Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

Blog de Virginie: Mes vacances de Noël aux Pays-Bas

Je me souviens encore de mes premières vacances de Noël aux Pays-Bas. Je m’étais installée en septembre et mon activité professionnelle, pratiquement inexistante à l’époque, ne me permettait pas de partir. En plus, cela me tenait à cœur de passer mon premier Noël dans mon nouveau pays.

Photo 4Photo 4
Le Nieuwjaarsduik 2023-2024 (Photo: V. Lacomme)
Écrit par Virginie Lacomme
Publié le 21 janvier 2024, mis à jour le 21 janvier 2024

J’avais l’habitude d’un Noël méga baroque en Espagne avec chants de Noël à profusion dans tous les magasins et nourriture en abondance. Concernant la France, la nourriture joue aussi un rôle important bien sûr, et en soi, ce n’est pas désagréable. Mais je dois avouer quand même que j’étais fatiguée de l’avalanche de cadeaux et toutes les obligations qui gravitaient autour. 

 

Sobriété

 

Au moins, aux Pays-Bas, c’est la sobriété qui est de mise. 

 

Pas de cadeaux, ou si peu. Quelques spécialités sucrées comme les oliebollen, que l’on connaît sous le nom de croustillons en France. Mais sinon, rien de particulier et mises à part les décorations dans la rue, rien ne laisse supposer que c'est une fête. Je trouve ça très reposant. Et autant passer les fêtes seule pouvait me peser très largement en France, autant ici, il n’y a aucun problème. J’ai même fini par faire un sapin, ce que je ne faisais presque jamais en France, paradoxalement. J’aime beaucoup mon pays d’origine bien sûr, mais j’y vivais les fêtes comme de la période du trop. Trop de bouffe, trop de cadeaux. 

 

Dégustation de Olibollen le 27 Décembre 1950 (Photo: Nationaal Archief)
Dégustation de Olibollen le 27 Décembre 1950 (Photo: Nationaal Archief)

 

Le seul point culturel sur lequel je suis intransigeante, c’est le foie gras. Je n’en mange que très rarement, mais je défends ardemment, très ardemment, la possibilité de sa consommation. Bien sûr, aux Pays-Bas, le gavage est interdit par respect pour la cause animale. Je comprends, je comprends très bien même. Mais je reste une enfant de la campagne, j’ai grandi avec le foie gras. Et maintenant, je suis quasiment une hors-la-loi pour affirmer haut et fort que j’aime ça, même si encore une fois, je n’en mange jamais. 

 

La période de Noël suit un schéma immuable. 

 

Aller voir arriver Saint-Nicolas en bateau (Saint-Nicolas arrive en bateau, pas moi), préparer le sapin, puis le 5 décembre arrive et Saint-Nicolas apporte les cadeaux aux enfants. Ensuite il repart en Espagne, le veinard. Pardon, non, je me suis trompée, pas dans cet ordre.

 

J’ai parfois des étudiants néerlandais pour des cours de français en ligne. Et cette année, l’un d’entre me dit : « Virginie, ton succès au inburgeringsexamen (examen “d’intégration” obligatoire pour certains immigrés) est largement compromis ». Il ne l’a pas dit tout à fait comme ça, mais l’esprit y était. Il avait vu, derrière moi, le sapin qui trônait fièrement. Quelle erreur impardonnable ! Effectivement, m’expliqua-t-il, le sapin de Noël ne doit (ou ne devrait…) être fait qu’après et uniquement après le 6 décembre. OK, d’accord. 

 

 Le sapin de Noël à Haarlem, le jour du marché de Noël (Photo: V. Lacomme)
 Le sapin de Noël à Haarlem, le jour du marché de Noël (Photo: V. Lacomme)

 

Donc, je reprends. La période de Noël suit un schéma immuable. Saint-Nicolas, le sapin, le marché de Noël de Haarlem, ville où j’habite, puis la lente descente vers les ténèbres desquelles seuls Noël et le solstice d’hiver nous sortent. 

 

J’aime, à cette période, faire du vélo dans la ville le soir lorsque les rues sont sombres. Comme vous le savez, les fenêtres des maisons néerlandaises n’ont pas de rideaux. C’est un véritable festival de lumières et autres décorations qui rivalisent en raffinement, en sobriété et en chaleur. J’aime ce spectacle, vraiment, qui me fait chaud au cœur et j’aime voir ces familles réunies autour du sapin. 

 

Noël est donc très calme ici. Il y a des festivités en centre-ville, mais Noël ici célèbre essentiellement la commémoration de la naissance de Jésus, que je fête parfois dans l'église francophone dont je fais partie (mais je vous raconterai ça dans un prochain épisode). Un retour aux fondamentaux, en somme. 

 

Nouvel An

 

Quelques jours et quelques oliebollen plus tard, c’est le Nouvel An. Comme je l’ai écrit au début de cet article, je me souviens très bien des premières fêtes de fin d’année passées aux Pays-Bas. Je me souviens plus particulièrement de l’émerveillement face à la profusion des feux d’artifice et de la joie presque enfantine des Néerlandais face à cette activité. À cette époque, donc, j’habitais le dernier étage d’une maison et j’avais la chance d’avoir une double orientation. L’une vers l’ouest, les dunes, la mer, les couchers de soleil. L’autre vers l’est, les avions qui atterrissent à Schiphol, au loin Amsterdam, les levers de soleil. 

 

Je ne savais où donner de la tête avec ces feux d’artifice. Je courais d’une fenêtre à l’autre. Déjà quelques heures avant, oh là là, je trouvais ça magnifique. Mais à minuit, ce fut l’explosion. L’apothéose. Je repérai que mes voisins n’étaient pas en reste quant à la beauté des feux d’artifice qu’ils tiraient depuis notre rue. L’année suivante, à minuit, ils me firent signe pour que je descende les rejoindre. C’est là qu’ils me racontèrent de bien belles choses sur cette passion néerlandaise : les économies réalisées pendant un an, les descentes en Allemagne pour des achats meilleur marché, le défoulement total la nuit du 31. 

 

Feu d'artifice en Hollande en 2013 (Photo: Wikimedia, Peter van der Sluijs, CCBYSA3.0)
Feu d'artifice en Hollande en 2013 (Photo: Wikimedia, Peter van der Sluijs, CCBYSA3.0)

 

Les années suivantes, je ressentis le besoin d’aller passer la période du Nouvel An à la campagne, puis il y eut le coronavirus et ses restrictions associées. Donc plus du tout ou moins de feux d’artifice, entre autres pour éviter la promiscuité et de saturer les hôpitaux. Depuis, la tradition des feux d’artifice est moins populaire. Plus calme, moins d’angoisses pour nos amis les chiens, moins d’accidents. À Haarlem, les feux d’artifices sont maintenant interdits. Cela n’a pas empêché le décès d’un jeune homme cette année, l’interdiction n’étant pas spécialement respectée. 

 

Le Nieuwjaarsduik

 

Mais s’il existe un épisode vraiment stimulant et fascinant à la fois, c’est bien le Nieuwjaarsduik. Entendons-nous bien, cette tradition d’aller se baigner le 1ᵉʳ janvier n’est pas spécifique aux Pays-Bas. D’autres pays occidentaux de l’hémisphère nord la pratiquent, à commencer par la France. On peut se baigner, en effet, en Normandie, au Pays Basque, sur la côte niçoise. Je me suis déjà baignée à Nice, un jour de Noël. Oui, oui. Bon, c’est vrai, je l’avoue, il faisait 25 degrés ce jour-là. 

 

Mais les Pays-Bas avec leur 5-6 degrés autant dans l’air que dans la mer, c’est quand même autre chose. Je n’avais jamais prêté attention à cette tradition lorsque je vivais en France, un vague souvenir de reportage lors du journal télévisé. Mais, aux Pays-Bas, la proximité de la mer et l’omniprésence de l’eau sur presque tout le pays rendent l’événement plus proche, presque incontournable. 

 

Plage (Photo: V. Lacomme)
Plage néerlandaise en hiver (Photo: V. Lacomme)

 

J’aime l’ambiance festive qui l’entoure. Les chants traditionnels déjà diffusés dans le train bondé. Les préparatifs, où les gens, souvent en famille et sur plusieurs générations, se déshabillent, puis s’échauffent, en sautillant, en dansant sur la musique diffusée par des haut-parleurs, tout en gardant leur peignoir ou bien déjà en maillot de bain. Les bonnets Unox, célèbre marque de soupe, sponsor qui offre une soupe bien chaude à tous les participants après la baignade. Les bonnets Unox si reconnaissables de loin et qui donnent une certaine unité à la foule. 

 

La foule, qui se déplace en même temps vers la mer puis hors de la mer, comme un seul être composé d’autant de particules coiffées de ce bonnet orange. Puis ce moment jubilatoire où tous s’élancent dans un seul mouvement. Ce moment jubilatoire où je me dis : Ils sont fous, ces Néerlandais. Mais j’aime ça, en fait. J’aime le côté initiatique de la baignade du 1ᵉʳ janvier, un côté presque mystique. Il s’agit d’un véritable baptême où on laisse l’ancien dans l’eau pour ressortir neuf et prêt.e à affronter la nouvelle année. 

 

Le Nieuwjaarsduik 2023-2024 (Photo: V. Lacomme)
Le Nieuwjaarsduik 2023-2024 (Photo: V. Lacomme)

 

Je me dis que ce serait bien que je le fasse un jour pour mon inburgering. Mais tous les ans, je me trouve de bonnes excuses pour ne pas m’exécuter…. Je traîne sur la plage pour observer les indépendants, qui vont se baigner sans participer à l’événement organisé. Je vais siroter un chocolat chaud dans le café qui est sur la plage, près du poêle. Deux heures après, les bus ne circulent toujours pas normalement ou alors sont bondés, idem pour les trains. Je parviens quand même à me faufiler. En rentrant, j’aimerais bien prendre un dernier oliebol, mais le marchand n’est déjà plus là. 

 

'Gebakkraam' à Leiden (Photo: Wikimedia, CCBYSA2.0, FaceMePLS)
'Gebakkraam' à Leiden (Photo: Wikimedia, CCBYSA2.0, FaceMePLS)

 

Et oui, le lendemain, c’est déjà le 2 janvier et la vie reprend ses droits. Dès la première heure, les premiers mails professionnels arrivent, le courrier du comptable pour la TVA, etc etc … 

Bref, les vacances sont finies. 


 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024