

Quoi de plus attendrissant, pour ceux qui ont la chance de loger le long d'une rue bordée de verdure à Rio de Janeiro, que d'observer les acrobaties des singes, chaque jour plus nombreux, qui peuplent les arbres des travées urbaines. Ne leur donnez surtout pas à manger ! Ces singes sont une menace pour la diversité biologique
Le « mico de cheiro » et le « sagui » ces petits singes très communs à Rio, ne font pas partie de la faune locale. Natifs du Cerrado et du Nord-est, ils ont été introduits par la main de l'homme et prolifèrent au détriment de la population des espèces locales. Ils occupent la cime des arbres des villes et chassent les oiseaux et les insectes qui en vivent. Seules les chauve-souris résistent. Et encore, difficilement !
L'arbre qui s'invite où il ne doit pas
Les singes de Rio ne sont pas les seuls prédateurs de la région. Un arbre aussi se multiplie et fait des ravages dans la forêt de Tijuca, le jacquier avec ses gros fruits nauséabonds qui pendent le long de son tronc : « Ses racines semblent contenir des substances chimiques qui modifient la composition des sols et empêchent la croissance des autres plantes » explique la biologiste Helena Bergallo, qui étudie la prolifération des espèces prédatrices dans l'Etat de Rio. « Du coup, la présence de jacquiers attire des animaux qui se nourrissaient jusque-là d'insecte et se mettent à manger les fruits de la plante. Cela provoque un grand déséquilibre dans la population de certaines espèces. »
Autre atteinte à la biodiversité de la région de Rio, les chats ! C'est surtout un problème dans les îles de la Costa Verde, comme Ilha Grande, où certains endroits sont envahis par plus de 1.500 félins redevenus sauvages, qui expulsent toute la faune native.
« C'est d'autant plus préoccupant que les îles sont plus fragiles, poursuit Helena Bergallo. Vu leur isolement, les espèces natives se défendent moins bien contre leus envahisseurs exogènes. » Ces félidés envahisseurs sont introduits à Ilha Grande par les touristes, qui les abandonnent ensuite dans la nature où ils se reproduisent rapidement.
L'ONU estime que 11.000 espèces d'animaux représentent une menace à la biodiversité dans le monde lorsqu'elles se reproduisent en dehors de leur habitat naturel. C'est la seconde menace en importance, après celle de la destruction de cet habitat natif par la croissance des zones peuplées par l'homme.
Jean-Jacques FONTAINE (www.lepetitjournal.com - Rio de Janeiro) Mardi 19 octobre 2010
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