DAVID CROL – La vie comme un art martial

Professeur d'arts martiaux et professionnel dans la protection rapprochée, David Crol, ancien parachutiste, a toujours fait preuve d'une certaine discipline dans sa vie professionnelle et personnelle. Ses principes, il a réussi à les appliquer au service des autres mais aussi de lui-même.     

Le professeur d'arts martiaux a créé son propre dojo en 2009. (photo Romain Thieriot) 

David Crol est arrivé au Mexique à la fin des années 1990 et a appris l'espagnol "sur le tas" en quelques mois. Pendant 10 ans, il a construit une carrière dans la sécurité en tant que cadre puis chef d'entreprise. Mais à l'aube de la quarantaine, l'ancien parachutiste s'est fixé de nouveaux défis  professionnels mais aussi sportifs et familiaux.     

Du corps des "paras" à garde du corps au Mexique

Après une expérience dans l'armée en tant que parachutiste, le jeune militaire souhaite réintégrerla vie civile pour reprendre sa carrière d'athlète là où il l'avait laissée.  "J'étais champion régional de karaté et mon objectif était de l'enseigner à la sortie de l'armée." La pratique de cet art martial lui permet aussi de rencontrer une jeune mexicaine karatéka, qui deviendra plus tard la mère de son fils. Professionnellement, le jeune homme se spécialise aussi en protection rapprochée. Il suit une formation intensive avec comme mentor, Henri Petry, l'ancien garde du corps de François Mitterrand, et l'un des fondateurs du GIGN et GSPR dans les années 80.  

L'art de la protection, en livre De toutes ses années passées dans la protection rapprochée, le professionnel de la sécurité a voulu partager son savoir-faire et son analyse en écrivant un livre El arte de la protección. "Cet ouvrage représente deux ans de travail et était au départ un véritable défi personnel et intellectuel". Publié depuis peu aux Etats-Unis, le livre est en passe de trouver un éditeur au Mexique.  http://davidcrol.blogspot.mx/2014/01/recommandations-de-securite-blogger.html

Fort de ce curriculum, l'ancien parachutiste décide de s'installer en famille au Mexique. "Quand je suis arrivé, je ne parlais pas espagnol. J'ai été d'emblée confronté à un nouvel environnement qu'il fallait apprivoiser et j'ai dû vendre mes talents à travers mon CV."

Travailleur acharné

Quelques mois après son arrivée, le jeune Français accepte une proposition d'une société privée d'investigation qui l'engage pour travailler directement comme cadre. "Pendant trois ans, j'ai occupé différents postes, coordinateur des opérations, formateur, gestion de crise, conseil, protection rapprochée, j'ai tout fait !" Le jeune cadre travaille beaucoup, part tôt le matin, revient tard le soir, du lundi au samedi. Son travail le passionne et l'absorbe trop. Il concède aujourd'hui : "Mon fils était bébé et je ne le voyais que le dimanche."

Fort de sa première expérience professionnelle, et après quelques désaccords "éthiques" avec ses dirigeants, David Crol décide de voler de ses propres ailes. "J'ai toujours gardé cette honnêteté que l'on m'a enseigné avec Henri Petry. Il y a des règles et des principes sur lesquels on ne peut transiger. On ne peut mettre en péril la vie d'une personnalité pour des raisons financières."  

David Crol s'associe alors avec deux Français pour créer une nouvelle entreprise de sureté GCS Conseils (aujourd'hui Movisafe). En 10 ans, le jeune entrepreneur parvient à faire venir au Mexique les sociétés françaises de gestion de risques Geos international et Maori. Il crée aussi sa propre société CPC Conseil (Crol Productive Consulting) spécialisée dans la protection des personnes, les enquêtes et la formation.

 Changement de cap à la quarantaine

Mais en 2009, après 10 années dédiées presque entièrement à sa vie professionnelle, l'homme veut changer de cap pour se consacrer à une vie de famille qu'il juge avoir trop longtemps négligée. Il revend alors sa société au groupe Maori et se fixe un nouveau challenge : reprendre un club d'arts martiaux et refonder une famille.

"Pendant toutes ces années, j'étais workaholic car je suis un perfectionniste et j'adorais mon métier. Je travaillais 16 heures par jour, mais je vivais seul et je n'ai pas vu mon fils grandir." A l'approche des 40 ans, le jeune père ressent le besoin de rattraper ce temps perdu.

Une vie de combats qui valent bien quelques trophées. (Photo Romain Thieriot)

Dans sa nouvelle vie, l'homme se recentre sur sa première passion, les arts martiaux et multiplie les entrainements. Il décide aussi de reprendre le chemin des compétitions pour combattre en MMA. Pari risqué à son âge, lorsque les athlètes de ce sport rangent les gants. "J'ai assuré le spectacle à trois reprises mais sans gagner mes combats. Mais ce qui compte, c'est le choc d'adrénaline !"

Mais son plus gros défi est celui de renouer le lien avec son fils qui vivait en France avec sa mère. Après plusieurs voyages, David réussi à convaincre le jeune adolescent de faire ses valises pour revivre à Mexico.

Aujourd'hui, la plus grande fierté de David Crol est d'entrainer tous les jours "son jeune champion" à la pratique des arts martiaux, car, comme son père, l'adolescent est devenu accroc aux combats. "Sur le tapis, je suis son sparring partner, c'est-à-dire que désormais c'est moi qui encaisse les coups pour qu'il s'améliore." Une méthode qui semble fonctionner puisque l'adolescent est devenu champion de sa catégorie au Mexique.    

karaté goshin, judo, ju-jitsu brésilien, grappling et boxe au Dojo Ronin Aménagé sur la terrasse de son appartement à Polanco, le Dojo Ronin s'étend sur un espace modulable d'environ 30 m2. ?Il est idéal pour les cours particuliers, précise David. En groupe, il peut contenir 4 à 8 combattants suivant les disciplines. En judo, on a besoin de plus d'espace pour combattre, donc on réduit le nombre à 4 ou 6 judokas." Professeur de karaté 2e dan, brevet d'Etat d'éducateur sportif à l'appui, David Crol a souhaité reprendre en main son dojo en adaptant les horaires aux disponibilités des participants. Il propose ainsi des cours tous les soirs de la semaine de 19h15 à 21h. "Mes fondamentaux viennent du karaté, mais je me suis inspiré d'autres sports de combat pour apporter une complémentarité des arts martiaux." Parmi les activités proposées : karaté goshin, judo, ju-jitsu brésilien, grappling (lutte au sol type gréco-romaine) et boxe. "Au fur et à mesure, je suis arrivé à un style mixte élaboré pour le combat et la défense personnelle. Un concept que j'ai adapté et que j'enseigne tous les mercredis." Informations et inscription: davidcrol.22@gmail.com Quelques souvenirs de combats affichés dans le vestiaire (Photo David Crol)

Jean-Marie Legaud (lepetitjournal.com/mexico) Lundi 31 août 2015 (Republication)