

Les studios de cinéma Churubusco sont implantés dans le sud du Distrito Federal, dans la Colonia Country Club. Fer de lance de l'industrie cinématographique du pays à l'époque de l'âge d'or du septième art mexicain, les studios Churubusco ont, par la suite, connu un lent et inexorable déclin. Ils font, aujourd'hui, l'objet d'un vaste plan de rénovation technologique et architecturale
A toda Máquina, avec Pedro Infante, est un classique du cinéma mexicain. Il a été tourné dans les studios Churubusco
La naissance des studios en plein âge d'or du cinéma mexicain
En 1944, la major Nord-Américaine RKO est à la recherche de nouveaux territoires pour échapper à une production nationale entravée par la seconde guerre mondiale. Ses dirigeants jettent leur dévolu sur le Mexique qui vit, à cette époque, son âge d'or cinématographique et y créent les studios de cinéma Churubusco. Bien que n'étant pas les seuls studios du pays, ils font vite la différence en raison de la taille de leurs plateaux de tournage, de la modernité de leurs équipements, ou de l'expertise de leur personnel technique, formé par une équipe dirigeante nord-américaine envoyée sur place par la RKO. Les plus grands acteurs mexicains de l'époque comme Maria Felix, Pedro Infante ou David Silva se croisent alors sur les plateaux des studios Churubusco pour tourner les futurs classiques du cinéma mexicain (A toda Máquina, Dos tipos de cuidado, El analfabeto?). La réputation des studios attire aussi des réalisateurs européens et nord-américains. Parmi eux, l'espagnol Luis Buñuel qui y tournera Nazarín et el angel exterminador mais aussi les américains Orson Welles et John Huston.
Une production en berne dès la fin des années cinquante
La belle époque du cinéma mexicain prend brusquement fin au début des années soixante. Les studios de cinéma sont alors durement touchés par la crise qui secoue le secteur au point de devoir fermer leurs portes les uns après les autres. Bientôt, il ne reste plus que les studios Churubusco qui ne sont pas, pour autant, épargnés par le déclin dans la mesure où leur production passe d'une centaine de films par an dans les années cinquante à une petite dizaine les années suivantes. En cause, la nationalisation du secteur qui commence à produire des effets pervers. Le soutien à l'industrie cinématographique est, en effet, dépendant de la volonté des hommes politiques au pouvoir: si le président Echeverría accorde encore des aides conséquentes à l'industrie cinématographique au début des années soixante-dix, le président Salinas, élu en 1988, coupe les vannes des subventions, ce qui entraîne le quasi démantèlement du secteur.
Cette crise qui tend à s'installer durablement n'empêche pas le tournage de quelques productions nationales et internationales qui marquent les esprits comme Amores Perros (2000) ou el Crimen del Padre Amaro (2002).
La préoccupation du gouvernement actuel, prémices d'un renouveau?
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, les studios Churubusco font partie de CONACULTA, l'équivalent mexicain du ministère de la culture français. Consuelo Sáizar, la présidente de cette instance gouvernementale, a dévoilé, mardi 6 septembre 2011, le plan de son gouvernement pour redynamiser les studios Churubusco. Il inclut la construction d'un immeuble qui hébergera, sur plus de deux mille mètres carrés, un laboratoire digital. Ce dernier permettra un fonctionnement plus optimal des studios en aidant les producteurs à achever leur film, sans être obligés de se rendre dans un autre pays.
La présidente de CONACULTA a par ailleurs insisté sur le soutien apporté, ces dernières années, par le gouvernement Calderón, au septième art mexicain: sept cents millions de pesos lui ont été versés en 2010, ce qui permit de produire près de soixante films.
Olivier Charpentier (www.lepetitjournal.com/mexico) lundi 26 septembre 2011
Site internet: Estudios Churubusco Azteca
A lire:
TOP 10 ? Les indispensables du cinéma mexicain
REMISE DE PRIX - Les étoiles du cinéma mexicain ont reçu leurs Ariels
CHANSONS MEXICAINES ? Le Top 5 des musiques les plus représentatives du Mexique







