En marchant, un matin, dans les rues d’un quartier de Brazzaville, on découvre la multitude de techniques de revêtement des murs des maisons, l’incroyable inventivité des bâtisseurs qui souvent, avec des moyens limités, ont créé cette mosaïque de façades différentes, qui donnent son allure à la ville.
Les murs de Brazzaville : imagination illimitée, techniques variées
La peinture
La base, le premier choix aujourd’hui pour les revêtements de façades, c’est la peinture. Il existe des tas de couleurs ou de mélanges. Le blanc domine. On peut trouver du gris, pour faire style prestige, du fauve, de l’ocre, du jaune, du marron chocolat…
Mais le blanc est le choix le plus fréquent. Cependant, le problème avec le blanc, c’est d’abord que la peinture n’est pas toujours de bonne qualité et qu’elle s’écaille et se fissure et très vite. Ensuite, le climat pluvieux et humide, une bonne partie de l’année, fait que le ton devient gris sale en quelques mois. Les plus courageux repeignent régulièrement. On en voit qui font repeindre leur mur de clôture blanc tous les deux mois. Les autres laissent la nature faire son travail d’usure et de patine. Les coulures grises se transforment en plaques sombres, et très vite on ne se souvient plus que les murs fussent blancs. La peinture est importante. Son application aussi.
Quelle autre solution que la peinture vieillissant vite et mal ?
Les gravillons lavés, par exemple
C’est une technique répandue dans les années 1960-1970. On les retrouve souvent sur d’anciennes maisons d’avant l’Indépendance, des logements de fonction de cadres de l’administration, des bâtiments publics.
Il en existe par exemple sur les murs de l’Ecole Française, vers le marché Total. Et ils ont été utilisés très récemment pour les bâtiments neufs de l’établissement. Ce matériau présente de nombreuses qualités, mais il est cher et peu savent le mettre en œuvre! Il résiste au temps et aux intempéries, il est autonettoyant, durable, étanche et donne un style joliment suranné aux façades. C’est tout simplement des petits graviers polis, agglomérés sur les murs avec un liant ou un ciment imperméable.
Les fresques peintes sur les murs
On utilise aussi une autre technique pour camoufler les défauts des murs et éviter les problèmes des peintures monochromes ou le prix élevé des gravillons lavés. Peindre des scènes, des publicités ou des enseignes. Cela a deux avantages : les commerçants font connaître leur business ; les philanthropes diffusent des éléments de formation.
On cache les dégradations de la peinture à ton unique, ou même les défauts du mur, avec des dessins chargés ! On en voit partout. Pour les salons de coiffure, par exemple. Ils rivalisent d’inventivité pour que l’on voie leur commerce. Des têtes coiffées, des femmes aux chevelures de rêve, des hommes à têtes de stars.
Les établissements scolaires améliorent leur attractivité comme cela aussi. Un bel exemple dans ce quartier, ou une école a fait représenter le panorama des hauts lieux du Congo. Un vrai dépliant publicitaire, avec les chutes de la Loufoulakari, la gare de Pointe Noire, la basilique Sainte Anne, et d’autres !
Les imitations
Ce qui est un peu moins stylé, en revanche, ce sont ces revêtements en béton, « travaillés » pour imiter les roches et même le bois. Avec des faux troncs et des faux moignons de branches. Il y a quelques exemples visibles dans le quartier.
Cette option demanderait des années d’études dans une école d’architecture spécialisée en monuments anciens, ou du travail du stuc, en Italie, par exemple. Dans le même genre, on trouve beaucoup de faux marbres, réalisés avec application. Cela ne règle pas la question de la qualité de peinture, inadaptée à l’extérieur, ou celui de la préparation des fonds, qui doit être excellente
« Des goûts et des couleurs, on ne discute pas » Proverbe du Moyen Age
Les faïences en façade
La dernière tendance à la mode, c’est de mettre du carrelage sur les façades. Ou parfois, de la faïence, qui est plus fine. Des revêtements muraux qu’on place normalement dans les salles de bains ou les cuisines. Le principe normal serait quand même de chercher des motifs qui vont bien avec les murs extérieurs : des pierres avec un appareil crédible, des fausses briques maçonnées proprement, des copies de lattes de bois en forme de parquet.
Certains sont excellents et sont bien choisis. Ils donnent un vrai cachet différent à la construction. D'autres ressemblent à un assemblage de fins de séries, des résidus de stocks dépareillés. Le seul avantage, c’est que c’est un revêtement étanche s’il est bien posé, et que sa couleur résiste au temps et aux rayons du soleil.
Les murs de verre, ou de plaques d’aluminium laqué
Ils donnent un look moderne et sérieux, notamment aux commerces et aux bureaux. Mais la pose parfaite est encore un problème loin d’être résolu. Et ils sont rarement bio-thermiques. Sans climatisation, les lieux sont impraticables.
Le ficus grimpant et les arbustes envahissants
Pour certains, c’est la meilleure option, sur les murs de clôtures. Le ficus grimpant, comme celui de la photo de une, dont quelques murs du quartier sont recouverts, est un arbuste à petites feuilles qui s’agrippe au mur, le cache entièrement et donne une allure naturelle au support.
Les cactées sont parfois témérairement plantées devant les murs, ou devant les entrées.
Les bougainvilliers qui dégoulinent de fleurs aux teintes variées cachent aussi très bien les façades, dégradées ou non.
Les bambous, les lamelles de bois sont posés en façade, le plus souvent par des bars de quartier.
Certains, enfin, préfèrent les feuilles ou les fleurs artificielles. Mais c’est un autre sujet qui touche trop aux goûts et au sens même de l'esthétique pour être abordé ici
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