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Résultats des élections générales aux Pays-Bas: victoire de l’extrême droite

Les élections générales qui vont permettre d'élire les membres de la Chambre des représentants ‘Tweede Kamer’ des Pays-Bas ont eu lieu ce mercredi 22 Novembre 2023. C’est la victoire du populisme.

Affiche municipale incitant au voteAffiche municipale incitant au vote
Affiche municipale incitant au vote à Rotterdam (Photo: Emma Dailey)
Écrit par Emma Dailey
Publié le 23 novembre 2023, mis à jour le 29 novembre 2023

Un choc. Le Parti de la liberté (PVV), mené par le populiste islamophobe Geert Wilders, a remporté 37 sièges dans la ‘tweede kamer’, selon un décompte presque complet des voix effectué tôt jeudi, doublant ainsi leur présence politique. Environ 2,3 millions de personnes ont voté pour le PVV mercredi, selon Business Insider. Le premier ministre hongrois Viktor Orban, leader français d'extrême droite, Marine Le Pen, Tom van Grieken, chef de file de l'extrême droite belge, Santiago Abascal, chef de file de l'extrême droite espagnole, et Matteo Salvini, chef de file de l'extrême droite italienne, ont félicité le néerlandais pour sa victoire rapporte Reuters.

 

 

 

En seconde place, l’alliance entre la gauche et les verts, GroenLinks–PvdA, remporte 25 sièges (8 de plus qu’aux dernières élections). Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (Volkspartij voor Vrijheid en Democratie, abrégé en VVD), parti de l’ancien premier ministre Mark Rutte, qui domine la vie politique néerlandais depuis plus d’une décennie, est relégué en troisième place, perd 10 de ses 34 sièges acquis en 2021 pour en arriver à 24.

 

Carte des résulats de l'élections NOS le 23 Novembre 2023 à 17h30 (Source: NOS)

Les résultats détaillés du vote peuvent être suivis en direct sur le site du média néerlandais NOS ici.

 

Selon un sondage publié à la veille des élections, le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, figure emblématique de la lutte contre l'islam, arrive en tête à égalité avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) du Premier ministre sortant Mark Rutte, suivi de près par un groupe mixte de travaillistes et de verts, d'après Reuters. En effet, la restriction de l'immigration, qui a provoqué l'effondrement du dernier gouvernement de Rutte, a été l'un des principaux thèmes de la campagne.

 

Coalition encore à définir

 

Alors que 26 partis ont annoncé leur intention de participer à l'élection générale de novembre 2023, 15 partis ont obtenu des sièges dans la chambre des représentants. Le parlement néerlandais compte 150 sièges, et il en faut  76  pour créer une majorité. Aucun parti n'a remporté une élection avec une majorité absolue aux Pays-Bas depuis 1894. Plutôt, dans le système néerlandais, les partis élus forment une coalition pour gouverner. Ce processus prend du temps: après l'élection de 2021, il a fallu 271 jours, du début à la fin, pour que le gouvernement fonctionne.  Cette année ne fera pas exception, pense Dilan Yesilgoz, en tête du VVD. "C'est à Wilders de montrer qu'il peut former une majorité. Je ne pense pas que cela se produise,” dit-elle à Reuters.

 

Wilders doit donc d'abord former un gouvernement de coalition avant de pouvoir prendre les rênes du pouvoir. Ceci sera difficile, car les partis traditionnels sont réticents à s'allier à lui et à son parti, mais l'ampleur de sa victoire renforce sa position dans les négociations.  GroenLinks–PvdA et le VVD ont déjà exprimé que les positions  extrêmes de M. Wilders, qui cherche notamment à interdire totalement les mosquées et les corans aux Pays-Bas, rendrait impossible la formation d'un gouvernement avec lui. Il reste donc à voir dans les mois à venir, le visage que prendra la sphère politique néerlandaise, parmi la multitude de possibilités.

 

Une élection anticipée

 

Les nouveaux membres remplacent ceux de  la quatrième coalition de Mark Rutte, composée d'élus du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), de l'Appel chrétien-démocrate (CDA), des Démocrates 66 (D66) et de l'Union chrétienne (CU) sachant que la politique d'immigration, la crise du coût de la vie, les tensions entre le gouvernement et le secteur agricole aux Pays-Bas et le rétablissement d’une "bonne gouvernance" après une série de scandales au cours des dernières années semblent être les questions qui occupent le devant de la scène dans l'esprit des électeurs et sur lesquelles les partis ont mené des campagnes, selon IAmExpat.

 

Affiche électorale de 2021 à Groningue (Photo: Emma Dailey)
Affiche électorale de 2021 à Groningue (Photo: Emma Dailey)

 

Les scandales qui ont secoué la sphère politique néerlandaise ces dernières années comptent notamment le scandale des allocations familiales néerlandaises (toeslagenaffaire), l'affaire du tremblement de terre de Groningue et un scandale lié à la suppression de “textos” envoyés par le premier ministre Rutte (surnommé Nokiagate), ainsi que des critiques sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19, à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qui s'en est suivie. En raison de sa capacité à sortir indemne des scandales politiques, M. Rutte a été surnommé "Teflon Mark".

 

Il semble toutefois que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la politique néerlandaise ait été l'incapacité des coalitions à se mettre d'accord sur la politique d'immigration. Le gouvernement néerlandais s'est effondré le vendredi 7 juillet 2023 après avoir échoué à trouver un accord sur la manière de limiter  l'immigration. La crise a été déclenchée le jour où le parti conservateur ‘VVD’ du Premier ministre Mark Rutte a voulu limiter le flux de demandeurs d'asile aux Pays-Bas, ce que deux membres de sa coalition gouvernementale quadripartite ont refusé de soutenir, rapporte Reuters. L'effondrement du gouvernement a entraîné l'organisation d'élections anticipées. C'est la raison pour laquelle les élections générales ont lieu en novembre et non en mars comme cela était prévu. 

 

La dernière coalition de Rutte, qui est arrivée au pouvoir en janvier 2022, est pour le premier ministre la quatrième avec laquelle il gouverne en tant que  premier ministre. Elle restera en place en tant que gouvernement intérimaire jusqu'à ce qu'une nouvelle administration soit formée après les élections du 22 novembre 2023. L'administration intérimaire ne peut pas décider de nouvelles politiques, ce qui laisse toute une série de questions importantes, des objectifs climatiques à l'agriculture en passant par l'immigration, en suspense  jusqu'à mi-2024 probablement.

 

Fin de la dynastie Rutte

 

Mark Rutte est premier ministre néerlandais depuis octobre 2010, faisant de lui le premier ministre le plus ancien dans l'histoire du pays depuis août dernier. Il est également le deuxième plus ancien dirigeant de l'UE après le Premier ministre hongrois Viktor Orban. Il a annoncé en Juillet 2023 qu'il quitterait la vie politique une fois qu'une nouvelle coalition aurait été mise en place, à l'issue des élections de novembre, sachant donc que cela marquerait la fin d'une ère.

 

Bureau de vote à La Haye en 2023 (Photo: Emma Dailey)
Bureau de vote à La Haye en 2023 (Photo: Emma Dailey)

 

"Lorsqu'un nouveau cabinet prendra ses fonctions après les élections, je quitterai la politique.” a-t-il en effet déclaré à Reuters en juillet dernier. Malgré cette annonce, plusieurs médias néerlandais émettent l’hypothèse qu’en fait Mark Rutte compterait quitter l’arène politique néerlandaise, pour entrer dans le jeu au niveau de l’Union européenne (UE) ou bien de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) . Il a d’ailleurs exprimé son intérêt pour le poste de secrétaire général de l'OTAN il y a plusieurs semaines, rapporte Politico. Il a fait part de son ambition dans une interview avec radio Den Haag FM, déclarant que le poste "serait intéressant car il offrirait la possibilité de contribuer pendant quelques années à la scène internationale dans une période de changements mondiaux spectaculaires". 

 

Divers dirigeants de partis et leaders parlementaires ont également confirmé que cette élection marquera la fin de leur parcours politique, parmi lesquels Sigrid Kaag (D66), Wopke Hoekstra et Pieter Heerma (tous deux du CDA), Attje Kuiken (PvdA), Kees van der Staaij (SGP), Farid Azarkan (DENK), Liane den Haan (indépendante), Nilüfer Gündoğan (indépendante) et Sylvana Simons (BIJ1). Jesse Klaver a précisé qu'il ne se porterait pas candidat à la tête de l'alliance Parti travailliste-GroenLinks, bien qu'il ait exprimé son souhait de rester député. De plus, Vera Bergkamp, l'actuelle présidente de la chambre des représentants, a décidé de ne pas se présenter aux élections. Il est donc clair que le paysage politique néerlandais va connaître  de nombreux changements dans les mois à venir.


 

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