

Depuis plus de 30 ans, il nourrit sa passion pour la chanson mexicaine et est le seul Français reconnu par le cercle des charros. Lepetitjournal.com a rencontré François "Pancho" Gouygou, de passage au Mexique pour le 13ème Encuentro Internacional del Mariachi de Guadalajara
(Photo personnelle de François Gouygou)
Lepetitjournal.com: On vous connaît, dans le milieu de la chanson traditionnelle mexicaine, comme le "Charro francés". De quoi s'agit-il exactement ?
François Gouygou: Je vais commencer par vous expliquer ce qu'est un mariachi, parce que les gens le confondent souvent avec le charro. D'abord, première idée reçue: le mariachi n'est pas une personne mais un groupe. C'est l'ensemble de chanteurs qui, individuellement, sont des mariacheros. Ils sont seulement chanteurs alors que le charro est avant tout un cavalier, un homme qui vit au contact des chevaux. Il est souvent accompagnéd'un mariachi ? le mien s'appelle Los Toritos ? et connaît les danses et chants traditionnels en raison de la promesse du cercle des charros de défendre les traditions mexicaines. On peut les distinguer à de nombreux détails, par exemple les mariacheros portent des bottines noires mais pas les charros, ou encore la poignée de main spécifique que les charros utilisent pour se saluer entre eux. Autre différence, et elle est de taille, les mariachis gagnent leur vie grâce àleurs prestations alors que les charros n'ont pas le droit de se faire payer pour chanter.
LPJ: Cette semaine, à Guadalajara, vous allez vous produire aux côtés des charros et mariachis les plus reconnus du Mexique. Comment êtes-vous arrivé à ce niveau ?
FG: Mon premier contact avec la chanson typique mexicaine a eu lieu en 1956. J'avais 14 ans et j'ai écouté un disque de Miguel Aceves Mejia, un très grand chanteur et musicien. Ça a été un vrai coup de foudre et je me suis dit "Je vais être un chanteur mexicain". Je n'ai jamais lâché l'idée et je me suis mis à apprendre les chansons du répertoire. Du coup, avant même de mettre un pied au Mexique, j'étais déjà considéré comme un bon chanteur par des Mexicains de passage en France qui avaient eu l'occasion de m'écouter. Je suis venu au Mexique pour la première fois en 1974 et, àpartir de là, tout s'est très vite enchaîné, avec de belles rencontres et de multiples prestations. Et depuis 1985, je suis membre de la fédération mexicaine de charrería, dans laquelle on rentre par cooptation. Mes deux parains sont Isaac Gutierrez et Pancho Miranda.
LPJ: Malgrécette implication, vous continuez de vivre en France. N'avez-vous jamais eu envie de venir habiter au Mexique ?
FG: C'est vrai que j'y ai déjàpensé, car beaucoup de choses me lient àce pays. Mais en 30 ans, je suis tout de même venu une bonne quarantaine de fois, donc je ne suis vraiment pas loin d'habiter ici ! En fait, c'est un tel plaisir à chaque fois d'arriver dans ce pays que je ne veux pas m'en priver: je préfère redécouvrir le Mexique à chaque voyage. L'autre raison, c'est que je ne suis pas suis pas seulement charro, je suis également directeur de Reptiland, un zoo consacré aux reptiles, qui se trouve dans le Lot. Je fais aussi des recherches sur Gonzalo Guerrero, un Espagnol du XVIe siècle qui est devenu prince en épousant une Maya et a même fini par se battre contre Cortes; je ne serai pas le premier mais je ferai sans doute un livre de son histoire. En résumé, ce que j'aime surtout, c'est varier les activités et cette idée de vivre plusieurs vies en une !
Propos recueillis par Camille VAYSSETTES. (www.lepetitjournal.com ? Mexico) 5 septembre 2006
Plus d'informations sur le 13ème Encuentro Internacional del Mariachi y de la Charrería de Guadalajara ? jusqu'au 10 septembre : http://www.mariachi-jalisco.com.mx/
Les "charros"sont de Salamanque avant Guadalajara !
"Los charros"est le surnom donnédepuis des siècles aux habitants de Salamanque, en Espagne, comme les habitants du D.F. se surnomment les "chilangos". Le hasard a fait qu'au moment de la conquête du Mexique, presque tous les palefreniers qu'avait amenés Cortes venaient de Salamanque. Lorsqu'on cherchait le palefrenier, on criait donc "¡ Charro !". Le terme est ainsi restéau Mexique pour désigner les hommes qui vivent dans le monde du cheval. (www.lepetitjournal.com ? 5 septembre 2006)







