

Le petit monde de la bière est en pleine effervescence au Brésil. Les bières de microbrasserie, plus typées que les bières populaires, font désormais partie du décor
Une brune à la main, il l'hume et l'amène à sa bouche. « Belle couleur, arôme de café, très bonne ! » On croirait entendre les paroles d'un sommelier. Pourtant, il n'y pas si longtemps, le jeune professionnel Roberto, n'avait qu'une mince idée de ce qu'était une weizenbier, une bock ou encore une ale. « Une bière était simplement une bière. » Pour se désaltérer, une blonde est idéale, avoue Roberto. « Mais une bière premium a plus de caractère et nous surprend. » Si la Pilsen reste la reine des bars, les Brésiliens semblent s'éprendre de plus en plus de bières artisanales. Et même si le secteur occupe moins de 2 % du volume total à l'échelle nationale, les microbrasseries commencent à conquérir un public sans cesse plus exigeant.
À l'instar des grands brasseurs qui produisent des bières uniformisées mais à prix très concurrentiel, ce nouveau phénomène brassicole est mené par des artisans qui créent des produits de plus en plus originaux. Un bon exemple, la microbrasserie Colorado ajoute à sa composition d'orge et de houblon des ingrédients typiquement brésiliens comme le café et la cassonade. « C'est un marché avide de nouveauté », indique Marcelo Carneiro da Rocha, propriétaire de la brasserie établie à Riberão Preto.
Les Brésiliens apprécient la différence et investissent
Le secteur de la bière vit un moment favorable, selon Paulo Feijão du site Obiercevando. « L'industrie est liée à l'économie qui va d'ailleurs très bien. Les gens ont plus d'argent et veulent essayer de nouvelles choses. » Le biérologue rajoute que les brasseries artisanales se construisent peu à peu une niche commerciale reposant sur la différence. « Les consommateurs sont plus conscients de la diversité du marché. »
Certes, comparer la production annuelle d'une microbrasserie avec les millions d'hectolitres annuels d'Ambev, leader du marché brésilien, n'a guère de sens. N'empêche, l'année dernière seulement, la croissance du segment a été environ trois fois supérieure aux 5 % du marché total du Saint Graal. « On anime le marché et amène de nouveaux consommateurs qui ne buvaient peut-être pas de bière auparavant », commente Tiago Carneiro de la brasserie Wäls de Belo Horizonte. Dans ce contexte, on peut considérer les microbrasseries, non pas comme des concurrents aux grands brasseurs, mais comme des partenaires non négligeables.
De l'avis de Paulo Feijão, les bières spéciales ne remplaceront jamais la Pilsen, mais il y a encore beaucoup de marchés à conquérir.
Le prix salé des bières artisanales risque, en revanche, d'effrayer l'amateur moyen. « Les taxes sont élevées, il faut importer la matière première et la main-d'?uvre coûte cher », justifie M.Carneiro. Roberto ne se décourage pas pour autant. « Ces bières ne sont pas faites pour les boire en quantité, mais pour les apprécier. »
Marc GALLICHAN. (www.petitjournal.com ? São Paulo) Vendredi 23 avril 2010
Envie de goûter une bonne petite mousse nationale ? À São Paulo, le bar Anhanguera est une bonne adresse, spécialisé dans la bière brésilienne, où s'étale une carte de 28 étiquettes des 4 coins du pays. www.baranhanguera.com.br
Sources :
Cervejaria Colorado : http://www.cervejariacolorado.com.br
Cerveja Wäls : http://www.wals.com.br/home.aspx
Site Obiercevando : http://www.obiercevando.com.br/







