

Lepetitjournal.com a rencontré Olivier Murguet, PDG de Renault do Brasil depuis janvier 2012. Il revient sur son parcours professionnel et dévoile les projets de la marque au losange pour le Brésil.
Lepetitjournal.com - C´est votre second séjour au Brésil, quel a été votre parcours ?
Olivier Murguet - J'ai passé une grande partie de mon enfance en Amérique Latine dont plusieurs années à Rio de Janeiro. Je me considère binational. Ma personnalité, mes études, puis ma carrière professionnelle ont toujours été rythmées par des retours au Brésil où j'entame ma neuvième année de résidence en plusieurs séjours.
?J´ai été nommé P.D.G. de Renault do Brasil en janvier 2012, et c'est mon 3e séjour au Brésil, quinze ans après mon dernier séjour ici, à l´époque, je dirigeais la Direction de Ventes.? Après avoir fait une partie de mes études secondaires au Lycée Franco-Brésilien (ancêtre du Lycée Molière) à Rio, je suis retourné en France où j'ai intégré l'École Supérieure de Commerce de Paris, s'en est suivi un passage à la London Business School.??
Ma carrière a débuté chez Renault Portugal en 1990, en tant que Contrôleur de Gestion. J'ai été Directeur de Ventes Brésil entre 1996 et 1999, puis je suis retourné à Paris comme Directeur de Ventes France ; ensuite, j'ai été nommé successivement Directeur Général en Pologne, puis en Espagne et ensuite au Mexique. En 2010, j´ai dirigé la Direction Commerciale de la Région Amériques et janvier 2012, de retour?toujours?au Brésil !
L'histoire commence dans les années 60, au travers d'un partenariat avec Willys Overland Brésil, pour la production locale de la fameuse Gordini, qui a été un grand succès, ainsi que de l'Interlagos, inspirée de la Renault Alpine "Berlinette", bête noire de tous les rallyes de l'époque et qu' Emerson Fittipaldi a conduite à ses débuts. Mais ce n'est qu´en 1996 que Renault a décidé d'investir dans la construction d'une usine au Brésil, à Sao José dos Pinhais (banlieue de Curitiba-Etat du Paraná). A l'époque, cela constituait le plus grand investissement réalisé par Renault hors d'Europe ! Nous y avons depuis construit 3 usines, dans un complexe nommé Ayrton Senna, en hommage à cet immense pilote Brésilien :
- 1 usine de véhicules particuliers d'une capacité de 300.000, qui produit : Sandero, Stepway, Logan et Duster.
- 1 usine de moteurs d'une capacité de 500.000 qui produit 3 modèles "Flex fuel" (essence/éthanol), ainsi que 4 modèles essence destinés à l'exportation, qui représente 40% de la production (Argentine, Mexique).
- 1 usine de Véhicules Utilitaires d'une capacité de 80.000 qui produit les fourgons et minibus Master. A noter que nous produisons aussi sur ce site 2 modèles pour notre "cousin" Nissan : Frontier et Livina.
100% des véhicules vendus au Brésil sont produits dans le Mercosur.
Quelle est la taille humaine de Renault ici ?
Renault do Brasil emploie 6.300 collaborateurs directs. Notre moyenne d'âge est inférieure à 35 ans et le management est en grande majorité brésilien. Renault est une jeune et dynamique entreprise brésilienne, qui a soif de croissance. Nous générons 25.000 emplois indirects au travers de nos partenaires fournisseurs et du Réseau de concessionnaires. Avec un réseau commercial de + de 250 points de vente, nous sommes la 5ème marque la plus vendue, juste derrière Ford. En 2012, nos ventes ont progressé de 25%, 5 fois plus que le marché. C'est le meilleur résultat de l'histoire de la marque au Brésil, 2e marché le plus important du Groupe Renault dans le monde.
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Dans le cadre de sa stratégie d'expansion au Brésil, Renault a inauguré en 2008 le Renault Design Amérique Latine (RDAL), le premier studio de design de la marque dans le continent américain. Avec plus de 600 ingénieurs, le centre d'ingénierie Renault Technologie Amériques a été inauguré en 2007. Son objectif est de développer des produits correspondants aux besoins du consommateur latino-américain. Pour promouvoir le développement durable, nous avons inauguré l'Institut Renault Brésil en 2010, dont les ressources et les actions croissent d'année en année.
Peut-on espérer voir des Espace au Brésil ?
Je sais que ce modèle familial haut de gamme est cher à de nombreux clients qui connaissent la marque en Europe? Comme il s'agit d'une niche très limitée, la solution envisageable serait de l'importer, mais il coûterait bien trop cher en raison des taxes à l'importation extrêmement élevées.
Ces derniers mois, Toyota et Hyundai font beaucoup parler d´eux avec leur projet de voitures low-cost au Brésil, sont-ils une réelle menace pour les autres constructeurs implantés ici ?
Le marché brésilien est en forte croissance, ce qui attire de nombreux constructeurs et intensifie la concurrence. La tâche est plus rude lorsque des concurrents comme Hyundai et Toyota décident d'accélérer?Renault est préparé pour cela, en adoptant une stratégie ciblée sur le marché local, qui porte ses fruits. Lors des dernières années, Renault do Brasil enregistre un taux de croissance au-dessus du marché. Notre part de marché actuelle est de 6,8%, et nous visons les 8% à l'horizon 2016, soit plus de 300.000 voitures vendues par an.
Nous lançons actuellement la nouvelle Clio. C'est une évolution très importante de la Clio commercialisée au Brésil : plus moderne, avec de nombreuses possibilités de personnalisation et surtout, c'est la voiture populaire la plus économique du marché, selon l'organisme officiel Inmetro.?
Dans quelques jours, nous lancerons aussi Nouveau Master, en versions fourgon et minibus. Hormis la France, le Brésil est le seul pays au Monde où nous produisons ce véhicule ! Mais n'oublions pas que nous avons lancé récemment 2 modèles qui rencontrent un grand succès, Duster (leader de son segment en 2012) et Fluence.
?Notre plan d'investissements de R$ 1,5 milliards pour la période 2010-2015 est en cours. R$ 500 millions sont destinés à l'augmentation de la production, et nous venons de terminer d'importants travaux d'agrandissement pour un montant de 500Mrs. Evidemment, nous préparons des surprises pour l'avenir?
Y a-t-il un avenir pour la voiture électrique au Brésil ?
L'Alliance Renault-Nissan est le leader mondial dans ce domaine, donc ça nous intéresse fortement ! Mais pour en vendre au Brésil, cela doit d'abord passer par un allègement de la fiscalité sur ce type de véhicules, qui rend aujourd'hui le prix inaccessible.
Quelle est votre perception du Brésil ?
Aujourd'hui, le Brésil est déjà l'un des grands marchés au monde. Spécifiquement dans le secteur automobile, le pays est en nette expansion et une croissance de 20% est prévue jusqu'en 2015. Il s'agit d'un marché à la fois attractif et très concurrentiel. Le Brésil est un pays merveilleux, stimulant où travailler est un grand plaisir. Au-delà des soubresauts conjoncturels, je suis convaincu que la dynamique est installée pour longtemps et que les réformes envisagées soutiendront pour longtemps la croissance ! Le Brésil sourit aux entrepreneurs qui viennent à lui?
Propos recueillis par Anne LEBAS-SIGNORA (www.lepetitjournal.com - Brésil) lundi 4 mars 2013







