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SOCIETE - Un îlot d’amour à la Vila Mimosa

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

A quelques mètres de la rue principale de la Vila Mimosa, deux religieuses, Sœur Maribel et Sœur Véronique, reçoivent les prostituées dans la chapelle de l'évêché. Aidées par des volontaires françaises, elles transmettent un message d'amour et de dignité à des centaines de femmes

Ce jeudi matin, sous un ciel laiteux et pesant, les bars de la rue principale sont animés par le va-et-vient des clients. Ici, c'est ouvert à toute heure. Des bars encastrés dans des baraques en tôle, des chambres au-dessus, une rue pleine de boue. Voici le décor de la Vila Mimosa ! "C'est un nom paradisiaque pour désigner un enfer", annonce Isabelle, présidente de Rio Accueil et bénévole pour aider les sœurs de l'association Mère de Miséricorde, qui s'est implantée ici pour écouter et aider les prostituées.

La Mission
Il y a cinq ans, Sœur Maribel décide que c'est au cœur de ce quartier de misère et de violence qu'elle va travailler. Née en Uruguay, elle parle parfaitement français et portugais. Il y a peu, elle a prêté ses vœux d'obéissance, de chasteté et de pauvreté. Du haut de ses 29 ans, elle dégage une autorité bienveillante. "Je ne vais pas leur dire que c'est pas bien d'être prostituée, mais je leur apprend à s'aimer, et éventuellement à trouver en elle la force de changer de vie", explique Sœur Maribel. Dans la chapelle, les femmes sont accueillies pour prier, chanter et écouter le prêche de Sœur Maribel ou Sœur Véronique. Mais l'objectif est aussi de recenser les femmes. Plus de 800 sont passées par la chapelle des Mères de la Miséricorde. "On leur demande un CPF, un justificatif de domicile, sinon pas de 'cesta basica', ni de vêtements", tranche Sœur Véronique, réunionnaise d'origine, qui reçoit les prostituées. L'association ne vit que de dons, et ne peut pas offrir de 'cesta basica' (des paniers d'aliments non périssables et produits d'hygiène) à tout le monde. Il faut être sûr qu'elles travaillent bien à la Vila Mimosa, car le projet est réservé à ces femmes là.

L'écoute avant tout
Et pour donner un coup de main, des bénévoles françaises viennent deux fois par semaine apporter des vivres, des vêtements, faire l'inventaire des stocks. Elles ont aussi vocation à recevoir et écouter les femmes, selon les conseils et indications de Sœur Véronique. "C'est douloureux, mais nous devons parfois dire non", explique la religieuse, "un jour, une femme est arrivée toute nue dans la chapelle, on lui a donné des habits, et le lendemain, elle est revenue, nous avons du lui refuser de nouveaux vêtements". Contrairement à la prostitution de luxe des quartiers huppés de Copacabana où la passe se négocie entre 150 et 600 R$, à la Vila Mimosa, les femmes se prostituent pour 25 R$. "Elles font ça pour survivre, donc parfois elle acceptent pour 5 ou 10 R$", ajoute Sœur Maribel. Elles doivent payer leur chambre (autour de 5 R$), et l'éventuel préservatif. La plupart ont des enfants à nourrir, jusqu'à 14 pour certaines. "Nous on ne donne pas de préservatif, on oriente vers le poste de santé qui fait ce travail de prévention, mais nous, notre rôle c'est l'écoute", explique Sœur Maribel.

Marie Naudascher (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 13 décembre 2011

Comment venir en aide à la Mission?
La Mission de Vila Mimosa fonctionne essentiellement grâce aux dons. Si vous souhaitez les soutenir vous pouvez faire un don soit en déposant sur leur compte bancaire directement : Associação Mãe de Misericórdia Filial Rio de Janeiro, CNPJ : 13.369.728/0001-37, Banco Bradesco CC 75080-8 Agence 0814, CPF 060215537-13 au nom de Maribel Perez Léon.
Soit en nature en leur apportant des "cestas basicas". Avec 25 R$, vous permettez de faire une "cesta basica" (feijão, riz, sucre, farine, huile, dentifrice, couches, lait…). Cet argent sert également à payer le transport des femmes qui viennent prendre des cours (de couture par exemple). Les aider dans leur mission, c'est aider des femmes retrouver leur dignité.

lepetitjournal.com Rio
Publié le 13 décembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018
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