Édition internationale

CINEMA – Le Refuge (O Refugio) de François Ozon

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Varié et osé, le cinéma de François Ozon laisse rarement indifférent. Dans son douzième film, Le Refuge, bientôt sur les écrans brésiliens, Mousse, une femme droguée, seule et enceinte illumine l'histoire de part en part

Mousse (Isabelle Carré) et Louis (Melvil Poupaud) reçoivent leur dealer dans leur appartement parisien : ils sont victimes d'une overdose. A sa sortie de coma, l'héroine découvre que son compagnon est mort et qu'elle porte son enfant. Indifférente tout d'abord, elle ne se décide à le garder que lors d'une confrontation avec la mère de Louis, qui estime que puisque son fils n'est plus, aucune descendance ne doit lui survivre. C'est ce qui décidera Mousse à poursuivre sa grossesse, cet enfant étant son dernier lien avec le défunt. Elle quitte la capitale et va se réfugier au bord de la mer au Pays Basque, où la rejoindra quelques mois plus tard Paul (Louis-Ronan Choisy, musicien faisant ses débuts d'acteurs), le frère homosexuel de Louis, tout aussi perdu que la jeune femme. D'abord hostile, elle va apprendre à apprécier leurs conversations sur le père disparu, la place de l'enfant à venir, mais aussi sa tendresse et sa présence. Le spectateur va peu à peu assister à l'évolution de Mousse.? ?

De la sensibilité et de la douceur avant toute chose...
Le thème du film est cru, dérangeant, mais il en émane une douceur et une grâce inattendues. Cette fable initiatique est sublimée par le travail de la photo de Mathias Raaflaub. Les dialogues étant résumés à l'essentiel, beaucoup du sens de ce film passe à travers les images du corps des personnages que expriment leur failles, leurs souffrances, leurs errances et leurs révélations. Ce corps blessé par la drogue, puis transformé par la grossesse et peu à peu libéré.?
Enceinte de 6 mois lors du tournage, Isabelle Carré livre une nouvelle fois une prestation incroyable de justesse et de complexité : tout à tour cruelle, insolente puis faisant preuve de beaucoup de maturité, forte et fragile, son personnage est changeant. Une seule constante : son ventre rond, au centre de l'attention et le refuge de l'enfant à naître. On notera un fort point commun entre Le Refuge et Le Temps qui reste (2005), où le personnage principal (déjà Melvil Poupaud) se sachant condamné veut concevoir un enfant pour assurer sa descendance, qui serait alors envisagée comme un passeport contre la mort, la maladie.
Le Refuge, qui a obtenu le Grand Prix du Jury à San Sebastian, propose une méditation lyrique et tranquille : Mousse et Paul doivent peu à peu apprendre à combler le vide apporté dans leur vie par le décès de Louis. Il nous est donc donné d'assister à la naissance de l'enfant de Mousse, mais aussi à la renaissance des deux personnages égarés, presque encore adolescents mais fortement éprouvés par la vie. On peut reprocher quelques longueurs, mais seulement être touchés par la douceur et la délicatesse qui se dégagent tout au long de cette histoire, auxquelles Ozon nous avait peu habitués.?
Amélie PERRAUD-BOULARD (www.lepetitjournal.com - São Paulo) jeudi 19 août 2010

Le Refuge (2009) de François Ozon?
Sortie le 27 août 2010?
Acteurs : Isabelle Carré (Mousse), Melvil Poupaud (Louis), Louis-Ronan Choisy (Paul), Claire Vernet (la mère)


lepetitjournal.com Rio
Publié le 16 septembre 2010, mis à jour le 13 novembre 2012
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