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SOCIETE : Policiers corrompus : une fatalité mexicaine?

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018

La société mexicaine découvre, avec une résignation désarmante et un fatalisme bien local, que des policiers de haut rang étaient de mèche avec les capos de la drogue et les leaders du crime organisé, qui ont réussi grâce à des ?'nominas'' sonnantes et trébuchantes à échapper au châtiment pendant toutes ces années

La Police Fédérale (source : Mario Gonzalez)

Pour les mexicains, cet état de fait explique dans une grande mesure la puissance de feu et le pouvoir économique des cartels de drogue, qui ont réussi, en un temps relativement court, à étendre leurs tentacules à travers les interstices du pouvoir et de la société mexicaine.

Un nouveau cas de corruption
Le dernier cas qui défraie la chronique cette semaine est celui de l'ancien chef-adjoint de la police fédérale préventive (PFP), Victor Gerardo Garay Cadena, qui a été mis en prison préventive pour ?'délinquance organisée, délits contre la santé (trafic de drogue), vol qualifié et abus de pouvoir''.
Cet ?'honorable commandant'' avait la double casquette de combattant des trafiquants de drogue et de leur protecteur, via un réseau bien articulé. Un de ses clients illustres n'est rien moins que le leader du cartel de Sinaloa, Ismael ?'El Mayo'' Zambada.

Sexe, argent et drogue
De même, Garay a été accusé d'avoir perpétré une ?'orgie'' le jour de l'arrestation d'un groupe de narcotrafiquants colombiens dans la fameuse résidence ?'del Desierto de los Leones''.
Conduisant lui même l'opération contre ce groupe, Garay aurait laissé sciemment échappé le chef du groupe pour s'offrir les services d'un groupe de prostituées qui se trouvaient sur les lieux au moment de l'irruption des fédéraux dans la luxueuse villa.
Il se serait également approprié une grosse somme d'argent trouvée sur place. Ses subordonnés qui auraient également bénéficié des largesses des narcotrafiquants sous l'?il bienveillant de leur patron, se trouvent eux aussi sous les verrous. 

Peu de policiers "fiables"
L'arrestation de ces hauts commandants de la police fédérale est le dernier épisode d'une grande opération ?'mains propres'' mexicaine qui a visé des magistrats du parquet anti-drogue.
Auparavant, ?'l'Opération assainissement'' avait atteint le chef de la lutte (?'Tsar'') anti-drogue jusqu'en juillet dernier, Noé Ramirez Mandujano, qui aurait apporté un précieux coup de main au groupe des frères Beltran Leyva.
Ce climat de suspicion qui entoure l'infiltration avérée du narcotrafic dans les différents corps de police et de la justice a été magistralement résumé par le chef de l'Etat mexicain lui même, Felipe Calderon, lorsqu'il avait affirmé, fin novembre dernier, que la moitié des agents de sécurité du pays ?'n'était pas recommandable''. Calderon s'est basé dans cette affirmation sur les résultats d'une enquête interne sur la probité des policiers mexicains, dont seulement 41 PC sont ?'fiables''.
La relation de cause à effet entre une police corrompue et le trafic de drogue est clairement établie dans cette enquête puisque dans les régions nord, où les trafiquants de drogue ont pignon sur rue, le taux de ?'non fiabilité'' touche environ 90 PC des policiers (Basse Californie par exemple).

Mario Gonzalez (www.lepetitjournal.com) mardi 16 décembre 2008/mexico

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 16 décembre 2008, mis à jour le 9 janvier 2018
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