TRADITION
Père Noël contre Rois mages : les enfants sont gagnants !
Les niños mexicains attendent aujourd'hui la venue des Rois mages et de tous leurs cadeaux. Ce sera leur seconde ration après celle de Noël il y a à peine deux semaines. Etat des lieux de la rivalité entre le Père Noël et les Rois venus d´Orient
Melchior et Balthazar et Gaspard arrivent ce soir, les bras chargés de cadeaux pour des millions d'enfants. Ils apportent non pas de l'or, de l'encens et de la myrrhe (une résine odorante) comme au petit Jésus, mais les derniers jouets en magasins, dont les niños ont rêvé pendant des mois ou de l'argent pour les adolescents.
Cette distribution de cadeaux le jour de l'Epiphanie est une tradition bien sûr importée d'Espagne. Là bas, contrairement à la France où Noël règne presque sans partage, la venue des Rois mages est encore de nos jours le point d'orgue des festivités hivernales.
Ces bienfaiteurs du Jésus de la Crèche ont pu prospérer dans la très catholique Amérique latine et s'accompagnent, en plus de la remise des cadeaux, d'une tradition très forte : réunion de toute la famille et dégustation, notamment, de la célèbre rosca de reyes (voir l'article du Petit Journal de l'an dernier).
Les boutiques misent autant sur Santa que sur les Rois
Mais depuis une vingtaine d'années, le gros bonhomme en rouge et à barbe blanche vient chatouiller le monopole des Rois mages dans l'imaginaire des petits mexicains. Influence inévitable de leur grand voisin du Nord, le Mexique fête aujourd'hui le Père Noël avec une dévotion sans cesse accrue. Ce personnage, bijou de marketing signé Coca-cola pour sa campagne publicitaire de l'hiver 1931, est dénommé Santaclós au Mexique (dérivé de l'anglais Santa Claus).
Il s'est imposé comme incontournable et les magasins comptent aussi sur lui pour faire du chiffre. Au Woolworth de Insurgentes, on explique : « Quand les gens viennent, c'est assez difficile de savoir si c'est pour leurs cadeaux de Noël ou pour les Rois, parce qu'ils achètent en général tout d'un coup. Mais c'est sûr, en tout cas, que tous le monde offre à présent pour les deux fêtes, même si elles sont très rapprochées ».
Le moment magique, c'est avec les Rois
Le Père Noël et les Rois mages, c'est donc deux rations de cadeaux pour les enfants et deux fois plus de dépenses à gérer pour les parents. Adriana, maman de Diego, 7ans, et de Laura, 3 ans, résume la situation de la plupart des parents : « Je dépense sensiblement la même chose pour les cadeaux de Noël que pour les cadeaux des Rois. Mais je n'achète pas la même chose : le 25 au matin, ils reçoivent des vêtements et des livres éducatifs, des choses un peu utilitaires. Les cadeaux dont ils ont vraiment envie, tous les jouets, ce sont les Rois mages qui les leurs apportent ».
Jesús, papa de Hugo, 6 ans, conclut : « Noël est devenu un passage obligé, avec tout le matraquage qu'on nous fait. Mais pour mon fils, je veux que le moment magique reste la venue des Rois mages. C'est pour eux qu'il met des semaines à élaborer une lettre et pas pour Santa. C'était comme ça dans mon enfance et je trouve ça bien que la tradition reste ce qu'elle est ».
Camille Vayssettes. (LPJ) 7 janvier 2005