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UN LIVRE, UNE HISTOIRE – Littérature pour enfants sans âge

Littérature pour enfants sans âgeLittérature pour enfants sans âge
Littérature pour enfants sans âge
Écrit par La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 12 septembre 2017, mis à jour le 7 novembre 2017

Toutes les semaines, nous vous proposons, en partenariat avec La Bouquinerie Le Liseron, de retrouver le goût de lire. Lémile, le moine qui ouvrit sa bouquinerie, n’a pas son pareil pour rendre les ouvrages qu’il présente contemporains. Avec humour et insolence, il arrive à faire le parallèle entre ouvrages d’hier et société moderne.

 

Pourquoi continues-tu as t’emmerder devant le 20 H ? Alors que tu pourrais t’esbaudir à lire « Le cadeau de Trotro »

Trotro a reçu un cadeau
C’est lourd comme un camion
Ça fait un bruit de bonbons
C’est de la taille d’un ballon
C’est, c’est , c’est…
Exactement ce que je voulais !

Pourquoi, oui pourquoi continuer à te chier d’ssus en ouvrant le journal dès le réveil ?
Alors que tu pourrais aller tranquillement t’asseoir faire ta crocrotte sur le p’tit popot pour lilire « T’choupi au zoo ».

Aujourd’hui T’choupi va au zoo
Pendant que sa maman achète les billets
T’choupi s’impatiente : il a très envie
de voir les singes !

Tout près de l’entrée, il y a des tortues
Avec de jolies carapaces
T’choupi les regarde à peine et ronchonne :
- Moi, je préfère les singes !

Devant l’enclos des kangourous
T’choupi se met à faire des bonds partout
Un bébé kangourou sort la tête
De la poche de sa maman. Coucou !

T’choupi aperçoit les singes
- Les voila enfin ! Mon préféré,
C’est le gorille !
Mais ceux-ci, ce sont des chimpanzés
Et des ouistitis !

T’choupi s’agite et montre une cage.
Dedans, des oiseaux de toutes les couleurs
Chantent et se balancent.
- Tu as raison maman, s’écrie T’choupi.
Les perroquets sont encore plus rigolos
Que les ouistitis !


Et encore, ami liseron, tu ne peux malheureusement partager avec moi le déferlement de surprises à découvrir, de pop-up, de couleurs qu’offre de tel ouvrages ! J’en ai les neuneuilles tout barbouillés !
C’est à des années lumières des falotes guerres modernes présentées au JT. Ou se laisse défiler un cruel manque de goût artistique, une sorte de peinture intellectualiste, ni plus ni moins : du gris, encore du gris, du noir, encore du noir, du marron, encore du marron pffffffff ! De la couleur, de la couleur ou je fais mon caca-boudin !

A l’heure où de toute part s’enflamment les brasiers de la haine, où une Face-De-Citron-Made-In-Corean et un Emplumé-De-Canard-En-Fausse-Moumoute-Made-In-Disney se mesurent le bout du missile sur la table diplomatique, à l’heure où les oeufs de poules sont contaminés par une nouvelle forme dégénérative de profit capitaliste, à l’heure où la mauvaise herbe du terrorisme envahit la ville de Ouagadougou !

En ces heures lugubres et stridentes, ami liseron, gave toi de couleurs ras la gueule ! Bouffe par tous les orifices du OUI OUI en tube versicolore, Du Dora l’exploratrice en pot triple XL ! Machouille tous les crayons de couleurs dégoulinants de T’choupi ! Brosse toi les dents avec les gros pinceaux bigarrés de Babar…

Contre la misère du monde, résiste, barbouille le monde !

Deviens cette ignorance militante ! Oui, fait l’autruche avec courage ! Mets-y toi la tête dans l'sable et refuse de t’informer !
Revêt l’armure de plumes panaché de rouge gorge, de mauve guimauve, d’orange à jus, de vert de rage, de jaune-à-temps, de bleu d’Auvergne…

Retourne ta téloche et à grands seaux colorie cette toile opaque ! Tranche d’accordéon ton journal en un collier de petits bonshommes valseurs ! Détourne les panneaux publicitaires en moustachant tout cela ! Résiste à l’affadissement du monde, donne lui le goût des acryliques délicieuses de notre enfance ! Des poésies innocemment absurdes des pouet-pouet en herbe !

Il faut du courage ! Oui du courage je l’affirme, pour refuser de participer au spectacle nauséabond de la décharge à ciel ouvert de nos hurlements d’apocalypses tout azimuts ! Refuse, fait l’autruche !

Et pourquoi faire je vous le demande, pourquoi faire toutes ces informations ? On en devient obèse de tristesse, on porte en soi comme une grossesse contrariée un Frankenstein de culpabilité, de frustration, des difformités du mal-être.

Résiste T’choupi liseron ! Résiste OUI OUI liseron ! Résiste Babar liseron ! Reste Dora liseron !
Comme dit l’adage : Celui qui colorie c’est le colorieu r!

Petit Ours Brun
A un beau parapluie
Mais il ne pleut pas

Petit Ours Brun
Met son parapluie a son bras
Comme un papa ours

Petit Ours Brun
Se fait une jolie tente
Sous son parapluie

Il pleut, il pleut !
Petit Ours Brun
Est content

Petit Ours Brun
Va dans le jardin
Pour essayer son parapluie

La pluie fait
Flic, floc
Sur le parapluie
Petit Ours Brun
Est bien à l’abri

Relis ce dernier couplet sur la pluie ami liseron ! C’est enfantin, c’est beau comme l’éclairci au milieu des tempêtes.

Le monde a grand besoin de grands d’enfants.
Le monde n’a nul besoin de sérieuses pensées, de sérieux problèmes, de sérieux gens.
Le monde a grand besoin de grands d’enfants.

Il faut lire la candide poésie de ces auteurs de livres jeunesse injustement méconnus. Cette poésie sans verbiage métaphysique, sans pilule moraline, sans arrière monde désespérant a recolorier les rue bitumées de nos vies.

Rimbaud ! Rimbaud à moi ! De ta poésie des enfers :
À moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

Lis Léo et Popi, ami liseron, lis !

C’est au tour de Léo
Hou là là, c’est un peu haut…
Et puis, c’est vrai
Que c’est glissant, un toboggan !

Popi est fier de Léo,
Il fait bravo, bravo, bravo !
Alors léo est fier aussi
Il dit : Encore ! et il rit.

Cette fois,
Léo n’a plus peur du tout.
C’est amusant, le toboggan,
Quand on est grand !

Amis liserons à vos toboggans ! Laissez-vous glisser dans les histoires chamarrées des contes pour enfants.

Ah, ami liseron, je vois d’ici ton sceptique sourcil sourciller et railler ma naïveté.

Si le monde est réellement ce que nous en faisons, alors le monde cherche, cherche toujours des
enfants, des poètes, des enfants-poètes.

Aussi, laisse-moi te livrer un vrai secret. Il existe en nous un mécanisme de la poésie enfantine que les mots et les images mettent en branle, ce mécanisme ne demande qu’à jouer de ses rouages de Lego multicolores.

Tu peux les lire, ces albums jeunesse, et sentir guiliguiler en toi le chant de l’horlogerie, comme des milliers de ballons hérissés de couleurs chatoyantes lancés au ciel ; ou tu peux ouvrir ton journal, comme on éventre une bête aux abois, et te mettre du plomb dans la tête.

Ami liseron, si ta tête est trop lourde, écoute mon conseil et laisse- la tomber dans le sable !
Il y a là une grande sagesse, dans le courageux mouvement de l’autruche !

 

 

 

 

La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 12 septembre 2017, mis à jour le 7 novembre 2017

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