Durant le week-end de Pâques se déroule le festival des arts de rue de Fremantle. Créé en 2009, l'édition 2013 est la plus importante de toutes avec plus de 20 artistes de rue dont 13 internationaux et près de 150.000 spectateurs attendus. Cette année, c'est la compagnie française BiLBoBaSSo qui est la vedette du festival avec son spectacle « Polar » qui allie tango argentin, feu et musique.
© Compagnie BiLBoBaSSo
Rencontre avec Delphine Dartus, co-fondatrice avec Hervé Perrin de la compagnie et Yohanna Biojout.
Lepetitjournal.com/Perth : Depuis quand la compagnie existe-t-elle ?
Delphine Dartus : Hervé et moi-même avons créé la compagnie en 2006, puis après notre premier spectacle A fuego lento qui était un duo, nous avons décidé d'élargir la compagnie et nous sommes maintenant cinq personnes sur scène plus un technicien qui s'occupe du son et de la lumière. Le spectacle Polar est né en 2010.
Comment êtes-vous arrivés jusqu'au festival de Fremantle ?
Alex Marshall et son équipe nous ont repérés lors du festival « Chalon dans la rue ». Ils ont vu pour la première fois le spectacle sous la pluie et l'ont beaucoup aimé. D'ailleurs, ils l'ont revu deux fois ensuite ! Et malgré les difficultés pour nous faire venir, nous sommes là ! Et nous sommes ravis de cette invitation. C'est d'ailleurs la première fois que nous tournons en dehors de l'Europe, alors aussi loin, c'est un peu impressionnant.
Quelles difficultés ?
Apparemment au niveau sécurité pour ce type de spectacle, c'est assez compliqué. D'ailleurs, nous n'avons pas pu emmener notre propre matériel, et allons utiliser le matériel qui nous est fourni sur place.
Pensiez-vous venir un jour tourner en Australie ?
A vrai dire non, car l'Australie est si éloignée que nous n'en entendons pas beaucoup parler en Europe. Je ne connais qu'une compagnie australienne : Strange Fruit, qui se produit en Europe, et quelques autres plus petites. Et nous ne savons d'ailleurs pas si les arts de rue occupent une place importante en Australie. Le festival de Fremantle est, je crois, un des plus importants d'Australie, c'est donc une chance d'être ici.
Pouvez-vous me parler du spectacle ?
Polar, c'est un mélange de plusieurs moyens, arts d'expression : le tango argentin, la musique et le feu. C'est comme
un gâteau avec plusieurs tranches et le public peut y picorer comme il le souhaite. C'est à dire qu'une personne peut choisir de n'écouter que la musique, ou de ne s'intéresser qu'au feu? Polar, c'est aussi une histoire que nous racontons et qui est un peu le squelette du spectacle. L'histoire est la suivante : un crime mystérieux a lieu dans un cabaret. Au départ, on ne voit que la victime. Puis, flash-back sur ce qui s'est passé au cabaret? Mais l'histoire est surtout allusive. Donc, là, encore, le spectateur est libre d'interprété ce qu'il voit, entend. Et l'expérience est multiple :- visuelle avec la danse et feu
- sensitive, le public peut être dans le ressenti en nous regardant jouer avec le feu, surtout que le feu est parfois physiquement très proche de nous.
- auditive avec les belles musiques
Yohanna Biojout : j'ajouterai que c'est un moment magique de par les arts qu'il regroupe. C'est un spectacle qui ne laisse pas indifférent, dont on se souvient. D'ailleurs, les enfants apprécient beaucoup le spectacle. Et, c'est aussi un spectacle qui transforme tous les lieux où nous le jouons.
Delphine Dartus : D'ailleurs, il y aussi beaucoup d'humour dans le spectacle. Le tango argentin et les spectacles de feu ont chacun quelque chose d'un peu sérieux, dramatique et justement, nous en faisons encore plus, forçons le trait pour sortir des clichés de ces deux arts.
Pourquoi le feu ?
En fait, Hervé et moi-même avons commencé avec le feu, nous faisions auparavant parti de la compagnie Salamandre. Et c'est ensuite que nous avons découvert le tango argentin. Cela a été une révélation et nous avons voulu allier le feu et le tango. Après notre premier spectacle en duo, nous avions envie d'aller encore plus loin dans la finesse et la subtilité et nous nous sommes rendus compte qu'il fallait être plusieurs pour explorer toutes les facettes feu-tango-musique et être plus nombreux permet aussi d'échanger, d'avoir plus d'idées, de s'enrichir.
Quels sont vos parcours ?
Certains viennent « du feu », d'autres de la musique ou du feu et de la danse mais chacun est désormais formé aux trois compétences : feu-musique-tango, c'est ça aussi qui est intéressant.
Vous êtes donc tous des « techniciens » du feu ?
Oui. Mais, il faudrait d'ailleurs trouver un mot car ce n'est pas vraiment « technicien ». Le feu est comme un élément vivant, il accompagne un sentiment, un personnage. Et je pense que nous nous sommes améliorés dans l'utilisation du feu pour ce second spectacle. Et oui, chacun participe à la mise en place des éléments techniques liés au feu. Le technicien de la compagnie s'occupe lui du son et de la lumière uniquement.
Un dernier mot ?
Oui, j'espère vraiment que nous serons à la hauteur des attentes du public. Nous sommes en haut de l'affiche de ce festival et nous espèrons que le public australien, que nous ne connaissons pas, va apprécier notre spectacle.
Julia Genty-Drouin (www.lepetitjournal.com/perth), jeudi 28 mars 2013
Gratuit ? jeudi 28, samedi 30, dimanche 31 mars et lundi 1er avril 2013 à 19h30 ? Esplanade Reserve, Fremantle