Agiles, concentrés et presque invisibles, les ramasseurs de balles incarnent une partie essentielle de l’US Open. Dès l’âge de 14 ans, ils sont recrutés et formés pour enchaîner des gestes millimétrés, sous la pression des grands courts new-yorkais. Sans eux, aucun match ne pourrait se dérouler avec la même intensité.


« Les gestes paraissent simples, mais ils sont extrêmement codifiés. »
Une selection rigoureuse
Chaque année, près de 300 ramasseurs sont recrutés pour le tournoi. Mais devenir l’un d’entre eux est un privilège rare. Sur plus d’un millier de candidats, seuls un tiers réussissent à franchir les étapes de sélection. Les tests sont minutieux, la vitesse de course chronométrée, les réflexes mesurés au dixième de seconde, la précision du lancer de balle jusqu’à plusieurs mètres, et même la capacité à se déplacer discrètement sans perturber le jeu. « Les gestes paraissent simples, mais ils sont extrêmement codifiés », explique Jack, un superviseur. « Si vous lancez une balle trop haut ou trop bas, si vous arrivez une seconde trop tard, vous cassez le rythme du match. Et à ce niveau, c’est inacceptable ». Après les sélections, les heureux élus suivent plusieurs semaines d’entraînement intensif. Ils répètent les mêmes postures et mouvements des dizaines de fois par jour, comme par exemple, comment s’agenouiller correctement ? Comment tendre la balle à une seule main ? Eviter tout geste parasite. Rien n’est laissé au hasard. Au delà du plaisir sur le court, c’est aussi un moyen de gagner un peu d’argent avec une compensation allant de 14$ à 16$ de heure.
« Quand tu entends le bruit du stade plein, ça donne des frissons. »
La pression du court
Sur le court Arthur Ashe, la tension est permanente. Ramasser une balle aux pieds de Jannik Siner ou la lancer à Novak Djokovic ne laisse aucune place à l’hésitation. Chaque seconde compte, chaque geste doit être exécuté sans faute. Michael, 16 ans, ramasseur pour la deuxième année consécutive, raconte : « On n’a pas le droit à l’erreur. Il faut rester concentré du premier au dernier point. La première fois que je suis entré sur un grand court, j’avais Nadal devant moi. Je tremblais, j’avais peur de mal lancer. Mais en même temps, c’était une adrénaline incroyable. Quand tu entends le bruit du stade plein, ça donne des frissons ».
Invisibles, mais essentiels
À la télévision, le spectateur ne voit que les coups gagnants et les réactions des champions. Pourtant, dans l’ombre, ces jeunes orchestrent le rythme du match. « On nous répète toujours, si le public te remarque, c’est que tu as fait une erreur », sourit Michael. Indispensables mais invisibles, les ramasseurs de balles de l’US Open rappellent que derrière chaque échange se cache tout un ballet silencieux, le fruit d’une sélection redoutable et d’une préparation extrême, sans lesquelles le spectacle du tennis ne pourrait avoir la même intensité.
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