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Nouvelle-Calédonie : "Il ne s'est rien passé de particulier le 24 septembre mais..."

Le 24 septembre 2024 est le 171ᵉ anniversaire du rattachement de l’archipel de la Nouvelle-Calédonie à la France. Dans le contexte des nombreuses violences dans le territoire, cette date clé laisse craindre de nouvelles tensions.

Carcasse de voiture pendant les émeutes en Nouvelle-CalédonieCarcasse de voiture pendant les émeutes en Nouvelle-Calédonie
Carcasse de voiture pendant les émeutes en Nouvelle-Calédonie
Écrit par Liz Fredon
Publié le 23 septembre 2024, mis à jour le 25 septembre 2024

 

Il y a 172 ans, la France s’empare de la Nouvelle-Calédonie, un archipel situé dans le sud de l’Océan Pacifique, formant à présent la collectivité sui generis au sein de la République française. Ces îles d’Océanie ont un statut dit d’autodétermination, ce qui permet au peuple Néo-Calédonien de disposer du libre choix de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère.

 

Au Mont-d’Or-Sud, "Il est compliqué de se déplacer"

Le 25 septembre 2024, une habitante de Mont-d’Or-Sud témoigne de la vie sous tension dans cette zone enclavée de Nouvelle-Calédonie. « Il est compliqué de se déplacer », raconte-t-elle. L’unique route vers Nouméa est bloquée par les forces de l’ordre, et les habitants doivent se rendre en ville par bateau. Cependant, le transport maritime reste dépendant des horaires et de la houle, compliquant encore les déplacements.

Professeure dans un collège de Nouméa, elle décrit une atmosphère de plus en plus tendue parmi ses élèves, tous issus de quartiers défavorisés et pour la plupart Kanak indépendantistes. "Les tensions montaient avant le 24 septembre, mais heureusement, la journée de la citoyenneté s'est déroulée sans incident majeur, grâce à la forte présence des forces de l’ordre," précise-t-elle.

Pourtant, la fatigue et l'angoisse pèsent sur la vie quotidienne, alors que les troubles se poursuivent dans certaines zones comme Saint-Louis. La semaine passée, cette habitante n’a pas pu retrouver ses enfants, obligée de rester à Nouméa pour travailler. « Nous sommes toujours bloqués. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. Mais nous nous adaptons comme nous pouvons », conclut-elle, bien consciente que le rétablissement d'une paix durable dans l'archipel est encore loin.


 

 Les indépendantistes contre les non-indépendantistes

Des tensions politiques et sociales existent depuis, entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Lors du référendum de 2021, une grande majorité de votants s’est opposée à l’indépendance, mais le taux de participation a été relativement faible, atteignant environ 43,6 %. Ce faible engouement est en partie attribué à un boycott par des leaders indépendantistes Kanak — peuple autochtone —, qui ont appelé à ne pas voter en raison du contexte, jugé injuste pour le scrutin. C'était le troisième et dernier scrutin prévu par l'Accord de Nouméa de 1998, qui visait à régler la question de l'autodétermination de l'archipel.

Des discussions sur la décolonisation et l'autonomie continuent d'alimenter le débat public, soulignant les enjeux identitaires et sociaux qui demeurent au cœur des préoccupations. La situation économique révèle aussi de nombreuses inégalités, renforçant le mécontentement de la population locale.


 

Des tensions ravivées

En 2024, des manifestations indépendantistes ont été déclenchées par la réforme du corps électoral le 13 mai — réforme suspendue entre temps par le gouvernement. Depuis, 13 personnes dont deux gendarmes ont perdu la vie. 

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2024, deux jeunes hommes sont morts lors d’une opération du GIGN au sud de Nouméa, dans un haut lieu de l’indépendantisme. Les deux victimes appartenaient à la tribu kanak de Saint-Louis, et étaient recherchées pour tirs sur les forces de l’ordre. Ce drame a rallumé le feu de la colère persistant chez une partie des habitants, se sentant abandonnés par l’hexagone.

 

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Les mesures de sécurité mises en place

À la suite de cet événement dramatique, les animations consacrées au 24 septembre sont annulées. C’est également 700 gendarmes qui sont prévus par les autorités, ainsi que l’interdiction de rassemblements dans le Grand Nouméa. Selon Théophile de Lassus, directeur de cabinet du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, un “dispositif considérable” de sécurité est prévu. Le couvre-feu, en vigueur depuis quatre mois, est prolongé et renforcé pour ce week-end de pont. En raison du jour férié du 24 septembre, les habitants de la Nouvelle-Calédonie ne pourront pas sortir entre 18 heures et 6 heures du matin, du samedi 21 au soir jusqu’au mardi 24 au matin.


 

L’urgence politique

L’institution du Sénat Coutumier — gardienne et défenseur de l'identité Kanak —  juge cette insurrection comme étant une conséquence du "développement inégalitaire durant 30 années sur le plan économique, identitaire et sociétal". Elle demande au président Emmanuel Macron "d’ouvrir le dialogue avec le peuple kanak pour trouver une solution politique à la sortie de crise et poser clairement un cadre de discussion sur l’avenir de Kanaky-NC". 

Les discussions autour de l’autonomie et de la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie sont attendues pour apaiser les tensions dans l’Archipel. Le nouveau gouvernement va devoir se saisir de ces sujets pour améliorer les conditions de tous les Néo-Calédoniens.

 

 

 

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