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DENIS PALLUAT DE BESSET – "Total ne pouvait plus ignorer le Brésil"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 25 mai 2014, mis à jour le 9 février 2018

Le directeur de Total Exploration - Production au Brésil et représentant du groupe Total dans le pays est le deuxième invité de l'entretien du mois de la newsletter de la Chambre de commerce France-Brésil (CCFB) de Rio, partenaire du Petitjournal.com. En poste depuis trois ans, Denis Palluat de Besset revient sur les activités de Total au Brésil qui représente près de 3.500 employés.

CCFB : Quelle est l’importance du Brésil dans la stratégie globale du groupe Total ?
Denis Palluat de Besset :
Il y a peu, le Brésil n’était pas encore très important. La première activité de Total au Brésil date de 1978, mais notre présence a augmenté à partir des années 1990, principalement dans le secteur des produits chimiques. Nous avons passé des années à étudier le Brésil, sans jamais prendre la décision de le rendre stratégique. Après la découverte du champ du Pre-Sal par Petrobras en 2006, Total a commencé à penser au Brésil différemment, et en 2009, notre président a décidé que c’était l’heure d’investir dans le pays. Avec une telle découverte, le Brésil est devenu un pays très important en termes de réserves, de production et de potentiel pour le futur. Total, qui est la 5e plus grosse entreprise privée dans le secteur des hydrocarbures et ne pouvait plus ignorer le Brésil, a pris la décision d’augmenter sensiblement les effectifs et les moyens pour développer Total Exploration - Production au Brésil.

Certains analystes pensent que l’économie brésilienne tend vers la stagnation alors que d’autres la considèrent encore  comme l’une des plus prometteuses du monde. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Je crois que le Brésil a toutes les cartes en mains pour continuer à avoir de la croissance, qu’elle soit de 1%, 2% ou 10%. Cela dépendra des politiques du gouvernement et de plusieurs autres facteurs. Mon pronostic est que cette croissance se maintienne à 2 ou 3%, c’est un consensus pour tous. La croissance du Brésil nous importe, mais nous ne dépendons pas seulement de cela. Le plus important pour nous, c’est le prix du baril de pétrole et cela ne dépend pas du Brésil, mais de l’offre et de la demande mondiales. Ainsi, il pourrait y avoir une récession dans le pays, ce qui n’arrivera pas, mais à partir du moment où la demande globale de pétrole reste suffisamment forte pour maintenir le prix du baril aux alentours de 100 dollars, nous continuerons à avoir de la croissance. Nous espérons que le Brésil continuera à avoir de la croissance pour que d’autres secteurs de Total continuent à se développer, comme c’est le cas des filiales de lubrifiants ou de produits chimiques.

Comment voyez-vous l’intégration commerciale entre la France et le Brésil ?
Il existe en effet une forte intégration. Dans notre secteur, elle est due à deux facteurs. Un facteur plus général qui est la relation forte qui existe entre la France et le Brésil. Les Brésiliens aiment la France et comprennent les Français, comme les Français aiment le Brésil et comprennent les Brésiliens. Nous pouvons facilement partager des travaux, des objectifs, parler le même langage, nous possédons une culture plus ou moins commune, qui nous permet de bien travailler ensemble, de manière efficiente, dans une coopération positive. Et cela n’est pas le cas dans tous les pays, comme la Chine par exemple. En raison des barrières culturelles et linguistiques fortes, cela rend la coopération bien plus difficile. La particularité, c’est que Total est une entreprise de la même taille que Petrobras, qui travaille dans le même secteur. Elle est très forte en offshore et en deep offshore et nous, nous sommes très forts en deep offshore. Elle travaille principalement ici au Brésil, nous, nous travaillons dans le monde entier. Mais la technologie, les développements et les défis auxquels nous faisons face sont globalement les mêmes. Nous avons des réponses différentes pour une même problématique. Cela contribue au fait que Total et Petrobras ont une relation culturelle et technique, principalement depuis 2013, avec le 11e tour des licitations de l’ANP (Agence nationale du pétrole au Brésil) en mai ou avec le zone pétrolière de Libra, que nous avons gagné en coopération avec elle en octobre dernier. Le rapprochement entre les deux est un facteur d’intégration entre la France et le Brésil qui va continuer. La stratégie de Total ici est de travailler avec Petrobras, car elle est la première entreprise du secteur du pays, elle possède une grande capacité, mais en même temps, elle a besoin d’aide technologique et d’idées. Nous pouvons les lui apporter. Tous les contrats que nous avons gagnés durant le 11e tour et pour le Libra stipulent que nous allons coopérer avec Petrobras pendant 35 ans. Je suis certain que cette coopération augmentera encore cette année.

Quelles sont les principales particularités que le secteur pétrolier brésilien possède en relation avec les autres pays où Total réalise aussi cette activité ?
Ici, il y a encore un potentiel énorme pour l’exploration et la production. Nous pensons que nous allons encore trouver plus de réserves de pétrole et de gaz au Brésil dans le offshore ou onshore dans les prochaines années. Les gisements sur le territoire brésilien sont si importants que Petrobras seul ne pourra pas les développer. Pour cela, le Brésil a besoin des entreprises étrangères pour apporter de la technologie et continuer le développement de l’industrie pétrolière. En plus de cela, le Brésil offre une stabilité politique et économique très intéressante, l’une des caractéristiques de cette industrie est que nous travaillons à très long terme. Le contrat de Libra a une durée de 35 ans, et durant les 10 ou 12 premières années, nous allons investir plus que nous allons gagner. Nous avons besoin d’un temps très long de stabilité politique, économique et fiscal pour le succès de nos projets. Le Brésil passera par certains événements, changements, mais nous ne voyons pas de difficultés sur le long terme dans le pays.

Total est l’une des plus grandes entreprises mondiales de pétrole et de gaz. À quoi est dû ce succès au Brésil ?
Premièrement, ce succès est dû à la décision de considérer le Brésil comme un pays stratégique et de faire des efforts d’études et d’investissements pour pouvoir gagner plus de concessions. Le second facteur est dû au résultat de toutes les équipes de Total : les équipes techniques, des nouvelles technologies, au management, qui ont fait tous les efforts nécessaires pour faire de cette stratégie une réalité. Le troisième facteur, très important, c’est le travail que nous avons fait avec Petrobras pour nous rapprocher et montrer que Total est un partenaire de haut niveau, qui apporte de la valeur ajoutée à tous ses secteurs, au niveau de la technologie, de l’expérience ou de la connaissance géologique. Nous avons fait diverses activités avec elle pour le lui montrer. Cela a créé petit à petit un partenariat entre les deux entreprises. L’an dernier, nous avons emmené 40 experts en technologie pour deux jours de travail avec Petrobras et nous avons emmené toute la direction de Total pour se rapprocher d’elle. Nous avons très bien travaillé avec elle dans d’autres pays et cela développe une relation de confiance, où Total se voit comme un partenaire qui apportera de la valeur, de la technologie et du personnel qualifié et Petrobras comme un partenaire qui connaît très bien le Brésil, son aire géologique et sait travailler ici.

Propos recueillis par la CCFB, traduction de Damien LARDERET (www.lepetitjournal.com - Brésil) lundi 26 mai 2014

- Lire l'intégralité de l'entretien sur la newsletter de la CCFB

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Publié le 25 mai 2014, mis à jour le 9 février 2018

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