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Entreprendre en République du Congo : le guide pratique

La République du Congo, nichée au cœur de l’Afrique centrale, est un pays riche en ressources naturelles et en potentiel de diversification économique. Malgré un tissu entrepreneurial encore en construction, elle attire de plus en plus d’investisseurs à la recherche d’opportunités. Quelle est la situation économique du pays ? Quels sont les secteurs les plus prometteurs ? Quels statuts juridiques choisir, et quelles démarches accomplir pour se lancer ? Lepetitjournal.com vous propose un guide complet pour entreprendre en République du Congo.

Drapeau de la République du Congo dans un champsDrapeau de la République du Congo dans un champs
Photo de Safari consoler de Pixabay modifiée par IA
Écrit par Liz Fredon
Publié le 7 août 2025, mis à jour le 8 septembre 2025

 

Le contexte économique en République du Congo

Avec une population estimée à environ 6,333 millions d’habitants en 2024, la République du Congo est une économie de taille modeste en Afrique centrale. Son PIB nominal s’élevait à 15,72  milliards USD en 2024. L’économie repose fortement sur le secteur pétrolier, qui domine les exportations et les recettes publiques, suivi par l’agriculture, l’exploitation du bois, la cimenterie, l’exploitation de palmiers à huile et l’industrie du sucre.

En 2024, l’économie de la République du Congo a connu une légère amélioration. Pour la première fois depuis 2015, le revenu moyen par habitant a cessé de baisser, avec une petite hausse de 0,3 %. Cette reprise est surtout portée par les secteurs en dehors du pétrole, comme l’agriculture, l’industrie et les services, qui ont progressé de 4 %. Grâce à cette dynamique, le taux de pauvreté a très légèrement reculé, passant de 46,6 % à 46,5 % entre 2023 et 2024. Malgré la richesse en hydrocarbures, le pays reste confronté à un endettement public élevé, estimé à 96 % du PIB en 2024.

Côté échanges commerciaux, les principaux produits exportés sont le pétrole brut, le bois (acajou, okoumé, contreplaqué), ainsi que des biens comme le sucre, le cacao, le café ou les diamants. Les principaux partenaires sont la Banque Mondiale, la Chine, l'Union européenne, l'Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD). Les importations concernent principalement les biens d’équipement, matériaux de construction et produits alimentaires.

Enfin, la République du Congo dispose d’un écosystème entrepreneurial encore embryonnaire : il n’existe pas aujourd’hui de données centralisées fiables quant au nombre de startups ou aux montants levés. Le soutien à l’entrepreneuriat reste limité. L’économie du pays reste dominée par des grands groupes du secteur pétrolier et forestier, souvent étrangers ou publics, et les opportunités d’innovation restent encore peu structurées. Néanmoins, depuis 2023, le Congo-Brazzaville a lancé le Startup Act, un label national destiné à soutenir les jeunes entreprises innovantes. Pour être éligible, une start-up doit avoir une majorité de capital congolais, proposer un projet technologique ou créatif à fort potentiel, et être domiciliée sur le territoire. Une fois labellisée, l’entreprise bénéficie d’un accompagnement officiel, d’un nom de domaine .cg gratuit, d’aides à la propriété intellectuelle, et de garanties pour accéder au financement. L’objectif affiché est de faire émerger un écosystème numérique congolais.

 

 

Paysage de ville à Brazzaville
Valdhy Mbemba sur Unsplash

 

 

Les secteurs attractifs en République du Congo

Au-delà du pétrole, moteur historique de l’économie congolaise, plusieurs secteurs porteurs émergent grâce aux politiques de modernisation et aux besoins croissants de la population. D’après l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI), les domaines à fort potentiel incluent l’agriculture, les énergies renouvelables, les infrastructures, le numérique et la santé.

En République du Congo, le secteur agricole est stratégique pour réduire la dépendance alimentaire et créer des emplois durables. Moins de 20 % des terres arables sont exploitées, ce qui représente un vaste potentiel. Le gouvernement mise sur les partenariats public-privé et l’agrobusiness pour transformer le secteur, avec un intérêt particulier pour les cultures vivrières, le cacao, le palmier à huile et l’élevage.

Les énergies renouvelables représentent un autre levier de croissance. Le pays possède un fort potentiel hydroélectrique, notamment sur le fleuve Congo, le deuxième plus puissant au monde. Des projets de mini-centrales hydroélectriques et de solaire rural sont soutenus par des bailleurs internationaux pour électrifier les zones isolées. L’objectif est de renforcer l’accès à l’électricité tout en réduisant l’empreinte carbone.

 

Le potentiel énergétique du Congo Brazzaville est estimé à 14 000 MW (énergie hydroélectrique)

 

Côté numérique, le Congo entend devenir un hub régional en Afrique centrale. Avec la création de zones économiques spéciales comme celle de Maloukou, des investissements sont dirigés vers les télécommunications, les services numériques et la formation de jeunes talents. L’arrivée du câble sous-marin WACS et l’extension de la fibre optique permettent au pays d’améliorer sa connectivité et d’attirer des start-up innovantes.

Les infrastructures comme les routes et les ports sont également au cœur de la stratégie de développement. Le port de Pointe-Noire, l’un des plus profonds de la côte ouest-africaine, est un atout majeur. De nombreux projets sont en cours pour améliorer les corridors de transport avec les pays voisins (Gabon, RDC, Cameroun) et faciliter les échanges commerciaux régionaux.

Enfin, le secteur de la santé bénéficie d’un regain d’intérêt. Le pays cherche à renforcer ses structures sanitaires et à favoriser l’investissement privé dans les hôpitaux, cliniques et laboratoires, notamment dans les grandes villes comme Brazzaville ou Pointe-Noire. L’enjeu est double : répondre aux besoins de la population tout en développant une offre de soins compétitive en Afrique centrale.

 

Les visas pour travailler et investir en République du Congo

Avant de créer son entreprise en République du Congo, il est conseillé de commencer par un visa de visiteur, valable jusqu’à 90 jours. Ce visa permet de repérer le marché, rencontrer des partenaires et initier les démarches administratives. Il s’obtient auprès de l’ambassade congolaise, sur présentation d’un passeport valide, d’une lettre d’invitation, d’une réservation de vol et de justificatifs financiers.

Pour s’installer durablement, il faut ensuite obtenir un visa de long séjour, accompagné d’une carte de résident temporaire. Cela implique d’abord de créer son entreprise via l’Agence Congolaise pour la Création des Entreprises, puis de solliciter un permis de travail auprès du ministère du Travail. Ce permis, indispensable pour exercer une activité, est délivré sous condition d’expertise, dans un cadre qui privilégie l’emploi local. Il ouvre la voie à une demande de titre de séjour, traitée par la Direction générale de l’immigration.

 

 

Mains sur un journal "business"
Adeolu Eletu sur Unsplash

 

 

Les différents statuts juridiques pour créer son entreprise en République du Congo

Créer une entreprise en République du Congo commence par le choix d’un statut juridique adapté à votre projet. Le pays, membre de l’espace OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires), applique un droit des sociétés commun à 17 États africains. Plusieurs formes juridiques sont possibles, en fonction du nombre d’associés, du niveau de responsabilité souhaité et de l’activité envisagée.

Selon l’Acte uniforme de 2014, les entreprises commerciales peuvent être organisées sous plusieurs statuts adaptés à différents besoins opérationnels et structurels. Parmi les principales figures que l’OHADA encadre, on retrouve :

  • La société en nom collectif (SNC), où tous les associés répondent indéfiniment des dettes sociales.
  • La société en commandite simple (SCS), combinant associés commanditaires (responsables à hauteur de leur apport) et commandités (responsables indéfiniment).
  • La société à responsabilité limitée (SARL), très utilisée et caractérisée par la responsabilité limitée des associés à leurs apports.
  • La société anonyme (SA), adaptée aux projets de grande envergure, avec un capital divisé en actions.
  • La société en participation, plus flexible, sans personnalité morale distincte.
  • La société de fait, qui existe en pratique malgré l’absence de formalités officielles.
  • Le groupement d’intérêt économique (GIE), pour les collaborations sans but lucratif entre entreprises.
  • La société par actions simplifiée (SAS), récente, offrant une grande souplesse de gouvernance
     

Chacune de ces structures répond à des exigences spécifiques : nombre d’associés, responsabilité, capital minimum, modes de gouvernance… Elles sont régies par des textes uniformes qui garantissent une sécurité juridique dans quasiment toute l’Afrique francophone.

 

Comment enregistrer son entreprise en République du Congo

 

À savoir : Au Congo-Brazzaville, l’administration reste très centralisée. Pour créer une entreprise, il est donc conseillé de se rendre directement à Brazzaville ou à Pointe-Noire, où les services sont plus efficaces. Mieux vaut s’y présenter dès 9h du matin pour entamer les démarches, et revenir après 13h pour récupérer les documents. Certains blogs évoquent des pratiques peu transparentes : retards, procédures floues, voire des cas de corruption.

 

Pour créer une entreprise au Congo Brazzaville, il faut s’adresser à l’Agence Congolaise Pour la Création d’Entreprise (ACPCE) Toutes les démarches sont à réaliser au guichet unique de votre ville. Les documents nécessaires sont listés sur le site de l’ACPCE.

 

Contacts et adresses des guichets uniques :

Guichet unique de Brazzaville : avenue Cardinal Emile BIAYENDA ex Fach B.P 2103 Tel : ( 242) 05 531 88

Guichet unique de Pointe-Noire : avenue Simon KIMBANGOU croisement MOE KATT MATOU (Immeuble ex WARID) B.P : 1137 Tel : (242) 06 972 84 44

Guichet unique de Dolisie : avenue de la république (face de la BGFI bank) Tel : (242) 05 537 76 93

Guichet unique de Nkayi : 20, rue du Niari – face immeuble ARC Tel : (242) 06 796 60 50

Guichet unique d’Owando : avenue des hôpitaux à côté du CSI 2-Owando Tel : (242) 06 634 14 86/ mobile money : 06 441 89 94

Guichet unique de Ouesso : quartier administratif face Direction des impôts Tel : (242) 06 667 97 47/ mobile money : 06 441 89 51

 

 

Une femme et un homme derrière des écrans d'ordinateurs
© Desola Lanre-Ologun

 

 

Les ressources pour les entrepreneurs en République du Congo

Si vous avez un projet d’entreprise en République du Congo, plusieurs ressources locales et internationales peuvent vous accompagner tout au long de votre démarche. L’un des acteurs clés est, comme vous l’avez compris, l’Agence Congolaise Pour la Création d’Entreprise, qui centralise les démarches administratives pour la création d’entreprise. Grâce à ce guichet, il est possible de s’enregistrer, d’obtenir un numéro fiscal, et de bénéficier d’un accompagnement dans le choix du statut juridique ou des obligations fiscales. L’ACPCE vise à simplifier et à accélérer la formalisation des entreprises, en particulier pour les PME.

Pour les jeunes entrepreneurs, plusieurs structures d’accompagnement ont vu le jour. Pépinières d’entreprises, centres d’incubation ou initiatives comme le Salon International de la Tech et de l'Innovation de l'Afrique Centrale offrent du mentorat, de la formation et parfois des financements. Des institutions internationales comme la Banque européenne d’investissement (BEI) ou encore l’AFD (Agence française de développement) financent de nombreux programmes liés à l’entrepreneuriat durable, à l’accès à l’énergie, à l’agriculture ou à la transition numérique.

Enfin, s’appuyer sur Business France Afrique centrale qui propose des services d’information, d’appui et de mise en relation pour éviter les erreurs les plus courantes. En lien avec l’ambassade de France à Brazzaville, l’organisation propose un accompagnement à l’export et à l’implantation.

 

Des conseils avant d'entreprendre en République du Congo

Avant de vous lancer, il est essentiel de cibler les secteurs porteurs comme les infrastructures, l’agriculture et l’agro-industrie, les énergies renouvelables, le numérique et la logistique font partie des domaines les plus dynamiques. Une des erreurs fréquentes est de négliger les spécificités culturelles et relationnelles. Au Congo, comme dans de nombreux pays africains, les affaires reposent sur la confiance, la proximité et la qualité des relations personnelles. 

Construire un réseau solide et prendre le temps d’instaurer une relation de confiance avec ses partenaires est un passage obligé.

 

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