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Les Cyniques ou l'art de pisser où il ne faut pas

Les cyniques grecs Diogène de SinopeLes cyniques grecs Diogène de Sinope
Écrit par La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 21 novembre 2017

Retrouver le goût de lire avec la Bouquinerie Le Liseron. Le moine qui ouvrit sa bouquinerie n'a pas son pareil pour rendre les ouvrages qu'il présente contemporains. Avec humour, fantaisie et insolence, il arrive à faire le parallèle entre ouvrages d'hier et société moderne.

 

Tout le monde va bien et c’est bien ça le pire!

Je tournemaboule autour des « étales » de la dernière « rentrée littéraire » (Merde ! Je m’étais promis de ne pas dire de gros mot, merde !)… Comme à la poissonnerie on choisit à la couleur du cadavre pour juger d’la fraîcheur…

La poissonnière me fout sous le pif une grosse carpe : « Ta deuxième vie commence quand tu réalises que tu n’en a qu’une ». Argh promesse d’idées re-re-repassées à la planche à re-re-repasser ; ici un poisson ballon : « Et tu trouveras le trésor qui dort en toi ». J’en ai les neurones du fonds qui baignent. Oh ! Je tiens une perle-là que me lance la Capt’ain’Croustibat : un dialogue entre Mimie Mathy et Gilles Legardinier où je cite « Ils ont eu envie de se poser les questions que personne n’ose jamais… » Sacré prise !

Oh et la dernière sardine à l’huile de Marc Levy : « La dernière de Stanfield » avec des critiques aussi élogieuses que celle du Ouest France : « Une saga familiale bien troussée. », cette année on va se régaler !
Les bibliothérapistes vous mentent éhontément. Ils vous mentent éhontément ! Ils vous mentent éhontément ! Ils vous mentent éhontément ! Ils vous mentent éhontément ! (Je peux tenir toute la vie comme ça !).
Que se passe-t-il dans le milieu littéraire de ses dernières années non d’une pipe en mousse ? Où sont passées vos couilles les gars ?

On nous ratiboise les parties à grand coup de poncifs bien lourdingues : « Être heureux c’est réaliser qu’on crée soi-même ses ennuis » (Ah donc c’est moi qui ai voulu qu’on tague ma voiture dans la nuit : « Je suce des mégabytes sur ton Mac signé Stiv Job »), ou encore le fameux : « Crois en toi et le monde croira en toi ! » (C’est l’histoire d’un mi-cuit qu’a pas cru en lui…).

Soyons sérieux, ce n’est pas en nous paluchant sur des photos de jardin japonais à la raie bien ratissée qu’on trouvera la paix intérieure (Vous savez cet havre de sérénité que vous promettent tous ceux qui n’ont ni enfants branchés sur du triphasé, ni boîte aux lettres piégée de factures explosives à payer, ni bourrelets qui ont élus domicile sur vos hanches avec une vue panoramique sur votre mauvaise conscience… mais qui sont vraiment de bons conseils… comme l’est un prêtre du village de Bézons dans le Val d’Oise sur les difficultés techniques à réaliser la brouette thaïlandaise).

Ouvrez la télé, les journaux et maintenant les livres ! Tout conspire à vous beurrer la tartine (loi de Murphy : sûr on va se ramasser la gueule sur le carrelage !) ! A faire votre bonheur pour toujours et toujours (beurk!) !
C’est un hurlement de chien que je pousse dans la plus pure tradition Cynique !… A moi les flammes de la critique sans raison d’être ! A moi les refus, les insultes, les doigts levés, les mots assassins, les perce-ballons, à moi les non-participatifs, les exilés pestiférant, les violents des confins des conflits… Où sont les vils aboyeurs de notre temps ? Oui où sont les célestes pouilleux rageant bave aux lèvres contre les progrès de « l’empire du bien » ?

Plus personne pour protester pour le plaisir de protester ? Français où est ton honneur ?

Pas une journée sans qu’on nous propose des graines germées à faire pousser sur nos balcons (Et on ne peut même pas pisser dessus en plus !), pas une heure sans qu’on me demande de signer une pétition pour sauver un koala albinos, un taïwanais sans RTT ou un séquoia en mal de photocopieuse (trois choses dont on se passe très bien quand on mange des chips devant les reines du shopping). Pas une minute sans que bobonne ne me parle des multiples vertues merveilleuses du savon noir (Désolé mais là c’est de la chimie de base : de 1 le sale c’est noir, de 2 le propre c’est blanc, donc en toute logique un savon noir c’est un savon sale ! Ramène-moi un savon blanc et ferme-….. !).  Pas une seconde sans qu’on ne me propose un nouveau moyen de me détendre le rectum à grand renfort de baba-yoga-sans-rhum (La palme d’or pour le dernier venu des Etats-Unis, le Goat yoga : faire du yoga au milieu des chèvres… Salauds ! Vous m’enlevez le pain de la bouche si vous avez des pratiques plus débiles qu’il ne m’est possible de surenchérir de mauvaise foi sur le bien fondée d’une brillante nouvelle idée !).

Écoutez, comme le colibri, je veux bien faire ma part, mais je ne vais pas pouvoir chier sur la tête de 7 milliards de passants (même en bouffant de la merde il faut être pragmatique c’est impossible).

Alors je propose de créer une organisation mondiale pour faire face à la montée en puissance des Free Hugs et autres vecteurs de Maladies de Gentillesses Contagieuses, créons un ANUS : Amis Naturistes Unijambistes Séminaristes.

Bon ok ce n’est pas la bonne traduction pour cet acronyme (Remarquez la difficulté à laquelle je dois faire face maintenant pour justifier cette boutade) : Amicale des Négationnistes Unijambistes Sourcilleux. C’est mieux !

Les missions de l’ANUS seront de faire la promotion de valeurs importantes telles que :

De 1, de dormir dans un canapé, parce que comme ça il n’y a pas de lit à faire ! (Et je m’arrête ici un moment sur ce qui semble n’avoir frappé personne. Mais non d’une pipe en tire-bouchon ! On défait son lit pour le refaire, on défait et après on refait et ainsi de suite ad vitam aeternam… Mais cessons donc et plongeons dans les délices malpropres du canapé) ;
De 2, de râler dès qu’on peut même si on est content et qu’on a pas envie de râler, c’est une question de principe ;
De 3, c’est déjà beaucoup de deux !

On dira que j’exagère, que tout ne va pas si bien que ça et qu’un peu de bonne humeur n’a jamais tué personne !

Erreur, erreur, erreur ! Funeste erreur ! Et comment ferons-nous lorsque nous nous aimerons tous d’un amour parfait sans chaîne ni boucles aux tétons?

Tous ces missionnaires de l’amour qui vous ramonent dans le sens du poil ! Ah non ! Suzette, fais-moi le coup d’la ventouse à water et vas-y de bon cœur !

C’est exactement comme les Mikado tiens… Ok ça n’a aucun rapport ! Mais il faut que je vous parle quand même de ce monstre d’aberration biscuitière ! De deux choses l’une, quand je mange des gâteaux psychédéliques (industriels) je ne prends pas des faux airs de duchesse « Oh marvelous it’s tea time ». Non, quand j’ai décidé de me faire péter le compteur d’insuline, je régresse carrément vers les reniflements du porc baignant dans une auge ras la gueule de spaghetti bolo. Et comment puis-je satisfaire les besoins de ma nature porcine avec cet affront fait à tous les paquets de biscuits : Les Mikados ! 90 grammes… Ce n’est même pas le poids de ce que je balance de purée après une semaine de grève des artisanes de la jambe en l’air.

Comment ? Ah oui je devais vous faire l’éloge d’un bouquin… Et bien plus que cela ! Je te parle de ceux qui ont fait de leurs vies un art de rire du monde pour échapper aux larmes, en marge de tous les temps, ce sont les Cyniques dont je te parle depuis une plombe bougre d’ornithorynque !

Les Jarry, Cioran, Desproges, Muray…Tout le monde connait d’ailleurs le plus célèbre d’entre eux : Diogène de Sinope.

Un jour, le navire qui le portait étant tombé aux mains de corsaires, il fut fait prisonnier et vendu sur un marché aux esclaves. Comme les acheteurs potentiels s'enquéraient auprès de lui de ce qu'il savait faire, il répondit fièrement : « Commander ! Qui veut s’acheter un maître ? ».

Quand on lui reprochait de fréquenter les maisons closes, il disait : « Le soleil va bien dans les latrines, et pourtant il ne s'y souille pas ! ».

A Corinthe, Alexandre-le-Grand à qui l'on présentait le célèbre clochard-philosophe des rues dans sa jarre, lui dit : « Demande-moi ce que tu veux, je te le donnerai ». Diogène lui répondit : « Ôte-toi de mon soleil ».

A un Athénien qui lui demandait pourquoi il n'était jamais sérieux et faisait toujours le pitre, il répondit en lui montrant son derrière : « Il est souvent plus sage de montrer son cul que de répondre à des questions idiotes ! ».

Observant un archer qui manquait son but à chaque flèche, il alla posément s'asseoir auprès de la cible, affirmant que ce serait certainement là qu'il serait le plus en sécurité.

Il ne nous reste que des témoignages de ce que fut la vie et les frasques du cynique Diogène. Il disait encore : « Pour vivre heureux, dispose d’une raison droite ou d’une corde pour te pendre. Construis ta vie comme une œuvre d'art, forte, unique et parfaite. Érige en toi ta propre loi, à la fois inébranlable et vivante ».

Relisons les traits mordants de l’éternel panache des Cyniques, ils nous rappellent qu’on ne gagne pas les séjours bienheureux en nous bourrant le mou de câlins et de politesses alambiquées, mais par l’ascèse rigoureuse d’un art du crachat et du beau geste indécent !

Amis liserons à vos glaires !

 

La Bouquinerie Le Liseron
Publié le 21 novembre 2017, mis à jour le 21 novembre 2017

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