Muganga, celui qui soigne, un film bouleversant qui témoigne des horreurs infligées aux femmes en République démocratique du Congo. Il met en lumière une réalité à laquelle nous ne sommes pas directement confrontés, mais qui nous oblige à réfléchir. C’est une histoire vraie, la vraie vie de deux médecins unis par le soin et la résistance. Lepetitjournal.com est profondément marqué par ce film et vous explique pourquoi.


Denis Mukwege, médecin congolais et prix Nobel de la paix, soigne, au péril de sa vie, des milliers de femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo. Sa rencontre avec Guy Cadière, chirurgien belge, va redonner un souffle à son engagement.
Muganga, celui qui soigne au cinéma le 24 septembre 2025
Depuis 2011, près de 1.100 femmes sont violées chaque jour en République démocratique du Congo, et ce, dans une impunité totale. Le savoir est une chose, mais le voir et le ressentir à travers un film est bouleversant. Nous en sommes ressortis profondément marqués.
Un film-choc sur l’usage des violences sexuelles comme stratégie de guerre
Notre héros commun, après ce film, c’est bien sûr Denis Mukwege. Témoin de la montée de la violence dans son pays et des crimes de l’armée rwandaise, il fonde en 1999 l’hôpital de Panzi. Le lieu devient un refuge pour les femmes victimes de viols de guerre. À travers le parcours du médecin, nous comprenons que ces atrocités sont utilisées comme stratégie pour contrôler les immenses ressources minières du Congo, notamment le cobalt et le coltan.

Les images sont fortes mais l’histoire l’est encore plus. Les premières scènes, montrant la douleur des victimes, la brutalité des agresseurs et l’impunité qui laisse ces atrocités perdurer, sont insoutenables et donnent immédiatement le ton du film. L’objectif est d’interpeller, de choquer et de retourner ces scènes en une arme contre ceux qui détruisent la civilisation congolaise, bafouent la démocratie, piétinent la culture et anéantissent la tolérance. Le film nous transforme en témoin actif, nous rappelant que la violence ne peut rester invisible et que le silence face à l’injustice revient à en être complice.
Un cri d’alarme face à l’inaction mondiale
« Le monde est resté trop silencieux face à ces souffrances, et j'espère que ce film ouvrira les yeux et impulsera un changement. J'espère qu'il inspirera les spectateurs à devenir des participants actifs dans notre lutte pour la paix et la justice pour les survivantes de violences sexuelles et toutes les victimes des conflits en RDC », déclare le docteur Denis Mukwege.

Le film dénonce sans détour l’inaction de la communauté internationale. Les médias, l’ONU et les États qui détournent le regard sont pointés du doigt comme complices de ces crimes. Malgré plusieurs menaces de mort, Denis Mukwege n’a jamais cessé son combat, continuant de dénoncer les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre. En juin 2025, dans une tribune publiée par Le Monde, 75 prix Nobel appellent à mettre fin à la tragédie congolaise et à un sursaut international. Quelques jours plus tard, à la suite de l’accord de paix négocié par les États-Unis et signé le 27 juin 2025 entre la RDC et le Rwanda, Denis Mukwege dénonce ce texte comme un “bradage de la souveraineté” et un “scandale historique”.
La tendresse comme résistance à la violence
Ce qui nous frappe dans la réalisation du film de Marie-Hélène Roux, c’est sa dualité. La brutalité des scènes choquantes contraste avec l’extraordinaire humanité des personnages. Muganga, celui qui soigne raconte une histoire à deux voix. Celles de deux muganga unis par une cause commune : soigner les femmes, libérer leur parole et leur rendre leur dignité et leur place dans la société.
En swahili, Muganga se traduit par “celui qui soigne”.
À Panzi, la guérison ne passe pas seulement par la chirurgie. Elle s’accompagne de chants, de danses, de fraternité et d’une douceur bouleversante. Car ici, c’est avant tout une histoire de famille. Guy Cadière arrive avec sa fille, elle aussi médecin et empreinte de sensibilité et de tendresse. Aux côtés de Denis Mukwege, sage et infatigable, épaulé par sa sœur, ils soignent et reconstruisent. Plus qu’un médecin, Mukwege est devenu un père pour toutes ces femmes. Et lorsque la vie semble l’appeler ailleurs, ce sont elles qui le rappellent à sa mission.

En 2021, le professeur Guy-Bernard Cadière rentrait de sa 23e mission au Congo, découragé de la situation qui ne connaissait aucune amérlioration en dix ans. Aujourd’hui, en 2025, Denis Mukwege reçoit le prestigieux Prix Aurora. Mais après la prise de l’hôpital de Panzi par le M23 et l’armée rwandaise, il est contraint à l’exil. Depuis, il ne cesse d’alerter la communanté internationale sur la gravité de la situation.

Un film récompensé
Lors de la 18e édition du Festival du Film Francophone à Angoulême, du 25 au 30 août 2025, le film Muganga, celui qui soigne a brillamment marqué les esprits en remportant trois prix. Il reçoit de trois Valois, dont celui de l’acteur pour Isaach De Bankolé, celui du public et celui des étudiants francophones.
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