Signé par d’anciens représentants socialistes européens, dont l’ex-président François Hollande, l’espagnol Zapatero ou encore le belge Di Rupo, un texte appelle à la libération de prison de Lula Da Silva, ex-président brésilien. Mais voilà, la prise de position « solidaire » agace sévèrement le pays.
La prison ne lui sied pas tellement. L’ancien chef de l’État brésilien purge depuis le 7 avril une peine de douze ans de prison pour des faits de corruption. Pour rappel, l’enquête Lavage express (« Lava Jato », en portugais) a mis à jour l’une, sinon la plus vaste affaire de corruption d’Amérique latine. Au total, plus de 300 politiciens et hommes d’affaires brésiliens, dont Lula, ont terminé leur course derrière les barreaux.
Mais voilà que le « père des pauvres » a de la ressource. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 17 mai, l’icône de la gauche brésilienne déclare : ‘’Je suis candidat à la présidence du Brésil [...] car je n’ai commis aucun crime et parce que je sais que je peux faire en sorte que le pays reprenne le chemin de la démocratie et du développement’’.
En prison et toujours populaire
Toujours adulé par ses nombreux partisans, le charismatique Lula a récemment reçu le soutien de plusieurs dirigeants socialistes européens. Lundi dernier, François Hollande, l’ex-Premier ministre socialiste belge, Elio Di Rupo, ou encore l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero ont lancé un appel pour que ‘’Lula puisse, demain, se présenter libre au suffrage du peuple brésilien’’.
Derrière les barreaux, l’ex-leader de la lutte ouvrière brésilienne peut-il espérer regagner les plus hautes sphères de l’État ? Rien n’est certain. Lula jouit toujours d’une importante base de soutiens. Lors de sa reddition, en mars dernier, des manifestants avaient même bloqué la police pour l’empêcher de rejoindre les locaux de la police fédérale. L’icône brésilienne est d’ailleurs régulièrement annoncée en tête des intentions de vote pour le scrutin d’octobre.
Pour autant, avant de rêver à une éventuelle réélection, il persiste un « petit » problème. Selon la Constitution brésilienne, l’ex-président est déchu de ses droits civiques car il a été condamné en première instance et en appel.
Une prise de position qui agace le gouvernement brésilien
La pétition des socialistes européens fait déjà des vagues. Pour le ministre des Affaires étrangères, Aloysio Nunes elle constitue ‘’un geste chargé de préjugés, arrogant et anachronique’’. J’ai entendu avec incrédulité les déclarations de personnalités européennes qui, ayant perdu de l’audience chez elles, se sont arrogé le droit de donner des leçons sur le fonctionnement du système judiciaire brésilien’’, a-t-il réagi dans un communiqué.
Le ministre poursuit : En suggérant une exception [d’inéligibilité, ndlr] pour l’ex-Président Lula, ces messieurs prônent une violation de l’État de droit. Ils feraient ça dans leur pays ?
Toujours très actif et suivi sur twitter, le « père des pauvres » a décidément une place toute particulière dans le cœur de certains. En 2010, il avait quitté le pouvoir avec 80 % popularité. Un chiffre qui a de quoi faire saliver plus d’un dirigeant européen.
Autre preuve d’un soutien quasi-indéfectible, l’ex-président a reçu en avril l’encouragement d’Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix en 1980. L’ancien activiste argentin avait lui aussi lancé une pétition pour… que le prochain prix Nobel de la paix soit attribué à Lula. ‘’Il n’y a aucune justification judiciaire de ce qui se passe… Tout est fait pour l’empêcher de participer aux prochaines élections.’’ Pour le moment, le texte a déjà reçu plus de 250.000 signatures.