliers de personnes se sont rassemblées à Santiago samedi 5 décembre et ont escorté le cercueil pendant près de sept heures à travers les rues, sous un soleil de plomb. La foule reprenait en cœur la plus célèbre des chansons de Victor Jara, « Te recuerdo Amanda ». C'était la première fois qu'un cortège aussi important accompagnait les obsèques d'un artiste, au milieu des drapeaux rouges, des portraits du chanteur et des œillets jetés sur le cercueil. Les restes du chanteur ont été amenés au Memorial de detenidos desaparecidos.
Le chanteur du peuple
Les chansons de Victor Jara, comme « Las casitas del Barrio Alto », critiquaient la bourgeoisie chilienne, et rendaient hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines, comme « El corrido de Pancho Villa », mais également au peuple et à l'amour.
Mathilde Nicolaï (www.lepetitjournal.com/Santiago) mardi 8 décembre 2009
{mxc}





