

L’Étau de Munich a fait son apparition il y a quelques jours sur Netflix. Adapté d’un roman, le film a pour toile de fond les accords de Munich signés entre la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie en 1938.
Munich est le théâtre d’âpres négociations dans le nouveau film de Netflix, L’Étau de Munich. Les dirigeants du gouvernement britannique et français sont accueillis avec espoir par la population allemande qui craint le spectre de la guerre. Une situation qui n’est pas sans écho avec les tensions actuelles à la frontière russo-ukrainienne, juge Guillaume Erner, journaliste chez France Culture. Comment se sont déroulés les accords de Munich et ont-ils permis à ramener la paix en Europe ?

Netflix adapte Munich, le roman historique de Robert Harris
L’étau de Munich, arrivé sur la plateforme de streaming en janvier 2022, est directement adapté d’un roman de Robert Harris, Munich. Celui-ci nous plonge en septembre 1938, lorsque l’Europe a les yeux fixés sur Hitler et ses velléités de conquête envers la Tchécoslovaquie. Le Premier ministre britannique Chamberlain se rend à Munich pour rencontrer le chancelier allemand. Le destin de deux amis d’enfance, Hugh Legat et Paul Hartmann se croise alors de nouveau. Le premier est secrétaire privé de Chamberlain, tandis que le second est diplomate allemand et fomente en secret un attentat contre Hitler. Jusqu’où seront-ils prêts à aller pour préserver la paix ? Si les deux personnages principaux sont fictifs et leur histoire aussi, L’Étau de Munich s’appuie largement sur les faits historiques qui se sont déroulés en 1938 à Munich. Il est nommé pour le BAFTA du "Meilleur film britannique".
Les négociations historiques des accords de Munich
En mars 1938, l’Allemagne envahit l’Autriche. Après cette première annexion, Adolf Hitler tourne son regard à l’est de l’Allemagne, où se trouvent les Sudètes. Le chancelier allemand revendique cette région de Tchécoslovaquie, habitée par une majorité de germanophones. L’Europe craint la guerre, et la France encore plus, car elle a signé une alliance avec la Tchécoslovaquie en 1924. Le 23 septembre 1938, Hitler annonce l’annexion des Sudètes pour le 1er octobre. Alors que la France et ses alliés se préparent à la guerre, Benito Mussolini pousse Hitler à organiser une conférence de dernière chance avec les puissances européennes pour éviter la guerre. Une Conférence des Quatre réunit la Grande-Bretagne, l’Italie, la France et l’Allemagne, les 29 et 30 septembre 1938, à Munich. Édouard Daladier et Neville Chamberlain souhaitent à tout prix éviter la guerre, tout comme Benito Mussolini, qui cherche à décourager les désirs de conquête de Hitler, par peur d’un conflit européen.

« Nous allons devoir choisir pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur »
Les accords de Munich sont signés le 30 septembre 1938. Ils contraignent le gouvernement de Tchécoslovaquie à faire évacuer les Sudètes avant le 1er octobre et à démanteler ses forteresses de la frontière. Les accords sacrifient la Tchécoslovaquie pour la paix en Europe et laissent un goût mitigé en bouche à Chamberlain et Daladier. Déjà Winston Churchill prédisait dans une lettre avant la conférence : « J’ai l’impression que nous allons devoir choisir pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j’ai assez peu de doute sur l’issue de ce choix. » Les deux dirigeants français et britannique s’attendent à des huées à leur retour en Angleterre et France, face à cette trahison envers le gouvernement de Prague. Il n’en est rien cependant, et les populations les acclament même à leur descente de l’avion, considérant qu’ils ont évité un grave conflit.
Un an après les accords de Munich, la seconde guerre mondiale éclate
Si les puissances alliées saluent les accords de paix obtenus le 30 septembre 1938, ceux-ci ne permettent pas pour autant d’éviter la guerre, un an plus tard. Le 9 septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. Deux jours plus tard, la France et l’Angleterre, lui déclarent la guerre. Un conflit de près de six ans s’ensuit et cause la mort de près de 18.000.000 de civils et de soldats en Europe. Comme l’affirme Hugh Legat à la fin de L’Étau de Munich, les accords ne sont qu’un sursis avant la guerre.
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