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AUGSBOURG - Un Fugger, deux Fugger... La ville des Fugger

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 1 juillet 2013, mis à jour le 2 juillet 2013

 

Lorsque je dis vivre à Augsbourg, s'en suit l'exclamation : "Ah oui, la Fuggerstadt !" (ville des Fugger).

Il y aurait donc une famille si puissante à Augsbourg qu'elle aurait développé dans l'inconscient collectif un droit de propriété imaginaire "consenti" sur cette ville ? Il est vrai qu'à se promener dans les rues, on ne peut passer à côté du patronyme : la Fuggerei (plus ancienne cité sociale du monde que l'on doit à Jakob Fugger), La chapelle des Fugger dans l'église Sainte Anne, le monument Fugger, la maison des Fugger (sur la Maximilianstrasse)... Dans un autre registre, toujours au 36 de la même rue, on peut citer la très classe "Fuggerkeller" : un gigantesque cave à arcades où l'on peut danser et/ou boire des cocktails d'une puissance phénoménale. Il y a aussi, sur le trottoir opposé, le bistrot "Jakobus ", là, vins, musique "à cordes" et bières diverses se côtoient pour le plus grand plaisir de tout épicurien initié alors que Jakob, encore lui, nous fait l'honneur de sa présence "picturale" sur le mur face au bar.

Alors, mais qui sont ces V.I.P ? Qu'ont-ils fait ces Fugger ?
Fils de Tisserand, c'est d'abord Hans Fugger qui s'installe à Augsbourg en 1367 alors qu'il développe un important commerce de toile avec les pays du Levant. Il aura deux fils Andreas et Jakob dit "l'ancien" père d'Ulrich dit "le jeune" et de Jakob dit "le riche" (1459-1525). Grande famille souabe de marchands et banquiers du temps du Saint-Empire germanique, les Fugger dominèrent la finance européenne de la fin du Moyen-âge à la Renaissance et Augsbourg deviendra, par ricochet, une véritable capitale financière et culturelle. Les Fugger sont à l'origine de la pratique moderne de la banque et de la finance alors que Jakob dit "Le riche" a été initié à Venise à la comptabilité en partie double (débit-crédit) pendant qu'il y développait l'entreprise familiale. A sa mort, il représentait la plus grande des fortunes privées de l'époque. La famille fut anoblie par l'empereur Maximilien 1er en 1530, en récompense des services rendus. C'est Anton (1493-1560), neveu de Jakob dit "le riche", qui prendra la tête de l'empire commercial et financier qui s'étendait dans toute l'Europe, de la Baltique à la Méditerranée en passant par Anvers et Lisbonne alors que plusieurs mines avaient été acquises en Europe centrale. En 1913, le chef de la branche Babenhausen reçoit même le titre bavarois de prince "Fugger de Glött".

Grâce à cette fortune et à leurs liens étroits avec l'empire et les pouvoirs pontificaux, les Fugger ont eu une influence majeure dans l'histoire et la politique en Europe dont Augsbourg a largement pu bénéficier. La famille Fugger est d'ailleurs citée par Honoré de Balzac comme référence dans son ouvrage La Maison Nucingen (1837) : "Comme le Temps, la Banque dévore ses enfants. Pour subsister, le banquier doit devenir noble, fonder une dynastie comme les prêteurs de Charles-Quint, les Fugger, créés princes de Babenhausen, et qui existent encore dans l'Almanach de Gotha".
Emmanuelle Del Giovane (www.lepetitjournal.com/munich) Mardi 2 juillet 2013

Tour de Ville "sur les traces de Jakob Fugger", 15 lieux et tableaux informatifs à parcourir dans la vieille ville : www.augsburg-tourismus.de

lepetitjournal.com munich
Publié le 1 juillet 2013, mis à jour le 2 juillet 2013

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