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IDEE WEEK-END – Londres 38, une adresse sordide ; un quartier charmant

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

Derrière l'église San Francisco de Santiago  postée sur l' Alameda, se cache un quartier de Santiago aux airs européens. "París-Londres" ;  deux rues à découvrir dans le centre de Santiago, sinueuses et pavées, bordées de superbes demeures et de petits cafés. Au numéro 38 de la rue "Londres", une maison témoigne des horreurs de la dictature. Elle se visite depuis janvier dernier

Un passant se promenant dans la rue "Londres", en plein centre de Santiago, ne remarquerait pas forcément le nº38. Derrière des murs simples et abimés par le temps, se trouve aujourd'hui une adresse lourde de souvenirs. Appartenant au Parti Socialiste avant le coup d'état, cette maison fut occupée par la DINA, la police secrète du régime, dès l'arrivée de Pinochet au pouvoir. Le lieu fut alors transformé en centre de détention et de torture entre 1973 et 1974, le premier d'une longue liste,  jusqu'à l'ouverture  de la Villa Grimaldi. Le temps a passé mais le souvenir des atrocités commises dans ces murs reste toujours obsédant. Des associations de victimes ont oeuvré pour récupérer la maison au nom de la mémoire. Devenue propriété de l'état enfin, en 2007, elle est gérée avec des subventions, chaque fois plus minces. Depuis janvier dernier, des visites dans ses murs glaciaux y sont organisées, mais un projet de musée est en cours.

Un silence assourdissant

Dans ses 600m2 sur deux étages, les opposants au régime étaient torturés jour et nuit. On nous raconte que pour couvrir les cris des prisonniers, les tortionnaires mettaient de la musique si forte que la maison était surnommée par les voisins « La casa de la musica ». Au premier étage, les prisonniers attendaient leur tour menottés et les yeux bandés. Au deuxième étage, ils étaient torturés. Aujourd'hui, les murs tombent en miette et les salles sont vides mais l'atmosphère y est pesante. Le visiteur peut presque entendre les cris de douleur des torturés et l'on voudrait prendre ses jambes à son cou. A peu près 2.000 prisonniers sont passés par cette maison, 96 d'entre eux ont été exécutés, ont disparu ou sont morts des conséquences des tortures. Des plaques commémoratives rappelant leurs noms sont insérées dans les pavés de la rue "Londres". C'est une signalisation volontairement au sol pour rappeler que, les yeux bandés, les pavés étaient les seuls détails que les prisonniers pouvaient entre-apercevoir durant leur détention. Cet immeuble a depuis été déclaré monument historique.

L'Europe à Santiago

Le contraste entre l'atmosphère accablante qui règne dans cette maison des horreurs et le calme des rues Paris-Londres est frappant. En effet, derrière l'église San Francisco (1628), à l'angle de l'Alameda (de son vrai nom Bernardo O'Higgins, artère principale de Santiago), s'échappent quelques ruelles pavées loin du bruit et de l'agitation du centre ville pourtant à quelques pas. Ces ruelles nommées "Londres"et "Paris", sont bordées de majestueuses demeures de 3 ou 4 étages. Ces quatre pâtés de maisons sont surtout connus des nombreux touristes logeant dans les anciennes demeures transformées en hôtels. A l'origine propriété des moines franciscains, ces terrains centraux et agricoles furent vendus en raison des difficultés financières de l'Église au début du XXème siècle. En 1922, Ernesto Holtzman et Roberto Araya, deux entrepreneurs visionnaires, décidèrent donc d'implanter un nouveau secteur urbain dans les prés des moines franciscains. La construction, qui dura de 1923 à 1929, fut l'?uvre d'architectes de grand renom de l'époque comme Cruz Montt et Larraín Bravo. Ils travaillèrent dans divers styles : néo-colonial avec Cruz Montt (Londres 65, qui héberge aujourd'hui l'Institut Chilien de Recherches Généalogiques), renaissance italienne avec Ricardo Larraín (Londres 63), "Beauxartine"d'Alberto Álamos au coin sud-ouest des rues Londres et París et la néoclassique française d'influences baroques de l'architecte Knockaert (Londres 70).

Laure Gouton avec Héloïse Grasset (www.lepetitjournal.com Santiago) vendredi 1 avril

°Londres 38 Visites guidées de mardi à vendredi à 12h00 et à 16h00. S'informer au préalable sur le site internet, par email: visitas@londres38.cl ou par téléphone 6 325 03 74

Entrée et visites gratuites

logofbsantiago
Publié le 1 avril 2011, mis à jour le 14 novembre 2012
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