Lancée officiellement en ce début d'année 2014, l'agence carioca créée par Joa Azria et Grégory Evrard va faire assurer la production et la promotion de concerts et spectacles d'artistes internationaux à travers le Brésil. Rencontre avec le premier au sein de leur quartier général de Santa Teresa.
Qu'ont en commun Alpha Blondy, Macy Gray et Zaz ? Sans doute pas leur pays de naissance ni leur style musical, mais leur tourneur au Brésil qui s'appelle "Green Go". Derrière ce nom à consonance environnementale ? parce qu'ils promettent des événements "verts" -, deux "gringos" justement, français et tout juste trentenaires, Joa Azria et Grégory Evrard.
Les deux associés ont derrière eux une grosse expérience de production de spectacles en France et à travers le monde. Grégory Evrard a notamment travaillé avec Babylon Circus et sur plusieurs festivals importants dont Rock en Seine ou la Fête de l'Humanité. Joa Azria a lui bourlingué sur différents continents, régissant en Afrique, en Suisse ou encore en Angleterre. C'est finalement le Brésil et Rio qui les a réunis.
"Quand j'ai débarqué ici, je me suis dit : 'C'est là que je veux vivre'. J'ai tout fermé et je suis revenu il y a trois ans avec R$ 5.000 en poche", raconte Joa Azria. En 2012, les deux Français commencent à travailler ensemble principalement sur des projets brésiliens : Orquestra Voadora, Elza Soares, Nova Lapa Jazz, Toca Raul,? Le succès est au rendez-vous, les spectacles ameutant toujours plus de foule, jusqu'à plus de 120.000 personnes.
Plus de qualité que de quantité
Après cette fructueuse expérience brésilienne, place à l'international. "Avec Green Go Agency, on veut faire venir des projets extérieurs (français, américains, africains), peu de choses pour l'instant, mais vraiment de qualité", souligne Joa Azria. Leur parfaite connaissance du marché local devrait les y aider à poursuivre sur cette voie, surtout que celui-ci est particulièrement délicat.
"Au Brésil, il y a São Paulo où il y a de l'argent et beaucoup de structures de concerts, et le reste", tranche le tourneur. "Rio, c'est très dur d'accès, personne n'achète les projets, il y a surtout des petites salles mal équipées où le public ne va pas", déplore-t-il. Et le quartier excentré de Barra, où se produisent de plus en plus d'artistes internationaux (Yusuf Islam, Elton John pour les plus récents) ainsi que les festivals Back to Black (depuis la dernière édition) et Rock in Rio, "ce n'est pas Rio", selon lui. Mais la situation carioca n'est pas complètement désespérée pour Joa Azria qui voit en la zone portuaire en rénovation, plus centrale, "un futur eldorado".
Tournées sud-américaines
A terme, Green Go Agency veut aussi faire tourner ses artistes au-delà des frontières brésiliennes, visant l'Argentine, le Chili et l'Uruguay, puis, plus tard, la Colombie et le Mexique. "L'Amérique du Sud est un continent un peu laissé à l'abandon par certains, notamment ceux qui sont très bien payés en Europe et aux Etats-Unis", justifie Joa Azria. L'objectif est ainsi d'offrir un peu de musique venue d'ailleurs à un public sevré de la plupart des grandes tournées internationales.
Toutefois, pour le tourneur, "ce sont plus les producteurs qui délaissent ces pays, pas les artistes". Il conçoit tout de même qu'il faut aussi que ces derniers prennent le temps de "s'installer" dans leurs lieux de destination, histoire de ne pas se confronter à des salles vides. Mais les choses vont aujourd'hui beaucoup plus vite qu'auparavant. "Ce n'est plus la radio qui domine, c'est Internet avec Facebook et YouTube qui ont beaucoup d'impact", estime Joa Azria.
Mais cela ne représente pas forcément une chance de plus pour les artistes français qui chantent en français. "Ils restent plus compliqués à faire venir, il y a la barrière de la langue, donc cela peut poser problème sauf s'ils sont connus", reconnaît le tourneur. Qui peut alors passer les frontières actuellement ? Stromae, Carla Bruni ou encore Zaz qui sera la première grande artiste française à tourner sous la houlette de la Green Go Agency au mois de mars au Brésil (Belo Horizonte, Rio et São Paulo), en Argentine, au Chili et en Uruguay.
Cependant, Joa Azria sait qu'il peut compter sur les audiences brésiliennes pour accueillir très favorablement ses futurs protégés. "C'est un public en or, le meilleur que j'ai vu en huit ans d'expérience, ils adorent la musique", affirme-t-il. "Contrairement aux Français qui ne vont pas aux concerts s'ils ne connaissent pas l'artiste, les Brésiliens sont super ouverts et très curieux", ajoute-t-il. Alpha Blondy peut en témoigner, le premier "essai" de Green Go en novembre dernier à Rio a été fabuleusement transformé.
Corentin CHAUVEL (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 11 février 2014
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