


D'accord, musicalement parlant, le funk brésilien ne plait pas à tout le monde. Quelque part entre le hip hop, l'électro, la miami bass et Afrika Bambaataa, les morceaux se composent de samples très typés, d'une rythmique très reconnaissable, et de glapissements plus ou moins gracieux. Les paroles vont de la totale niaiserie à l'absolue vulgarité. Les gens chics détestent, les intellectuels aussi… et pourtant les uns comme les autres ne manquent pas d'aller s'y encanailler de temps en temps. C'est que le résultat n'est pas aussi épouvantable que ma description pourrait laisser penser. Il s'agit d'abord d'une musique de club, à écouter bien fort dans l'atmosphère brûlante des baile de fin de semaine. Les héros de la funk s'appellent Gaiola Das Popozudas, MC Max, Tati Quebra Barraco, MC Marcelly, Bonde do Tigrão, sans oublier MC Créu et des paquets d'autres.
C'est le samedi soir que ça se passe. Dans un hangar généralement situé au pied d'une favela, de trois cent à trois mille personnes se retrouvent pour bouger leurs popotins et rouler les mécaniques sous les décibels du DJ. C'est sûr, le funk brésilien ne ressemble pas à Kool & the Gang, mais ça vaut quand même le déplacement ! Parfois, un salon VIP permet de pouvoir discuter (en parlant fort) autour d'un verre avec vue sur la piste. Des espaces privés (camarotes) sont également disponibles pour les petites fêtes entre amis – on achète une glacière garnie de bières et de bouteilles d'alcool, et on rentre quand on a tout bu. Sur la scène, devant des dizaines de haut-parleurs, se succèdent MCs, chanteurs et danseuses aux charmes rebondis – les célèbres popozudas. Les gros perchés sur les échafaudages, aux quatre coins, ce sont les videurs. Dans les coins sombres, on se roule des patins invraisemblables.
Vous l'avez compris : c'est du lourd ! Aller-retour en taxi obligatoire. Le Castelo das Pedras http://www.castelodaspedras.com.br/ devrait vous suffire pour premier samedi soir. Situé dans un quartier très animé, il s'agit du baile du très médiatisé DJ Marlboro, l'homme qui a fait sortir cette musique du guetto à la fin des années 80. La clientèle est aussi bien petit bourgeoise qu'en descente du morro le plus proche. Autre possibilité : les écoles de sambas de Mangueira et Salgueiro organisent de temps à autres des soirées Baile… A ne pas manquer !
Thierry Gillmann (www.lepetitjournal.com – Brésil) jeudi 13 octobre 2011
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