

Depuis une trentaine d'années, les canaux de Xochimilco sont menacés par l'immense métropole de Mexico qui se rapproche dangereusement de cette zone pourtant protégée. Encourager un retour des cultures traditionnelles pourrait être le moyen de sauvegarder ce patrimoine écologique et humain. Aujourd'hui à peine 3% des chinampas sont cultivées. (Photo Romain Thieriot)
Inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1987 par l'Unesco, Xochimilco possède des centaines de kilomètres de canaux aujourd'hui plus connus pour des activités touristiques qu'agricoles. Les fertiles chinampas, jardins flottants, ont permis pendant près de mil an de nourrir les nombreux habitants de la cité aztèque puis de Mexico avant que l'agriculture intensive et moderne de la fin du siècle dernier ne change la donne.
Il reste environ 800 chinamperos sur les quelques milliers que ces terres fertiles comptaient il y a un demi-siècle. La plupart vendent aujourd'hui leurs produits par le biais d'intermédiaires à la Central de Abastos, le ?ventre? de la ville de Mexico. Mais leurs produits frais et biologiques sont souvent cédés à des prix dérisoires selon les fluctuations du marché et leur mode de production traditionnel ne garantit pas un apport régulier.
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Un plan de sauvegarde Le 19 octobre 2013, Nicolas Hulot a assisté avec Miguel Angel Mancera, Maire de Mexico et Mme Elisabeth Beton-Delegue, Ambassadeur de France, à la signature d'une convention de protection, d'aménagement et de mise en valeur de cette vaste région naturelle et agricole. Cette convention mise en oeuvre par l'AFD/FFEM s'inscrit dans un plan plus vaste de sauvetage de la zone lacustre de Xochimilco. |
Privilégier la vente directe
Pratiquer la vente directe permet à ces petits producteurs d'éviter les intermédiaires mais surtout de vendre leurs produits plus cher. La plupart du temps, ce sont les femmes des chinamperos qui écoulent chaque matin leurs légumes frais sur le marché de Xochimilco. Depuis quelques années, certains producteurs plus audacieux s'installent le week-end dans les petits marchés de la capitale.
?Nous souhaitons établir un lien direct du producteur au consommateur ? explique Ricardo Rodriguez, directeur de l'entreprise De la Chinampa. Le jeune entrepreneur a réussi à créer un réseau de ?consomm-acteurs? en tapant aux portes des restaurants gourmets de la capitale, des boutiques bio mais aussi des particuliers intéressés par des produits frais de qualité. Il offre ainsi aux chinamperos travaillant avec lui de nouveaux débouchés et la garantie de prix fixes.
La menace de la ville
La pression urbaine est chaque jour plus forte sur cette aire naturelle avec ses risques de contamination et de pollution. Pourtant, la métropole ne pourrait se passer des canaux de Xochimilco qui représentent 40 % des réserves d'eau de la ville de Mexico.
Par ailleurs, la jeune génération de chinamperos est de moins en moins attirée par ce travail de la terre souvent difficile et trop peu rentable. ?Aujourd'hui beaucoup de canaux sont oubliés et secs, déplore le chinampero Alejandro Jimenez. Pour préserver les canaux, il faut cultiver les terres, c'est pourquoi je pense que les chinamperos sont les premiers défenseurs de la zone. ?
Jean-Marie LEGAUD (lepetitjournal.com/mexico) lundi 11 novembre 2013 - Republication







