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Eurovision: Eurobyebye à Europapa

Ce samedi 11 mai 2024, l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER) a exclu Joost Klein du Concours Eurovision de la Chanson qui se tient en ce moment même à Malmö, en Suède. Du jamais vu depuis la création du concours en 1956. La participation d’Israël au concours est quant à elle très controversée, à cause non-seulement de la situation géopolitique locale, mais aussi d’actions de la part de la représentation sur place.

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Joost Klein pendant le demi-final de l'Eurovision 2024 (Photo: Wojciech Pędzich , Wikimedia, CCBYSA4.0)
Écrit par Thibault Lapers
Publié le 11 mai 2024, mis à jour le 12 mai 2024

Du jamais vu depuis la création du Concours Eurovision de la Chanson en 1956 : l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER, EBU), organisant ce concours annuel, a décidé d’exclure Joost Klein, représentant néerlandais lors de l’édition 2024 à Malmö en Suède. La raison donnée par les diffuseurs néerlandais NOS et AVROTROS sont des menaces faites à l’encontre d’une camerawoman, qui a porté plainte.

“Nous avons pris connaissance de la disqualification prononcée par l'UER. AVROTROS trouve la disqualification disproportionnée et est choqué par la décision” a fait savoir ce samedi midi le radiodiffuseur publique AVROTROS, responsable de la représentation néerlandaise au Concours Eurovision de la Chanson, qui fait partie de l’organisation NPO (Nederlandse Publieke Omroep). Cette dernière a fait savoir que la décision était jugée “très drastique” et “décevante”.

Déroulement chaotique

Joost Klein a interprété sa chanson "Europapa" comme il le devrait sur la scène du Malmö Arena jeudi soir lors de la deuxième demi-finale du Concours annuel, après plusieurs répétitions dans les jours précédents. 

Selon AVROTROS, Joost Klein aurait fait un mouvement menaçant à la fin de sa prestation, face à une camerawoman, membre de l’équipe de production du Concours. Elle le filmait  après qu’il ait pourtant refusé de se faire filmer, pendant qu'il se dirigeait vers la “greenroom.” Le radiodiffuseur précise que Joost n’a pas physiquement touché la camerawoman.

La chanson “Europapa” qu’il présentait était une ode à l’Europe et un message personnel à ses parents après qu’il les ait perdus durant son enfance. Sa chanson a battu tous les records nationaux : elle a réussi à accumuler le plus grand nombre de streams Spotify en une journée pour une chanson jamais enregistrée aux Pays-Bas.

 

Ce vendredi, dans l’après-midi, l’UER avait fait savoir que Joost Klein ne participait pas aux répétitions et l’artiste avait déjà enlevé tout le contenu Eurovision de ses médias sociaux ainsi que “unfollow” les comptes qu’il suivait auparavant. Le nombre d’internautes se rendant sur le site web de l’UER en recherche d’information l’a même rendu hors service.

Le même soir, Joost n’a pas participé au show pour le jury (50 pourcent des points finaux) parce que l’enquête était en cours, et des discussions avaient lieu entre l’UER et AVROTROS. C’est donc sa prestation lors de la seconde demi-finale qui a été jugée. Lors de l’annonce de son absence à 21 heures, le public a fait savoir son mécontentement et la chanson, quand même diffusée sur les écrans, a été chantée à cœur joie par l’audience.

La police de Malmö a confirmé peu avant minuit samedi qu’elle était intervenue pour interroger les différentes parties impliquées dans l’affaire. À l’aube, des hautes discussions ont eu lieu entre UER, AVROTROS et la NPO, avant l’annonce finale. AVROTROS annonce que la diffusion de la finale du Concours, sans performance de Joost Klein, aura bien lieu en télévision aux Pays-Bas, conformément au règlement.

De plus, les personnes n’habitant pas en Europe peuvent voter bien avant la finale. Cependant, cette année, à cause de la situation, les votes ont ouvert bien plus tard que prévu.

Ce samedi après-midi, avant la finale de 21 heures, l’Irlande, la Grèce et la Suisse se sont absentés de la parade des drapeaux pendant les répétitions.

“Nous appliquons une politique de tolérance zéro à l'égard des comportements inappropriés lors de notre événement et nous nous engageons à fournir un environnement de travail sûr et sécurisé à l'ensemble du personnel du concours. Dans ce contexte, le comportement de Joost Klein à l'égard d'un membre de l'équipe est considéré comme une violation du règlement du concours”, dit l'UER.

Rumeurs d’autres incidents en attendant le communiqué

Ce vendredi, il y avait eu de nombreuses rumeurs sur ce qu’il s’était passé exactement.

Certains spéculent que la représentation israélienne était impliquée dans cet incident, après que Joost Klein se soit revêtu d’un drapeau, peut-être celui des Pays-Bas, pendant l'entretien de la chanteuse israélienne Eden Golan lors de la conférence de presse post-qualification, ou qu’il ait répondu “pourquoi pas ?” au manager d’Eden Golan qui proposait à la chanteuse de ne pas répondre à la question ”Avez-vous déjà pensé qu'en étant ici, vous présentiez des risques et des dangers pour les autres participants et le public ?”

Les tensions entre le néerlandais et la représentation israélienne ont commencé bien avant la seconde demi-finale, car des personnes issues de cette représentation avaient déjà pris une photo et diffusé le visage de Joost Klein sans son autorisation. L’Irlande, la Grèce et la Suisse se sont également plaints d’agissements similaires de la part de cette équipe.

Par ailleurs, la représentation espagnole de la RTVE a transmis à l’UER “son engagement en faveur de la liberté de la presse et d'opinion et a exigé que l’Eurovision veille à son respect” après qu’un journaliste espagnol a affirmé s’être fait intimider et harceler par de la délégation du radiodiffuseur israélien KAN, après avoir crié “Free Palestine”  lors de la répétition de la chanson de Eden Golan. D’autres évidences d’harcèlement de la part des israéliens semblent aussi avoir émergé sur les médias sociaux.

Israël controversée

En plus des controverses liées aux actions de la représentante Eden Golan, la participation d’Israël au concours a créé beaucoup de troubles en Suède et dans l’Europe. Des individus ont tenté d’intimider la représentation, venant devant l’hôtel de la chanteuse. Il y a aussi eu des manifestations pro-Palestine dans la ville dont la plus récente était cet après-midi.

Des observateurs, qui s’intéressent ou pas au Concours, pensent que le pays aurait dû être exclu à cause du conflit au Moyen-Orient. Il y a un antécédent. En effet, en 2021, la Biélorussie, qui avait emprisonné par la force un journaliste d’opposition, avait présenté une chanson perçue comme trop politique et la BRTC a fini par être exclue. L’année suivante, la Russie a envahi l’Ukraine et la VGTRK a aussi été suspendue de l’UER et donc du Concours. À noter que la compagnie Moroccanoil, une marque de soins capillaires appartenant à l'Israélienne Carmen Tal, qui fabrique la plupart de ses produits en Israël, est le premier sponsor de l'événement Eurovision 2024. 

À plusieurs reprises, lors du Concours, la chanson de Eden Golan, nommée "Hurricane", a été huée par le public. Cet effet a été atténué en régie lors de la diffusion en télévision. La chanteuse irlandaise Bambie Thug s’oppose par ailleurs à sa diffusion ce samedi soir, à cause de commentaires homophobes dits à la télévision par des présentateurs de la KAN en Israël, et menace de ne pas participer à la finale.

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